Dans le match qui oppose deux vieilles corporations françaises, celle des cheminots et celle des dockers, la première est en nette perte d’influence. La récente grève contre la réforme du fret à la SNCF a fait un flop, les syndicats étant divisés. Ce qui n’est pas le cas dans les ports, où une poignée de dockers fait trembler le gouvernement.
C’est mardi après-midi que les députés doivent examiner la réforme du fonctionnement des ports, promise par Sarkozy. Principale nouveauté : le transfert des agents publics de manutention – ceux qui actionnent les portiques chargeant et déchargeant les conteneurs – aux entreprises privées, souvent les armateurs. Une façon de parachever la réforme entreprise par les socialistes en 1992 et qui concernait alors le transfert des seuls dockers (ceuxi qui travaillent à quai). C’est qu’il en faut du temps…
Le but, se mettre au niveau des géants du nord (Rotterdam, Hambourg, Brême, etc.), et éviter qu’Anvers reste le « premier port français ». Jolie formule, qui indique que pour importer ou exporter leurs conteneurs de marchandise, les industriels préfèrent passer par le port belge plutôt que par le Havre, pourtant en net regain de forme. Ce qui n’est pas le cas de Marseille. Plombé par des grèves à répétition, la ville de Jean-Claude Gaudin n’en finit pas de sombrer et se fait tailler des croupières par ses concurrents directs, Gênes et Barcelone, en pleine santé et pas mécontents de récupérer pléthore d’emplois indirects.
Echafaudée prudemment par Bussereau, le secrétaire d’État aux transports, la réforme rencontre l’opposition farouche des intéressés. Depuis des semaines, la CGT mène des grèves tournantes dans les principales places portuaires, qui font fuir les armateurs. Et avant l’examen de la loi, la centrale a appelé à une mobilisation générale. Le signe d’une force de frappe considérable…
Mais au fait, de combien de divisions disposent les récalcitrants qui font trembler le gouvernement ? Pas un mot du côté du gouvernement, qui ne veut pas jeter d’huile sur le feu. C’est à peine si un proche du dossier ose lâcher : « La réforme concerne à peine 2 000 grutiers dans l’ensemble des sept grands ports français ». Et encore, ajoute ce représentant des chargeurs, « tout juste un millier si on enlève tous ceux qui ne sont pas aux commandes des machines. Mais ils ont plus de pouvoir que les cheminots ou que les routiers… »
Les 170 000 cheminots ont des leçons à prendre.
A déguster sur Bakchich.info en ce jour de grève
Franchement bravo !
Faut du courage pour écrire un tel article sur Backchich !
Se placer du côté des victimes de la grève (emplois induits) plutôt que d’encenser les grévistes …
Faut vraiment que ces derniers soient peu nombreux et les dégats importants pour qu’on en arrive là.
Encore bravo.