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Le péril jeûne d’un délégué syndical

Port du havre / mardi 1er septembre 2009 par Lucie Delaporte
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Resté trois ans sans congés, un délégué syndical d’une boîte de remorquage du port du Havre décide de jeûner. Et dénonce le dumping social dû à l’ouverture à la concurrence des services maritimes.

Alain Bourgeois, capitaine et délégué syndical CFDT à la Société nouvelle de remorquage du Havre (SNRH) n’est pas du genre à se laisser faire. Quand il s’est vu, une fois de plus, refuser ses 12 jours de congés réglementaires, il a décidé de cesser de s’alimenter. En grève de la faim depuis le 13 août, il compte par son geste alerter sur la situation pour le moins étonnante dans son entreprise. « Cela fait trois ans que nous n’avons pas eu de congés », avance-t-il calmement. Avec un rythme de travail alternant une semaine de travail et une semaine de repos, l’entreprise considère que les salariés n’ont pas droit à des congés supplémentaires. « Sauf que la semaine où on travaille, on travaille 70 heures », précise Alain Bourgeois. L’inspection du travail est intervenue à de nombreuses reprises pour rappeler l’entreprise à l’ordre (voir les courriers de l’inspection ci-dessous). Sans effet.

Du harcèlement syndical…

De fait, la filiale de la société néerlandaise Kotug, qui compte sur le port du Havre une soixantaine de salariés, semble avoir quelque mal avec le droit du travail hexagonal. Et argue d’un flou juridique entre le code du travail maritime et le code général. Pourtant, à entendre Alain Bourgeois égrener les ennuis qui se sont étrangement accumulés autour de lui ces dernières années, difficile d’y voir autre chose qu’une forme d’harcèlement syndical. « Dès ma désignation comme délégué syndical, la SNRH a attaqué ma nomination au tribunal, raconte-t-il. J’ai subi trois mises à pied de deux mois sans salaire, deux demandes de licenciement pour faute grave, refusées par l’inspection du travail… Ils m’ont même proposé 50 000 euros pour que je parte. Les autres délégués syndicaux ont été usés. Ils sont partis ».

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© Nardo

Manque de bol, Alain Bourgeois n’a aucune intention de partir. Et pour un peu, c’est la direction de l’entreprise qui s’estime harcelée. Pascal Riteau, directeur d’exploitation dit bien sûr, déplorer cette grève de la faim : « Je ne travaille pas pour tuer les salariés », lance-t-il agacé. Reste que pour lui, Bourgeois est « un manipulateur qui abuse de sa protection syndicale. Comment dialoguer avec des organisations syndicales qui clament depuis des années qu’elles feront tout pour s’opposer à l’ouverture à la concurrence ? », s’interroge -t-il.

… sur fond de dumping social !

Difficile en effet d’isoler de son contexte le litige qui oppose depuis des années le délégué syndical CFDT à sa direction. La SNRH, société de droit français filiale de l’entreprise hollandaise Kotug est en effet la première à briser le monopole de la société Boluda, opérateur historique. « M. Bourgois n’a eu de cesse de défendre les intérêts de l’opérateur historique. Il mène un combat contre l’ouverture à la concurrence du remorquage ». Ce dont le délégué syndical CFDT ne fait pas grand mystère. Derrière la dénonciation de ses conditions de travail, il veut aussi dénoncer le dumping social que la SNRH fait, selon lui, « subir au secteur ». Et est en cela ardemment soutenu par les salariés de l’opérateur historique confrontés à une vague de licenciements.

« En voulant gagner sur tous les tableaux, ils risquent de perdre beaucoup », prévient le directeur d’exploitation. « D’ailleurs, son syndicat –la CFDT- se garde bien de nous attaquer en justice sur ce point. Ils savent qu’ils risquent, avec ce flou réglementaire, de gagner. Ce qui aurait pour conséquence immédiate d’entraîner une vague de dépavillonement ». Éternelle menace…

Le courrier daté de Juillet 2009 adressée par l’inspection du travail à la société SNRH - PDF - 431.6 ko
Le courrier daté de Juillet 2009 adressée par l’inspection du travail à la société SNRH
Le courrier de l’inspection du travail daté de Août 2009 préalable à un rappel à la SNRH  - PDF - 547 ko
Le courrier de l’inspection du travail daté de Août 2009 préalable à un rappel à la SNRH

