Le journaliste Denis Robert était au festival de la BD d’Angoulême pour dédicacer « L’enquête », tome 2 de L’affaire des affaires. Selon lui, le recours en appel contre Villepin n’a rien de surprenant…
Co-auteur avec le dessinateur Laurent Astier d’une bande dessiné présentée comme un travail d’investigation exclusif sur la crise financière, le journaliste-enquêteur était poursuivi dans l’affaire Clearstream 2 pour avoir recelé les listings bancaires authentiques de Clearstream. Incompatible avec la Convention européenne des Droits de l’homme (CEDH), garantissant la liberté d’expression, la mise en cause a finalement légitimé l’enquête sur la société Clearstream. La relaxe de Denis Robert fait office de jurisprudence : « Il y avait un vide juridique total sur le fait que les journalistes puissent recéler le produit d’un abus de confiance dans le cadre de leur enquête. Le tribunal dans ses attendus a dit que les devoir d’informer le public était supérieur » explique le journaliste d’investigation. Le Syndicat national des Journalistes (SNJ) l’avait soutenu tout au long de l’instruction. Il ne sera pas jugé en appel.
Selon le journaliste, dont la publication des ouvrages a lancé l’affaire Clearstream 1, l’histoire est loin d’être finie et l’appel du parquet de Paris contre Dominique de Villepin n’a rien de surprenant. « Cela peut ressembler à un acharnement mais on peut analyser différemment et se dire que la vérité judiciaire qui sortait de ce jugement ne donne pas une explication satisfaisante des raisons pour lesquelles les différents protagonistes ont réagi comme cela. » explique-t-il. La suspicion d’une intervention de l’Élysée et la personnalité du procureur Jean Claude Marin qui vit cette relaxe comme un formidable camouflet sont des éléments qui permettent de comprendre pourquoi Dominique de Villepin est renvoyé devant les tribunaux.
Mais Denis Robert avoue cependant avoir du mal à croire au raisonnement psychologique qui sous-tend le jugement précédent conduisant à la relaxe de l’ancien premier ministre. Pourquoi Jean-Louis Gergorin, Numéro d’EADS, homme puissant avec un passé riche et un avenir assuré, se décide soudain de faire des faux listings et ainsi de mettre en cause nominalement une cinquantaine de personnes avec qui il travaille et d’y ajouter Nicolas Sarkozy ? « La seule explication c’est qu’il est déséquilibré, complètement fou. Ceci n’a pas de rationalité, je crois au contraire qu’il était fragile psychologiquement et que Imad Lahoud a eu un rôle plus important que celui que l’on lui prête » confie Denis Robert. Imad Lahoud a été reconnu coupable de complicité de dénonciation calomnieuse pour avoir falsifié les listings.
Dans l’édition de France Soir de dimanche, Jean Louis Gergorin se félicitait de la relaxe de Dominique de Villepin, tout en regrettant que ce dernier ait menti. Témoignages de chauffeurs, éléments précis apportés à la barre, le journaliste d’investigation déclare aussi partager les suspicions de mensonge pointées à la barre par les magistrats dans les attendus de leur jugement.
C’est la première fois qu’autant de corps d’Etat (Défense, Affaires Etrangères, Matignon, Élysée, DST, Renseignements Généraux) ont été utilisé à des fins personnelles. Partie civile dans le procès Clearstream, Nicolas Sarkozy ne pouvait cependant faire appel que sur les dommages et intérêts mais pas sur les relaxes en vertu de l’article 497 du code de procédure pénale. La haine entre le chef de l’Etat et Dominique de Villepin semble plus forte que tout mais ne doit pas cachée cependant le fond du dossier Clearstream. L’affaire « 1 » est financière, industrielle et internationale. C’est en 2006 qu’émerge l’affaire Clearstream 2, une affaire politico-financière cette fois. A Angoulême, entre deux dédicaces, Denis Robert rencontrait des journalistes du New York Times et de CNN bien plus intéressés par les dérives du capitalisme financier (comptes non publiés, chambres de compensations , paradis fiscaux etc..) que par le duel Sarkozy-Villepin : « J’ai souffert que la deuxième affaire se soit appelée l’affaire Clearstream. Il aurait fallu la nommer « l’affaire des faux listings ». Moi j’ai rien à voir avec cette deuxième affaire, on a simplement détourné mon travail pour régler des comptes. La véritable affaire Clearstream n’est pas assez abordée » conclue Denis Robert. Un troisième tome de « l’affaire des affaires » est en préparation. Elle intègrera bien sûr le verdict du tribunal de la semaine dernière, mais aussi les suites de l’affaire Clearstram 1 et 2.
Lire ou relire sur Bakchich.info :
Bonsoir,
L’article est intéressant, mais il semble qu’il passe à côté de deux choses essentielles :
1- les affaires qui ont amené Denis Robert-et d’autres, mais plus discrets- à s’intéresser à l’établissement appelé CLEARSTREAM et à ce à quoi il aurait pu servir, notamment dans des affaires de rétro-commissions (frégates Lafayette et sous-marins vendus au Pakistan, entre autres).
2- En droit pénal, pointer des mensonges, réels ou pas, n’a aucun intérêt. Ce qui est essentiel est la constitution ou non du délit présumé, donc la preuve irréfutable du délit dont un prévenu est accusé.
Si un prévenu n’a pas commis de délit, le fait qu’il ait menti ou non sur des points de sans lien avec l’accusation est sans grand intérêt. D’autant que si l’on devait poursuivre tous les politiques qui mentent, il faudrait multiplier par 5 au moins le nombre de juges de siège.
Dans le dossier jugé récemment au TGI de Paris, une chose est claire après 5 ans de procédure : 2 personnes ont commis des délits, un autre n’a pas fait ce dont il avait été accusé.
On peut discuter de cela des années, mais le dossier ne permet en l’état aucune autre possibilité.
Bien cordialement,
"Légitime" ! Donc Denis Robert aurait une autorité telle qu’il pourrait "légitimer" une décision du Parquet…
C’est quoi le but de cet article ? Bakchich est le journal des sarkozystes de gauche ?