A la prison des Baumettes, Bernard Barresi se détend de la gestion des nombreuses affaires clandestines que lui prêtent policiers et rumeur populaire marseillaise. Retour sur une fin de cavale en "coup de cul".
Dure est la vie des Grands Bandits. Seize ans après sa condamnation à Colmar pour le braquage d’un fourgon, et une cavale de 18 années, Bernard Barresi peut enfin goûter au repos, à la fraîche, à la prison des Baumettes de Marseille. Un calme bien loin des balades en yachts, du farniente en Corse et de la gestion des nombreuses affaires clandestines (bar, machines à sous, boîte de nuit sociétés immobilières) que lui prêtent policiers et rumeur populaire marseillaise depuis le milieu des années 90. Sans compter les travaux à mener à la maison, et les impromptus. Au hasard des descentes de flics bien décidés à l’arrêter.
Un fatras d’activités éreintantes qu’a interrompu le juge Philippe Dorcet et une armada de policiers parisiens, venus en juin dernier tremper leurs hameçon à Juan-les-Pins. Dans leurs filets, outre l’ami Barresi, les limiers ramènent un banc de gros poissons.
Les frères Campanella, Michel et Gérald (alors également en cavale) sont ciblés pour "à peu près tout le code pénal", sourit un avocat marseillais. A savoir "mise à disposition de tiers, installation et exploitation de maisons de jeux de hasard en bande organisée, blanchiment, non justification de ressources". Alexandre Rodriguez, patron éponyme de l’entreprise de yacht de luxe ayant le malheur de fréquenter les frères depuis des années, est également pris dans la nasse.
L’escouade, pour une fois, n’a pas vu venir le coup. Et n’a pu déjouer l’opération, comme ils l’avaient fait un mois plus tôt, pour empêcher leur "poto" Bernard Barresi de se faire prendre par la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI) en Haute-Corse. C’était au cœur du joli mois de mai, entre le 11 et le 12.
"Un coup de cul comme si que… pour l’Euromillions c’est pareil", s’est même amusé Michel Campanella lors d’une conversation téléphonique avec Alexandre"Gros" Rodriguez. "Attends je vais te raconter l’histoire de con". Très attentifs, les poulets ne vont pas manquer de picorer les moindres miettes de ses déblatérations au sujet d’un énigmatique M. Jambon… qui sera plus tard identifié comme Bernard Barresi dont la douce compagne répond au patronyme de Serrano.
Le 11 mai, Michel Campanella voit son bel après-midi chamboulé par une information. La BRI a localisé Barresi, qui prend l’air sur l’île de Beauté, et s’apprêter à le coincer.
"Un petit jeune que j’ai [ndlr : l’indic’]", décrit-il sur les écoutes. "Il attendait pour entrer dans ce truc-là, je sais pas s’il y est déjà entré ou s’il est en pourparlers (…) Il a su qu’il y avait réunion pour aller au bal [ndlr : la descente de police] et donc il a fait passer le mot… il a appelé, il avait un téléphone… Il a appelé tout de suite". Gros coup de chaud. Campanella ne souhaite pas vraiment que le bal ait lieu, ni que son poto Bernard soit convié.
Mais Barresi se repose en Haute-Corse, à Calenzana. Une contrée où le fugitif le plus connu de Marseille a l’habitude de couper son portable. D’où un amusant conciliabule entre Campanella et ses ouailles pour trouver un moyen de l’avertir. Le tout par téléphone, entre un mobile et un bar du port de Marseille où les compères entre deux "putains" et quelques "merdes", phosphorent une solution pour prévenir l’ami Bernard. Contacter "Le beau-père, le beau-fils, la blonde" ? Impossible, "Y’a dégun" sur place. Appeler la compagne de Bernard ? "Oui mais qu’est-ce que tu veux que je lui dise au portable". Prudent, les loustics semblent tout de même s’inquiéter un peu tard d’éventuelles écoutes. "Tu crois qu’il a rien dessus (…) c’est toujours pareil parce que là ça va mettre le feu si on dit ça". Les grandes oreilles qui les captent notent quand même qu’"il n’est à aucun moment évoqué de jeter tout la flotte de téléphones"…
Et la réunion de se conclure par un "Allez je fonce".
