Le croquignolesque procès Clearstream va ouvrir lundi 21 septembre. Sans l’ombre d’une chance qu’il explicite le rôle de la banque de compensation luxembourgeoise…et ses petits défauts. Bakchich s’y risque.
Lundi 21 septembre s’ouvre devant la 11ème Chambre du TGI de Paris le procès de ce qu’il convient d’appeler, « l’affaire Clearstream II ». Les débats, qui doivent durer un mois, vont s’ouvrir avec un invité de marque dans le box des accusés en la personne de Dominique de Villepin qu’on ne présente plus. Sur le fond, il va s’agir de déterminer les responsabilités des protagonistes de l’opération de « bidonnage » d’un listing de la chambre de compensation internationale basée à Luxembourg et à Francfort, au moyen duquel ils ont tenté de faire croire que des personnalités en vue disposaient, sans aucune justification, d’un compte ouvert dans les livres de l’institution internationale privée.
Dans le cas de Nicolas Sarkozy, le but de la plaisanterie consistait à prétendre qu’il possédait un compte sur lequel auraient notamment été versées des rétro-commissions générées par le scandaleux contrat de vente des 6 frégates par Thomson CSF à Taïwan, dont Bakchich s’est déjà longuement fait l’écho.
Petit rappel sur Clearstream par qui le scandale est arrivé : il s’agit tout simplement d’une chambre de compensation mondiale entre les grandes institutions bancaires internationales : le but de la manœuvre est de permettre à tous les adhérents au système, de réduire le montant des flux financiers produits par leur activité, en ne versant effectivement que le solde entre leurs créances réciproques. Si, par exemple, Crédit Lyonnais-Grand Cayman (compte n° 20841) doit 100 à Sauvalor-com Suram de Valores SA de Medellin (compte n° 88434) qui lui doit 40 en retour, les gros ordinateurs de Clearstream vont solder les comptes entre les 2 en enregistrant quelque part qu’après compensation, la première ne doit plus que 60 à la seconde. En se livrant quotidiennement à ce petit jeu entre toutes les banques et institutions financières disposant de comptes de compensation ouverts chez elle, Clearstream facilite donc les opérations financières en contribuant à réduire de manière significative le volume total des flux financiers et donc les besoins de trésorerie entre titulaires d’un compte de compensation chez elle.
Les fameux listings répertorient donc les comptes ouverts chez Clearstream en précisant, « théoriquement », l’identité des titulaires.
« L’affaire Clearstream » est née de la mise en circulation non pas d’un de ses listings récapitulatifs, mais de 3 documents :
Le premier, qui date de 1995, est à l’origine de l’énorme enquête et des considérables ennuis judiciaires du journaliste Denis Robert. Il contient 4 146 comptes clients qui ont été ouverts par les adhérents, directement auprès de Clearstream. Il mentionne les intitulés des comptes, leurs numéros, leur statut, et précise également les noms et adresses de leurs gestionnaires « officiels ». Sur ces 4 146 comptes, 2215 sont « publiés » c’est à dire connus de tous les utilisateurs du réseau Clearstream , 1926 sont « non-publiés » et 5 résultent probablement d’erreurs informatiques.
Ce sont évidemment les comptes dits « non publiés » qui titillent l’imagination des médias, des enquêteurs et des régulateurs les plus zélés. Ces comptes peuvent en effet être des sous-comptes de comptes publiés apparaissant officiellement sur la liste générale. On peut par exemple s’imaginer qu’une banque voulant optimiser les flux financiers entre elle et ses filiales, puisse être amenée à ouvrir des comptes non-publiés puisque n’intéressant que son propre réseau. Mais il peut aussi s’agir de comptes aussi officieux qu’autonomes, qui ne seraient rattachés à aucun compte officiel, ouverts par des banques désireuses pour toutes sortes de raisons plus ou moins avouables, d’ouvrir à leur nom, des comptes derrière lesquelles se dissimuleraient des clients aussi puissants que discrets, capables grâce à ce dispositif, de transférer des fonds en toute discrétion n’importe où dans le monde, à des correspondants ayant procédé de la même manière auprès de leur propre banque.
