Agressé en 2004 sur son lieu de travail, Pierre Fauges, 56 ans, éducateur, porte plainte contre son employeur mais la justice classe l’affaire pour un manque d’éléments. Fauges entame il y a 25 jours une grève de la faim, « Bakchich » appelle le cabinet de Rachida Dati, qui répond : « on s’occupe de l’affaire ! »…
25e jour de grève de la faim. Tension 10/6. Poids : moins 17 kg. Etat de santé : insuffisance rénale importante, hypotension. Diminué de jour en jour, Pierre Fauges est pourtant bien décidé à « aller jusqu’au bout » de son régime amaigrissant. Ce qu’il demande ? C’est « de la reconnaissance et la reprise des procédures judiciaires ».
La mésaventure de cet ancien éducateur est l’illustration des menus dysfonctionnements de la justice française. Pierre Fauges, victime de coups et blessures (250 points de suture) de la part d’un jeune en centre d’hébergement d’urgence, s’est senti « trahi » par les décisions des tribunaux. Portant plainte contre son employeur pour « mise en danger d’autrui » (cardiaque, porteur d’un pacemaker, il n’aurait jamais dû être affecté à ce poste), il demandait à ce qu’au minimum, sa plainte soit traitée. Ce ne fut pas le cas. Pour comprendre pourquoi, cliquez sur Pierre Fauges et son épouse qui le soutient.
Il y a tout juste un an, fatigué de l’inaction de la justice, Fauges adresse un courrier à Nicolas Sarkozy. Deux mois plus tard, un conseiller de l’Elysée répond en écrivant à Fauges que le président a été « très touché » par son dossier, et qu’il l’a aussitôt transmis, en septembre 2007, à la Garde des sceaux Rachida Dati. Comme quoi Sarko ne laisse jamais tomber une victime.
Seulement voilà, neuf mois et 25 jours de grève de la faim après, Fauges n’a reçu aucun signal montrant que Rachida a obéi à Nicolas, et qu’elle s’emploie à réparer l’injustice faite à l’éducateur. Avec dix collaborateurs qui la quittent en un an, manque-t-elle de personnel pour s’occuper des misères de tout le monde ?
Curieux d’en savoir plus, Bakchich appelle le 27 mai 2008 le porte-parole de Rachida, le magistrat Guillaume Didier. Ce dernier nous affirme qu’il n’est pas au courant de la grève de la faim de monsieur Fauges. Puis soudain, le voilà qui se fait rassurant : « Le dossier de M. Fauges sera transmis dans les prochains jours au tout nouveau bureau d’aide à la victime ». Mieux encore, concernant le déni de justice dont Fauges a souffert jusqu’ici, « un rapport sera demandé au procureur d’Albertville ». Comme quoi, la vie, c’est simple comme un coup de fil.
Et rien de mieux qu’une petite grève de la faim pour rendre à la justice l’appétit qui lui manquait.
Le blog de Pierre Fauges