Une nouvelle révolution est en gestation à Versailles dans les Yvelines. Et les fonds de placement, dans l’ombre, en tremblent déjà.
De Versailles a soufflé début février un vent mauvais sur la haute finance française et ses petits parrains internationaux. Une mini-révolution née dans la ville royale, à l’occasion de la venue de gueux devant la cour d’appel du coin.
En l’occurrence les salariés de la Saint-Gobain Desjonqueres (SGD, ex-Saint Gobain Emballage), leader mondial de la fabrication de flacon de luxe (parfumerie et autres), dont la principale usine turbine à Mers-les-Bains, en Picardie.
Un peu las d’être ballotés par le capitalisme mondialisé et de voir planer les menaces de licenciement au nom de la sacro-sainte internationale du fric, le comité d’entreprise de la société SGD s’est piqué de demander l’avis des juges sur l’étrange meccano financier qui les a dévorés.
Reconnue internationalement mais un poil endettée, la division "flaconnage" du célèbre Saint-Gobain entre en 2007 dans la lessiveuse des fonds commun de placement à risques (FCPR). De félines entités, sans grande foi, ni même personnalité morale (donc irresponsable devant des juridictions)… et dirigées par des sociétés de gestion de fonds.
Dans le cas des verrotiers de Saint-Gobain, les poissons pilotes des grands fonds se nomment Sagard et Cognetas, deux entités qui trouvent malin de s’allier dans une société, Cougard Investissement, avant de croquer Saint-Gobain Emballage. Ci-fait, les patrons rebaptisent la boîte en Saint-Gobain Desjonqueres (SGD pour faire court) et dressent un appétissant plan de sauvegarde de l’emploi aux salariés : 136 suppressions de postes !
Bon an, mal an, et après divers reclassements, 57 postes sont voués aux bris. Sans autre forme de procès, ou possibilité de se retourner vers les fonds financiers pour gueuler.
Seuls clampins à pouvoir être taquinés : les sociétés de gestion de ces impalpables fonds, d’ordinaire aussi évasifs que leurs clients. Mais les as du verre de Saint-Gobain ont la main pour rendre dociles les effluves. Et puisque les sociétés de gestion représentent les fonds et contrôlent le capital de l’entreprise en leur nom, ce sont à elles de reclasser les salariés… Et les possibilités sont multiples tant Sagard et Cognetas ont des participations majoritaires dans bien des entreprises et des secteurs différents.
Dans une ordonnance de référé du 30 novembre 2009, ordre est même donné aux fonds Sagard et Cognetas "de procéder à une recherche effective et sérieuse de toutes offres existantes de reclassement au sein de leurs groupes" par le tribunal de Nanterre.
Un peu moins rouge, la cour d’appel de Versailles a annulé le référé. Mais n’a pas manqué de briser l’évanescence des sociétés de gestion. Car si l’ordonnance de Nanterre est infirmée, Sagard et Cognetas "ne sont pas mis hors de cause" ou lavés de tout devoir de reclassement.
Et la cour d’appel de Versailles de conseiller aux parties "de se pourvoir devant le juge du fond", histoire que soit clairement défini si les salariés pouvaient être reclassés dans toutes les entreprises où les sociétés de gestion avaient des participations. Autrement dit, en termes juridiques, au sein du "périmètre du groupe".
Sans doute trop timides, Sagard et Cognetas se sont abstenus d’aller embêter un juge avec leurs petits soucis, et ont préféré annuler le plan de sauvegarde de l’emploi et les licenciements qui commençaient à sentir le roussi pour toute la finance française.
Car les Fonds communs de placement à risques et leurs sociétés de gestion demeurent les principaux leviers d’achat et de cession d’entreprises en France. Où irait-on si ces gentils financiers devaient assumer le coût social de leurs opérations ? Droit vers une révolution.
A lire sur Bakchich.info :
Ouais…
Si les Versaillais cherchent des compromis pour éviter l’invasion des relents dégoûts, on est quand même loin de la vérolution. Mais c’est sympa quand même de les voir reculer. Il suffira un de ces 4 d’un petit logiciel pour battre le fer à froid.
Ah, ultra-libéralisme quand tu nous tiens !?
Il n’existe aucune loi qui protège les citoyens des appétits démesurés de ces requins de la finance. Ces derniers ont noyauté les partis politiques de tous bords, en y plaçant au sein de leurs instances dirigeantes, des petits "soldats" sortis de pseudo "grandes écoles".
Dans le paysage politique actuel, les gaullistes des années 70 font figure de gauchistes.
Faut pas chercher loin les raisons de la démobilisation du peuple lors des élections.
A vomir :(