Vidéos en ligne, bouquins à charge : les ex-flics se lâchent contre la sécurité à la sauce Sarkozy. Un malaise à succès, amplifié par internet.
Pagaille dans la police, à cause de trois vidéos diffusées sur le net, la semaine dernière. Taux de suicide élevé, pression sur les chiffres, conditions déplorables durant les gardes à vues, une cinquantaine de policiers aux visages cachés brisent le silence à l’écran.
La réaction des autorités policières a été immédiate. Dès le lendemain de la diffusion de ces films, une enquête interne a été lancée par la préfecture de Paris pour identifier les policiers-acteurs. Les syndicats, mis en cause, ont aussi vivement dénoncé le procédé. « C’est un viol du devoir de réserve, seuls les syndicats sont habilités à s’exprimer publiquement », fustige Mohamed Douhane, membre du bureau de Synergie officiers. « On ne peut pas laisser passer un tel dénigrement de l’institution, tout cela pour la promotion d’un type, qui n’est plus dans la police mais qui veut continuer d’exister sur ce registre », complète Patrice Ribeiro, aussi de Synergie.
Derrière ces vidéos se cache en effet Marc Louboutin, un ancien flic, reconverti aujourd’hui en journaliste et photographe. Et qui comme par hasard, publie, le 9 décembre, un livre « Flic c’est pas du cinoche » (Editions du Moment), réalisé à partir de témoignages de policiers recueilli sur sa page Facebook « Blog de police ».
Rappellons aussi l’excellent documentaire de Jean-Michel Décugis Sarko et les flics en 2009 qui brisait déjà le devoir de réserves de nombreux policiers en banlieues et dénonçait un malaise croissant. Bakchich en diffusait de larges extraits.
La parole estampillée « ancien flic » est en passe de devenir un créneau juteux pour les éditeurs. Il suffit de voir les 35 000 ventes d’« Omerta dans la police » (Cherche-Midi) de Sihem Souid, ex-fliquette à la Police aux frontières d’Orly, les 10 0000 ventes de « Police mon amour » (Anne Carrière) de l’ex-lieutenante de police Bénédicte Desforges, ou la grosse mise en place du document « Il a détruit la police de proximité » (Jean-Claude Gawsewitch) de Jean-Pierre Havrin, ex-directeur départemental de Toulouse viré par Nicolas Sarkozy en 2002.
Il n’empêche, le coup marketing de Marc Louboutin révèle le besoin de nombreux policiers d’exprimer leur malaise éprouvé dans leur métier. Tant pis, s’ils piétinent leur devoir de réserve. « Ils en ont tellement marre qu’ils sont prêts à prendre des risques », se défend Marc Louboutin. « Les policiers s’interrogent sur leur travail, de là à parler de malaise… », nuance Mohamed Douhane.
En tout cas, les policiers n’ont jamais autant utilisé tous les moyens de communication modernes, Facebook, blogs et autres fils twitter, au grand dam de leur hiérarchie, qui les abreuvent de notes internes sur le sujet.
Après une note cet été de la DGPN sur Facebook, la direction interdépartementale de sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (Dispap) en remet une couche le 1er septembre : "Les fonctionnaires de police peuvent s’exprimer librement dans les limites résultant de l’obligation de réserve à laquelle ils sont tenus (…) Le rappel de ces devoirs généraux paraît nécessaire au regard du comportement adopté par certains, notamment via des réseaux sociaux développés sur Internet ».
Mais ces rappels à l’ordre ne servent à rien. La boîte de Pandore est ouverte. « Elle le sera tant que la direction ne prendra pas de sanctions lourdes, analyse un officier. Mais, les autorités préfèrent minimiser le problème. Elles ne veulent pas créer des martyrs que l’opposition pourrait récupérer dans le but de nourrir son discours : « Sarkozy a échoué ». »
C’est chose faite : Jean-Jacques Urvoas, le monsieur sécurité du PS, qui témoigne d’ailleurs dans la vidéo de Marc Louboutin, s’est déjà engouffré dans la brèche. « Les réseaux sociaux et les vidéos constituent pour les policiers un vrai défouloir, affirme-t-il à Bakchich. Ils ont l’impression d’être mal-aimés par la population. Et depuis la mort en mars 2010 du brigadier Nérin en Seine-et-Marne la police vit un vrai divorce avec Nicolas Sarkozy. » Jusqu’en 2012 ?