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  • Le péril jeûne d’un délégué syndical
    le vendredi 28 mai 2010 à 01:13, cap canaille a dit :
    Le remorquage portuaire serait un service publique apprend on dans quelques prises de positions sur ce thème depuis la grève de la faim du camarade Alain, soit ! Mais les privés qui assurent cette fameuse sécurité parce qu’on leur impose de le faire, ne sont pas subventionnés pour cela. Ils l’assument financièrement seuls. Ils font donc impérativement qu’ils puissent vivrent de leur métier qui consiste à accompagner les grands navires de commerce dans leurs manoeuvres d’accostage et/ou d’appareillage au port. Au Havre aujourd’hui, à cause d’un manque de fiabilité du port, il y a maintenant plus de remorqueurs à quai que de navires de commerce en escale, mais les deux opérateurs privés doivent néanmoins, sous peine d’être suspendu par une décision administrative, continuer à assumer seuls le coût de cette mission de service publique sans pouvoir escompter le compenser par des revenus commerciaux (il n’y aura bientôt plus de navires decommerce à assister. Ils pourront avant de crever, se vanté d’avoir permi à ce port d’être un temps, le plus sûr au monde par le ratio remorqueur de sécurité/navires de commerce. Quand trop de social tue le social !!!!!
  • Le péril jeûne d’un délégué syndical
    le mardi 12 janvier 2010 à 10:38
    Alain Bourgeois est un spécialiste des revendications, à croire qu’il ne vit que pour les acquis….qui a déjà sévi dans d’autres Cie bien contentes de ne plus l’avoir dans leurs effectifs…le personnage est bien connu dans le milieu maritime et ce n’est pas étonnant que les syndicats le suivent…de loin.
  • Le péril jeûne d’un délégué syndical
    le mardi 1er septembre 2009 à 23:28
    Je suis un ancien de cette boîte. Jamais dans le monde maritime je n’ai vu çà. Avec ce gar, le seul qui ait osé l’ouvrir un peu, même si tous n’étaient pas d’accord initialement avec ces méthodes, nous avons obtenu des choses que jamais nous aurions pu obtenir par la négociation. Des choses auxquelles tous les marins en France ont le droit. Pour ma part je suis parti dans une autre boîte….mais avant de partir je suis allé le voir pour le remercier de tout ce qu’il fait pour la profession. C’est en défendant nos droits que des Français seront attirés par cette profession.Et dieu sait que les armateurs réclament des Français quite à les payer plus chers.
  • Le péril jeûne d’un délégué syndical
    le mardi 1er septembre 2009 à 21:45
    Depuis 3 ans, dans le port du Havre, la SNRH, filiale d’une compagnie de remorquage aux capitaux hollandais casse les prix pratiqués dans le remorquage grâce à un non respect du code du travail et ce malgré de multiples Procès verbaux de l’inspection du travail et des condamnations en justice à effet exécutoire non respectées. Ces faits sont connus au plus haut de l’ Etat. Cette situation a déjà entraîné dans la compagnie de remorquage opérant historiquement au Havre, Boluda (ex Abeilles), le licenciement déguisé en départ en pré-retraites payées par nos impôts de 37 marins. Et ce n’est pas fini !!! Un marin français de la SNRH est en grève de la faim depuis le 13 août pour obliger sa compagnie à respecter l’octroi de 12jours de congés annuels et le respect des décisions des effectifs sur ses navires pour se conformer à la législation du travail (ce qui augmenterait ses effectifs d’un tiers). Cette situation est intolérable car le directeur du Grand Port Maritime du Havre et le directeur des Affaires Maritimes, qui devraient faire respecter la loi en enlevant l’autorisation de travailler à cette compagnie, cautionnent et couvrent les agissements de ces patrons voyous pourtant largement dénoncés par notre Président de la République. La finalité évidente de cette attitude du gouvernement est de casser le modèle social des marins français , n’oublions pas que le dogme de cette présidence est la mise en concurrence de tous les services. Pourtant les coûts de remorquage dans un port tel que Le Havre ne représentent que 1,5% des frais d’escale d’un navire de commerce. Que faire pour que la loi soit simplement respectée ? En arriver à la mise en danger de la santé d’un homme ?et que les marins de Boluda se résolvent à des actions hors la loi pour que celle-ci soit respectée ?
  • Le péril jeûne d’un délégué syndical
    le mardi 1er septembre 2009 à 16:44, michel befort a dit :
    si j avais fait la greve de la faim chaque fois que des mesures injustes ont été prises contre mes navires je serais mort de faim depuis longtemps mais j ai voulu vivre et j ai été à bruxelles raconté mes histoires qui les ont bien intéréssé.Je prefere le combat du capitaine robert PRIGENT pour la sécurité des navires gérés par TOTAL.Mais celui la on n en parle pas et on lui a pris sa maison en represailles pour sa grande gueule
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