Une commission, plein d’hommes politiques, des idées en pagaille. Tout le monde a son avis sur la taxe carbone. Mais personne n’a de solution.
C’est le dossier de la rentrée : Sarkozy s’excite sur la taxe carbone, sans que personne n’arrive à comprendre ce qu’il veut. Borloo, qui devrait être le porteur du projet, a disparu du dossier et ne veut plus en entendre parler. Rocard est déjà passé à autre chose, dans une frénésie d’occupation qui devient suspecte, certains se demandant après quoi au juste il court. Le seul responsable gouvernemental à s’impliquer maintenant dans l’affaire est Eric Woerth, le ministre du budget, ce qui nourrit la suspicion des défenseurs de la taxe. Ceux-ci sont convaincus qu’en fin de compte, Bercy va se contenter d’empocher la taxe. En fait, il va s’agir de créer un nouvel impôt, une sorte d’étage supplémentaire à la TIPP, redonnant à des finances publiques en déroute un peu d’oxygène.
Dans la version Rocard, le projet était de faire payer aux consommateurs 35€ par tonne de CO2 émise pour produire le bien qu’ils achètent. En pratique, cela reviendrait à majorer le prix du litre d’essence de 6 centimes, ce qui amputera d’autant le pouvoir d’achat des automobilistes. Quant au gaz, le rapport Rocard suggère d’en augmenter le prix de 15%. Il faut souffrir pour être vert…Mais cela n’est guère populaire et le front des anti est en train de se constituer. Il y a UFC Que choisir, qui cherche depuis quelque temps un sujet à même de se faire mousser, alors que son audience est en baisse. Il y a Allègre qui se plaît à se venger des inspirateurs écolo de la démarche et ne décolère pas en privé contre Nicolas Hulot. Il y a Ségolène Royal qui a trouvé un moyen de se remettre en selle. Bref, l’opposition à la taxe carbone est devenue un syndicat de has been.
Néanmoins, son soutien est en passe de devenir un syndicat d’inconsistants. Les écolos se dérobent. Après avoir applaudi le rapport Rocard, ils crient à la trahison : on veut créer une taxe alors qu’ils souhaitaient que l’on crée une contribution… !! Déjà, sous la Révolution, on nous avait fait le coup : finis les odieux impôts de l’Ancien Régime. Vivent les contributions apportées quasi-spontanément par le peuple au Trésor public dans le cadre de son adhésion enthousiaste au contrat social…Sauf que, en devenant contribuable, le cochon de payant s’est trouvé tout autant ponctionné qu’avant.
Dernière parade : on prend, mais on redonne. L’idée de créer des « chèques verts » est à l’étude. Une fois la taxe payée, chacun recevrait l’équivalent en retour sous forme de chèques permettant d’acheter des objets ayant été fabriqués avec peu d’émission de CO2. Cela séduisait Sarkozy, jusqu’au moment où Bercy a fait valoir qu’il y aurait « effet d’aubaine » : les chèques verts permettront aux consommateurs de faire des économies sur l’achat de certains biens et grâce à ces économies, ils vont se ruer sur ….les pompes à essence !!
Dans le rapport Rocard, il est quand même proposé de créer le système des chèques verts avec à la clé la création d’une agence chargée d’en assurer la gestion. On ne sait pas si cette agence sera chauffée à uniquement 15° en hiver pour limiter les émissions de CO2, mais ce qui est sûr, c’est que cette agence aurait besoin d’un directeur. Et il y a encore dans la majorité présidentielle tant de talents qui n’ont pas trouvé de débouché… !!
A lire ou relire sur Bakchich.info