Ô miracle, Monsieur Jambon va éviter l’interpellation. Au prix d’un beau coup de chaud qu’il retrace, toujours au téléphone, dans l’après-midi du 12 mai. Bernard a pu partir" à l’arrachée", en abandonnant son Renault Trafic aux alentours du port de Bastia pour prendre un bateau direction Marseille. Avec les flics. "Vous avez dû vous croiser", sourit même l’un de ses comparses…
Et le Grand Bandit en cavale de chercher désespérément un moyen de rapatrier son véhicule vers l’agence de location de Gardanne… Bernard contacte alors son ami "Casquette" qui lui dit de donner les clés du fourgon à un marin, pour Fabrice. Qui se chargera de remettre le véhicule sur un bateau pour Marseille, où la compagne de Barresi le réceptionnera. Toute une logistique ! Et un sacré "trou dans l’estomac" pour "la chaîne de solidarité", comme la qualifient les flics, qui s’est mis en branle pour l’aider.
Mais Bernard aura au moins gardé le sourire. Et l’âme de l’entrepreneur. Avec cette exfiltration, "il n’a pas pu finir les travaux de sa maison" blague-t-il auprès de tous ses interlocuteurs.
Maudits travaux, et maudite maison de Calenzana ! Pourtant la bicoque du légendaire parrain marseillais présente bien. 247 mètres carrés, à la lisière du parc national de Corse, et à un saut de voiture de Calvi. Un coin où paraît plus belle la vie et une cité qui respire l’histoire. Prédécesseurs de Bernard tout en haut du milieu marseillais, Antoine et Mémé Guérini y sont nés. Tout comme leurs homonymes politiques qui agitent les juges marseillais et les marchés publics du Vieux Port, Jean-Noel Guérini, patron des socialistes locaux et Alexandre, croquemitaine des ordures et de la vie politique marseillais. Bref, en villégiature à Calenzana, Bernard se rendait presque en pèlerinage. Et a malheureusement songé à améliorer son ordinaire.
Chantiers d’important travaux "de gros œuvre de confort et de décoration" depuis 2007, la bicoque de 247 mètres carrés avait fait se soulever le képi des gendarmes, tout étonnés de constater que sa propriétaire, l’ex-femme de Bernard Barresi, n’était pas "imposable à l’impôt sur le revenu".
L’enquête ouverte pour non justification de ressources et blanchiment va tant prospérer qu’elle aboutira à l’arrestation de Barresi et des Campanella en juin dernier. Devant l’ampleur des découvertes réalisées, les pandores avaient tôt fait de refiler le bébé aux magistrats marseillais de la Juridiction interrégionale spécialisée. Non sans l’avoir déjà bien langé…
Au hasard de leurs investigations, les gendarmes découvrent les prospères investissement du clan Barresi dans des sociétés d’immobilier, de sécurité, de restauration. Affleure, aux détours de participations croisées, une institution de la vie aixoise, l’une des plus grandes brasseries du Cours Mirabeau : "La Belle Époque". Révolue ?
A lire sur Bakchich.info :
Ca fait du bien bakchich. On y lit certes ce que l’on sait déjà, mais qui n’est jamais repris ailleurs. En revanche, quelle est cette astuce éditoriale ? il faut relire deux fois la phrase pour la comprendre. Vous travaillez en Croate et utilisez un traducteur automatique ou bien ? Ou bien la parano est elle poussée aussi loin qu’il faille lire une ligne sur deux, un mot sur trois ? Je n’ai pas les codes.
Comme disait le premier bassiste d’un steevie wonder adolescent : "what key ? What key ?"