La dette publique s’envole et la saga du "Grand emprunt" est là pour rappeler qu’aux yeux de Sarkozy, cela n’a aucune importance.
La politique économique de mi-mandat serait… au milieu du gué. C’est le discours officiel de nos dirigeants sur la situation conjoncturelle au moment où s’engage la discussion budgétaire. En pratique, plus personne ne sait que penser de ce que fait ou prétend faire Nicolas Sarkozy. Les économistes qui théorisent que la politique économique est moins efficace quand on peut en anticiper les contours sont à la fête : il est impossible d’anticiper ce que va décider le président…
Seule certitude du moment : la dette publique s’envole et la saga du « Grand emprunt » est là pour rappeler qu’aux yeux de Sarkozy, cela n’a aucune importance. Le FMI qui prévoit que la dette publique atteindra 100% du PIB en 2015 ne perturbe en rien la sérénité d’aucuns de nos hiérarques. Certes, l’enthousiasme « emprunteur » a un coup de mou.
Le montant du « Grand emprunt », annoncé officieusement par le conseiller spécial de l’Elysée, Henri Guaino, comme pouvant atteindre 100 milliards, ne sera pas supérieur à 40 d’après ce qui se murmure Bercy.
Michel Rocard, supposé présider à la définition de l’opération, refuse de se prononcer sur les modalités pratiques. Il ose même envisager de placer les titres non pas auprès du public mais auprès des marchés selon les procédures usuelles gérées par l’Agence France Trésor.
Quant au président de la Commission des finances, le socialiste Didier Migaud, il soutient désormais qu’il n’y aurait rien de scandaleux à tout arrêter après avoir admis que cette idée de « grand emprunt » n’était peut-être ce qu’il y a de plus génial. Évidemment, dans la majorité, on se gausse du soudain esprit parcimonieux d’une gauche au passé très dépensier ! Le monde à l’envers en somme !
Cette confusion se confirme lorsque l’on parle réduire le déficit. A ce sujet, les candidats au concours Lépine des propositions inapplicables pullulent. Chacun dans la majorité a une idée permettant d’accroître les recettes en bricolant le bouclier fiscal, en réorganisant la taxe carbone ou ce qu’il en reste, en aménageant la nouvelle contribution territoriale des entreprises qui remplace la taxe professionnelle. Là encore, on peut dégager une certitude : on va vers n’importe quoi sans que l’on sache si ce n’importe quoi va amplifier le déficit ou juste l’ébrécher.
Une fois le cauchemar de ce budget passé, Sarkozy a l’intention de revenir sur le problème des retraites. La sécurité sociale toutes branches confondues, va connaître cette année 30 milliards de déficit qu’il va bien falloir transférer à la Cades, la caisse chargée de l’amortissement de la dette sociale.
Les retraites constituent un sujet important, sur lequel symboliquement depuis la fin des grèves contre la réforme des régimes spéciaux, le gouvernement et l’Elysée auraient les moyens d’engranger des bénéfices politiques. Même si de plus en plus s’interrogent sur ce que fut la fin réelle de l’affaire des régimes spéciaux et si l’insistance des divers ministres en charge du dossier à répéter que tout est réglé intrigue.
A l’Elysée, Raymond Soubie, grand manitou du social et plus patelin que jamais, reçoit et disserte avec les syndicats sur le recul de l’âge du départ à la retraite et la façon la plus habile d’abandonner la référence à 60 ans. En attendant de s’attaquer aux 35 heures : il faut dire qu’en deux ans et demi de sarkozysme concret, on avait presque oublié l’essentiel qui reste, aux yeux de ses plus solides soutiens, de supprimer l’ISF et les 35 heures… Il ne faudrait quand même pas trop tarder….