General Motors a officiellement racheté ce week-end l’usine de Strasbourg en sucrant les RTT de ses employés. Sur son site, le constructeur automobile n’a pas pris la peine de changer ses cyniques vidéos.
C’est officiel. La direction de General Motors (GM) a annoncé vendredi 6 août avoir racheté (à MLC, l’entité chargée de céder ses actifs) pour la coquette somme d’un euro son site de Strasbourg. Un bonheur n’arrivant jamais seul, la veille, GM a confirmé pour la première fois préparer son retour en Bourse (« la plus grosse entrée jamais effectuée sur les marchés américains », selon la direction), un an à peine après s’être fait renflouer de 38 milliards d’euros par les contribuables américains. C’est le PDG du groupe, Ed Whitacre qui a annoncé la « bonne » nouvelle en assurant que le constructeur automobile s’apprêtait à présenter la semaine prochaine ses comptes bénéficiaires du deuxième trimestre 2010. « Les résultats seront bons, ce sera impressionnant », s’en est-il léché les babines, lors de cette manifestation publique organisée au Michigan. Loin, très loin, de l’usine de Strasbourg…
Ces « impressionnants » résultats affichés dans la torpeur de l’été contrastent, il est vrai, avec les concessions sociales qu’ont dû se résoudre à accepter les 1150 employés de l’usine située dans le Bas-Rhin pour sauvegarder leur emploi (comme ceux des industries implantées aux USA) : gel d’augmentation de salaire pendant 2 ans, abandon des primes d’intéressement pendant 3 ans et de 6 jours de RTT. Après négociations, les salariés évitent (pour le moment) une clause placée discrètement le lendemain du référendum interne : le travail dominical banalisé. Ce chantage à l’emploi exercé par le constructeur avait au moins le mérite de la clarté : si vous n’acceptez pas le « deal » proposé, nous ne reprenons pas l’usine, surtout que la main d’œuvre est moins coûteuse au Mexique (où GM vient de déclarer vouloir investir près de 500 millions de dollars supplémentaires).
Mais les grands groupes mondiaux comme General Motors ont l’obligation schizophrénique de mêler le cynisme qui sied au marché et la communication axée sur le « charity business » pour rassurer clients et salariés. Le site officiel « corporate » de General Motors contient tout le burlesque de cette impossible adéquation.
Heureux, les employés de General Motors ! Dans les vidéos promotionnelles ci-dessus (montée par Bakchich à partir des vidéos de gm.com, catégorie "Responsabilité de l’entreprise") du géant de l’automobile, les salariés des quatre coins du monde se vantent d’avoir du temps libre pour vaquer à leurs occupations. Ces employés racontent comment GM met en valeur la diversité des travailleurs. « Le plus important est de respecter la diversité de chacun », miaule Bernie. « Célébrer nos différences dans l’égalité et la justice pour tous les employés », s’enflamme Roberta. « Mon but est de voir toutes les sections de General Motors travailler en harmonie », rêvasse le naïf Robert. « L’objectif est que, nous, à GM, prenons du plaisir dans un respect mutuel », récite la douce Karen. « I am GM », fredonnent ces joyeux gogos de concert.
« General Motors, la famille d’abord », ose même titrer le groupe dans le site dédié aux salariés qui se garde bien d’évoquer la perte de congés dans plusieurs pays du monde. On ne résiste pas à vous traduire quelques lignes de la section la plus pimentée du site intitulée "Un employeur de choix"…
« Aujourd’hui, les gens s’attendent à avoir une vie à l’extérieur du bureau. Cela signifie avoir plus de temps et d’énergie pour la famille en plus de son temps personnel. (…) Cela signifie aussi avoir de la flexibilité pour s’occuper d’un enfant malade. A GM, nous pensons que la réalisation d’un équilibre entre vie privée et travail rend les gens plus engagés et productifs et cela permet à GM d’avoir un avantage en terme de compétitivité. En réalité, ces arrangements alternatifs de travail peuvent faire de GM une société plus productive et innovante. »
On signe où ?!
les médias radio télé ont diffusé complaisamment les images de salariés de GM Strasbourg (40 à 50 en plan serré.. sur 1170) conspuant la CGT et exigeant
la démission des ses élus qui ont refusé de signer le chantage du "plan social à l’envers", proposé de fait par la direction de GM usa .(renfloué par les contribuables américains).
Ce plan soutenu par CFDT FO et cftc soumis à référendum par la direction (bigre…la démocratie GM ?), n’a pas reçu l’approbation de la CGT de l’usine qui appelait à voter NON.
70% des salariés se sont prononcés pour le OUI, 30% pour le NON.La CGT fidèle à ses engagements et au 30% des salariés s’étant exprimés pour refuser le chantage de la direction de GM (et du médéf) refuse de signer. Les signatures des autres orgas, rendaient "le plan patronal" exécutable.
Sauf que, GM USA exigeait la signature de "TOUS" les syndicats pour payer( !) l’€ symbolique et reprendre cette entreprise qu’elle avait entraîné en cessation de paiement !
Pourquoi cette exigence d’unanimité ?
Il suffit de prendre connaissance du plan de GM pour entrevoir ses objectifs …à termes !
Pour "préserver" l’emploi sans aucune garantie de durée. (Presque tout le monde est conscient que
cette durée est liée à une charge de travail de 24à 36 mois maxi). GM mettra en action un plan de
réduction de 10% de la masse salarial…(une paille !), en supprimant :
l’intéressement, sa participation à la mutuelle santé, la subvention au resto d’entreprise, de 6 à 10 jours de rtt (sur16) et le gel des salaires … !
Si aujourd’hui les salariés dans leur majorité pensent pouvoir "subir" ce plan, qu’en sera-t-il dans quelques mois, quand la perte "indirecte" de leur pouvoir d’achat, et les sombres perspectives pour l’emploi seront à nouveau…en perspective ?
Qui pourra décemment alors sans se déjuger (pour le moins), appeler à lutter contre le plan et les engagements qu’ils ont signé ? Bien sur,..La seule la CGT. le but rechercher par GM : lier toutes les orgas pour réduire au maxi les velléités de luttes pour l’avenir …et fermer le site en culpabilisant les salariés et le ….syndicalisme !
"Economiquement", ce plan de réduction de masse salariale à un objectif inavoué :
Les sommes ainsi économisées sur le dos des salariés, serviront à payer…leurs futurs licenciements !
Nous pourrions traduire ainsi : la signature de cet "accord" vaut acceptation d’un auto financement des salariés pour un plan"social" à venir…le licenciement payé à crédit par les victimes…
Merci messieurs !