Chez "People and Baby", un groupe spécialisé dans la gestion des crèches, il est interdit de manifester. Trois salariés ont été licenciés pour avoir fait grève en mars dernier, contre le décret Morano. La CNT a riposté…
« Papa, comment on fait les bébés ? » A la lancinante interrogation soumise par les têtes blondes à leurs parents, a désormais succédé une question plus encombrante : « Papa, comment on les garde ? » Des années que trouver une halte-garderie rime avec chienlit… et grisbi !
Un créneau que le privé a largement investi. A l’instar de l’entreprise "People and Baby", qui, depuis 2004, propose aux boîtes et collectivités de garder les mouflets de leurs employés.
Avec 1000 salariés, 65 structures réparties dans l’ensemble de la France (plus les nombreuses crèches publiques qu’elle gère en partie), 3500 enfants inscrits, et surtout un chiffre d’affaires passé de 3 à 27 millions d’euros en un an, l’entreprise "People and Baby" se porte bien, merci !
Assez pour que son patron, Christophe Durieux, ex-proche de Thomas Fabius (le fils de.) avec lequel il a fondé cette société, se ballade en 4x4 ou en hélico privé… et ne s’embarrasse pas avec le droit du travail.
Ainsi, de sa gestion du mouvement social qui a frappé l’une de ses structures. Le 2 mars 2010, à l’appel de la Confédération nationale du travail (CNT) des salariés de la halte-garderie Giono (13e arrondissement de Paris) ont eu l’idée incongrue de faire grève contre le décret Morano (voir encadré).
Le patron de "People and Baby", gestionnaire de ce marché public, décide tout simplement de mettre à pied l’ensemble des grévistes ! Puis de licencier trois d’entre elles, au motif qu’elles ne respecteraient pas les normes d’hygiène… quand l’entreprise n’a pas même de Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Et tant pis pour le droit de grève ou la liberté syndicale, aussi inutiles que des dents de lait…
Agacée de voir ses ouailles aussi respectées que des couches usagées, la CNT s’est vite mobilisée. Manifestation de bon aloi le 1er mai. Puis, une attaque en règle devant les prud’hommes, demandant à la fois l’annulation des licenciements et la réintégration des salariés. Mais le 27 mai, le garnement Durieux a séché la réunion de conciliation. Le patron de "People and Baby" ne s’est pas déplacé. La CNT oui… jusque dans les locaux du siège social de cette drôle de boîte, sise 16 avenue Hoche, dans le très chic 8ème arrondissement de Paris. Un groupe d’une trentaine de militants s’est retrouvé, qui en bas de l’établissement, face aux vigiles gardant l’entrée, qui au deuxième étage de l’entreprise. Occupation des lieux.
Avenue Hoche, VIIIe arrondissement de Paris.
Devant le siège social de "People and Baby", 16 avenue Hoche.
Dimanche 30 mai après-midi, des flics ont serré les militants qui distribuaient des tracts CNT en bas de l’immeuble. Une arrestation à la dur, avec menottes au poignets et séjour au commissariat. Les "ultra-gauchistes" ont fini par être relâchés, en soirée.
Christophe Durieux, visiblement paniqué, a interdit aux journalistes (y compris à Bakchich) de visiter ses locaux tant qu’ils étaient occupés. Et a fini par promettre au syndicat des discussions. Le 31 mai, la CNT a libéré le siège social. Les discussions sont en cours. Selon un mandaté, « lors des trois réunions de la première semaine de juin, Durieux n’a rien lâché. Il n’était en tout cas pas prêt à revenir sur les procédures de licenciement ». Avec pareilles méthodes, la halte-garderie privée risque d’être de plus en plus occupée…
Car pour le collectif “Pas de bébés à la consigne”, qui réunit des professionnels de la petite enfance, le décret Morano, actuellement examiné par le Conseil d’Etat, serait un pas « vers une dégradation des dispositifs existants, au détriment des attentes des familles et des besoins fondamentaux des enfants ». En autorisant notamment la surpopulation (le nombre d’enfants en surnombre va passer de 10 à 20 %) des crèches.
L’occupation, vue d’en bas.
L’occupation, toujours…
A lire ou relire sur Bakchich.info
l’exemple type du patron qui se croit tout permis, pauvre lui en coute ! Un siège social occupé 5 jours de suite, une réputation catastrophique, des marchés fragilisés…. A sa place je reviendrais sur sa décision.
solidarité avec les licenciés !!!