Palais de Justice de Paris, le 22 septembre 2009, deuxième jour d’audience du procès Clearstream.
Entrée en scène de Florian Bourges et de Denis Robert, les seconds rôles de l’histoire. Avec quelques agréables moments, notamment cette envolée du journaliste d’investigation à propos de l’avocat de la société Clearstream : « Certains ont des morpions, moi j’ai Richard Malka ». Pas très sympa, mais tellement rafraîchissant pour le public en cette cinquième heure de débats. Les deux prévenus du jour se posent en victimes collatérales de l’affaire.
On continue effectivement de tourner autour du pot. Dans une tentative effrénée de tirer quelques informations de l’attitude des trois autres, que l’on aperçoit depuis le début de dos, l’un des exercice du côté carré Presse consiste en un pointilleux travail d’observation. À vingt bons mètres de distance, que peut exprimer une nuque ? Examinons. Le port de tête de Dominique de Villepin est altier, le visage en permanence baissé sur ses dossiers dans une prise de notes concentrée. Cette nuque ne bouge pas, ne se retourne pas, quelle que soit la tournure prise par les débats. Parfois, le cou bronzé esquisse un léger demi-tour sur la gauche en direction d’un conseiller, le coin de la bouche dessinant alors toujours un large sourire : confiance, détermination, concentration.
À ses côtés, Imad Lahoud, raide dans son col blanc, nuque droite et ambitieuse. Une silhouette ordonnée, disciplinée, rigoureuse, qui se tourne pourtant régulièrement vers la salle dans un mouvement de panique. Homme aux aguets, inquiet, apeuré ?
La nuque de Gergorin : plus courte, plus mobile, plus populaire. Peut-être est-ce dû à sa coupe de cheveux, une minivague façon perruque bon marché dont le marron rappelle le technicolor bichrome d’un court-métrage d’espionnage des années 1920. L’info est de taille : Gergorin a raté sa couleur. Si cette tignasse pouvait parler, elle dirait : « Goût prononcé pour le déguisement, la mise en scène et la falsification ». Un confrère à ma droite affirme que le langage d’une coupe de cheveux, même prégnant, n’a aucune valeur juridique ou journalistique. C’est pourtant complètement évident.
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