En octobre 2004, Dominique de Villepin ne pouvait ignorer que les listings de Clearstream envoyés par le Corbeau étaient bidonnés. Ce qui fragilise sa ligne de défense.
Au fond, il est déjà puni. Condamné à rester un mois sur le banc des prévenus de la XIème chambre correctionnelle de Paris, flanqué du très controversé Imad Lahoud et forcé de bien faire attention à ne jamais lui adresser le moindre regard, ni a fortiori lui serrer jamais la main, Dominique Galouzeau de Villepin est déjà dans une position très inconfortable.
Ce qui ne l’empêche pas de faire contre mauvaise fortune, bon coeur apparent. « Victime de l’acharnement d’un homme, de Nicolas Sarkozy » comme il l’a proclamé le premier jour du procès avant de rentrer dans le prétoire, DDV essaie de porter beau dans la salle d’audience.
L’ancien Premier ministre pousse même l’artifice à sourire avec détachement à chaque mention du nom de son ennemi juré dans les débats.
Et pourtant ! A la barre ce mercredi après-midi, DDV risque gros. Certes, la thèse sarkozyste qui en fait le cerveau de la machination Clearstream, ne résiste pas à l’examen judiciaire des faits. Rien dans le dossier ne prouve même qu’il était au courant de la falsification des listings bancaires imputant des comptes occultes à Sarko Ier.
Il peut d’ailleurs assurer sans grand risque d’être démenti avoir cru aux fables que lui dégoisait son vieil ami Jean-Louis Gergorin, l’ancien n°3 d’EADS qui l’avait affranchi sur ce prétendu gigantesque réseau de corruption internationale. C’était si tentant de croire que Sarko en faisait partie…
Cette posture judiciaire de DDV est parfaitement tenable au moment où Gergo, début mai 2004, commence a dénoncer à la justice ces fausses listes de comptes. Mais après ?
Gergo, le corbeau qui se présente aujourd’hui comme un pigeon faisandé par sa source, Imad Lahoud, a eu un grand tort : celui de continuer à envoyer des fausses listes au juge Van Ruymbeke jusqu’en octobre 2004. Or à cette date, DDV ne pouvait plus ne pas savoir qu’elles étaient bidonnées.
Les vérifications de la DST et celles de l’inénarrable général Rondot, l’ancienne épée des services secrets, missionnés par ses soins, s’étaient toutes montrées négatives au cours de l’été.
Or, DDV, alors premier flic de France, n’a pas, à cette date, jugé bon de prévenir la justice qu’elle travaillait sur une fausse piste . Pour le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, un ancien ami de l’ère Chirac, aujourd’hui retourné par Sarko, il n’en faut pas plus pour accuser DDV de complicité. Et le mettre dans l’embarras.
Coincé mais droit comme un I, Villepin en est quitte pour une dénégation aussi absolue que difficilement crédible : « Je n’ai jamais eu connaissance de ces listings et je ne les ai jamais eus entre les mains », affirmait-il, mardi à l’audience. Visiblement, ce bon Galouzeau a retenu la leçon d’un grand ancien, l’ex-dircab de Chirac, Michel Roussin.
Face aux affaires, cet ancien des services secrets, ex-pilier de la Chiraquie, a toujours eu une seule ligne de conduite, résumé en un mot d’ordre lapidaire : « n’avoue jamais ». Ce qui ne l’a malheureusement pas empêché de visiter le quartier VIP de la prison de la Santé…
Lire ou relire dans Bakchich :
Bonjour,
Quel article court, mais fastidieux pour ce qu’en Limousin, on appelle faire "chou blanc" ! De plus, sans grand humour qui est la marque de fabrique de Bakchich, sauf à la limite -peu cocasse-, le pseudonyme choisi avec le rajout d’un "r" à Boussel…..(allusion de type gros sel à Pierre Boussel-Lambert, dirigeant politique trotskyste décédé).
Sans être pénaliste, la défense du prévenu Dominique de Villepin ne craint rien sur le sujet abordé, tout simplement parce que, prévenir ou non la Justice, comme on dit à l’école en matière de rédaction, est ici "hors sujet" (selon l’acte d’accusation qui cadre les débats du procès).
Il est vrai que les révélations de Mediapart publiées hier sur les réseaux sarkozystes qui mangeaient, au restaurant ou à domicile, avec Imad Lahoud, et parfois même sa femme, au moment de la falsification des listes Clearstream, auraient pu faire un passionnant article digne de Bakchich !
Mais,du titre au corps du texte, on ressert les plats réchauffés ailleurs qu’à Bakchich.
Avec gentillesse, je conseille à l’auteur de :
1) trouver un pseudonyme moins long et d’une plus grande subtilité ou inventivité, l’une n’excluant pas l’autre.
2) de suivre l’acte d’accusation qui cadre le procès avant de rédiger un papier vide de tout sens juridique et commun.
3) d’essayer d’informer les lecteurs de Bakchich sur le fond des choses qui apparaissent au grand jour au lieu de répéter des balivernes sans intérêt concoctées par les amis de l’hyper partie civile dans le procès qu’il évoque, le tout afin d’éviter que des vérités de plus en plus gênantes pour Nicolas Sarkozy apparaissent.
C’est là un sujet maîtrisé et connu par Nicolas Beau ou Frédéric Charpier qui, sur le sujet, pourraient concocter un article aussi cinglant qu’ironique, tant les informations de Mediapart- avérées par la Justice car intégrées dans le dossier judiciaire- sont de nature à montrer un arroseur arrosé.
Merci donc d’essayer de passer l’information essentielle du jour et de ne pas faire oeuvre d’ignorance par souci d’évitement des infos du jour ou, pire, de confusion en droit.
Bien cordialement à l’auteur quand même,