Elles ne veulent pas créer des martyrs que l’opposition pourrait récupérer dans le but de nourrir son discours : « Sarkozy a échoué ».
Et pourtant… Il va être déçu mais son "maestre" s’est bel et bien vautré sur toute la ligne depuis des années. Ça fait un moment (depuis son entrée à l’Intérieur) que tout le monde dit que sa politique sécuritaire c’est de la merde.
Enfin, faire fuir des flics au PS, faut être balèze. Bravo Nico. On n’est pas encore au niveau d’un "j’ai décidé de dissoudre l’assemblée nationale" mais on s’en rapproche…
Cela peut paraître inquiétant de voir la parution de tant de témoignages qui expriment une réalité, mais c’est également rassurant d’entendre un autre son de cloche que la propagande habituelle.
Cdlmt
la politique sécuritaire de Sarko qui donne des objectifs chiffrés aux policiers ne peut pas nous donner une police de qualité. Derrière ces objectifs, on peut deviner des policiers stressés qui seront amenés à faire des contrôles abusifs au faciés et pendant ce temps là les grands délinquants peuvent faire leur trafic tranquillement… !
http://phil195829.overblog.com
En complément d’un article paru la semaine dernière, il faut toutefois se souvenir que, pour un fonctionnaire, "se défouler" sur sa page d’un réseau social, est un manquement à l’obligation de réserve. C’est donc un acte qui risque d’entraîner des sanctions.
Policiers, défoulez-vous ! Mais faites-le intelligemment et avec prudence !
Faut pas confondre tour et alentour … En aucun cas, "le devoir de réserve ne saurait être déontologie du fonctionnaire" : dans ce pays, en aucun cas, le fonctionnaire n’est appelé à prêter serment d’allégence à l’exécutif !
Le fonctionnaire doit faire son travail proprement (déontologie) et être discret sur ses missions (réserve). Mais nous n’en sommes plus là : on parle désormais de fonctionnaires qui recoivent des ordres ou des consignes qui ne sont pas forcément compatibles avec l’éthique de chacun et qu’ils souhaitent dénoncer. Il n’ont pas le droit de le faire et s’ils veulent le faire, il est important qu’ils le fassent avec prudence pour ne pas subir les conséquence de leur indiscipline.
Certains policiers manifestent parce que sept de leurs collègues ont été condamnés pour avoir menti dans des procès verbaux et surtout avoir cherché à imputer la lourde responsabilité de leurs propres erreurs à un suspect qu’ils cherchaient à appréhender. Il s’agit d’un manquement grave des manifestants - d’autant plus que la condamnation est parfaitement légale et donc "justifiée" - et ils encourrent des poursuites.
Le préfet (ancien policier) a déclaré "être étonné" par le jugement et c’est un manquement grave. Il doit être poursuivi.
Le ministre de l’Intérieur, déjà condamné pour des propos racistes, s’est autorisé à déclarer que le jugement "peut LEGITIMEMENT apparaître, aux yeux des forces de sécurité, comme disproportionné". C’est un commentaire d’une décison de justice et le mot "légitimemenet" est INADMISSIBLE. C’est une infraction pénale et, aux termes de la loi, il s’agit strictement d’une récudive. Il doit être poursuivi devant la cour de justice de la République et, si il est condamné, s’installer dans le quartier VIP de la Santé.
Si les syndicats et les avocats sont autorisés à commenter une décision de justice en parlant de disproportion, ils ne sont certainement pas autorisés à chercher à disqualifier l’institution judiciaire. En tout état de cause, le ministre et le préfet doivent se satisfaire de l’appel interjeté par le parquet.