Le second listing Clearstream qui date de 2001 est beaucoup plus épais. Il contient 33 340 comptes, principalement des comptes dits « de contrepartie » c’est à dire ouverts non pas directement chez Clearstream mais auprès d’un dépositaire central réalisant des opérations avec des adhérents de Clearstream. C’est ce listing que s’est procuré Florian Bourges, un stagiaire d’Arthur Andersen qui avait participé à un audit de Clearstream en 2001. Dans des conditions assez obscures, un exemplaire en aurait été remis à Denis Robert, provoquant sa mise en examen en décembre 2006 pour « recel de vol de documents bancaires » et « recel d’abus de confiance ». Bourges en aurait également remis une version à Imad Lahoud qui a reconnu l’avoir falsifié pour le compte d’on ne sait qui, avant de tenter de noyer le poisson en affirmant tout et son contraire…
C’est à fin 2008 qu’est apparu le 3ème listing de Clearstream. Il recense en 1079 pages, 38 838 comptes de contreparties ouverts dans les livres de la chambre de compensation luxembourgeoise en date du 1er Juillet 2004. Celui-là contient des « perles » plus ou moins spectaculaires : d’abord le mystérieux compte « Madoff » n° 62 619 qu’on relève en première ligne de la page 712. Interrogé à son sujet, Irving Picard, le liquidateur judiciaire du château de cartes élaboré par l’arnaqueur de Wall Street, s’est refusé au moindre commentaire. Et puis aussi le compte Banque AIG Paris (n° 84199) qui semble avoir été assez actif au plus fort de la crise financière… Mais surtout et de manière totalement stupéfiante, le compte n°747 qu’on découvre page 13, ouvert au nom de…Père-Noël.fr ! La présence de la foireuse affaire stéphanoise de commerce en ligne qui employait 40 personnes, au beau milieu des poids lourds de la finance mondiale a de quoi laisser sans voix !
Le 10 juin 2003, l’affaire qui était cotée en bourse depuis 3 ans, était en effet mise en faillite par le tribunal de commerce de Lyon. Le 27 juin, la 31ème chambre du TGI de Paris condamnait Alexandre et Grégoire Fur les dirigeants-fondateurs de l’entreprise « démissionnés » par leur conseil d’administration le 21 octobre 2002, à 200 jours-amendes de 50 euros pour travail dissimulé. Le 18 septembre 2003, c’est enfin le TGI de Saint Etienne qui leur repassait le plat : Alexandre était condamné par défaut – il était en fuite – à deux ans et 4 mois de prison ferme pour publicité mensongère et tromperie. Un mandat d’arrêt était délivré à son encontre. Son frère Grégoire ex-administrateur et directeur financier de l’affaire, écopait lui de 6 mois ferme pour « entrave à l’exercice de la profession d’inspecteur du travail » et « refus de communiquer des documents à la DGCCRF ».
Ce sont finalement plus de 1 300 plaintes de consommateurs qui ont été enregistrées par la DGCCRF à l’encontre de la société. Bref le Père Noël était véritablement une ordure…. Malheureusement, les tribunaux chargés de lui tirer les oreilles n’ont semble-t-il pas pensé à demander à Clearstream pour quelle raison et dans quelles conditions un compte avait bien pu lui être ouvert dans les livres de la chambre de compensation internationale, et surtout, un petit coup de main pour retrouver le flouze envolé normalement destiné aux cadeaux et sans doute planqué dans sa hotte…Reste la session de rattrapage de Pittsburgh des 24 et 25 Septembre. Mais là non plus les fêtards du G20 ne semblent pas décider à mettre sous surveillance publique les réseaux de transports de fonds de la finance mondiale. D’ailleurs les usagers de l’autoroute du fric à grande vitesse semblent les avoir devancés depuis longtemps comme semblent le démontrer l’existence des comptes Clearstream n°60035 à 60039 dont les intitulés ne manquent pas d’humour : « Par fourgon blindé lundi prochain » (« By Armored Car on Next Monday ») ; « par fourgon blindé mardi prochain »….mercredi, jeudi et vendredi prochain pour le n° 60039…
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Des salopards comme disait le president "pendez les comme des morceaux de jabon" !
Il faut deja se poser des questions pourquoi du FAUX dans le fichier STIC, en ce qui me concerne et du faux chez le notaire qui me concerne, du faux dans la DNVSF et du faux a la DSF de Paris Nord.
A M. Pantouflé
Clearstram n’est absolument pas une banque, comme vous le dites dans la première phrase de votre article, c’est une chambre de compensation de titres [comme l’était en son temps la SICOVAM en France ], ce qui n’est pas la même chose.
D’une part, je n’aime vraiment pas du tout ni Supermenteur I (Chirac), ni Galouzeau de Villepin et, d’autre part, le procédé n’est guère élégant, et encore moins subtile. Mais si, (Cf. le numéro de Marianne de l’époque sur son vrai caractère, plus les « confessions" de Cécila) ) c’était pour éviter à la France - déjà en triste état matériel et éthique à cause d’eux _ d’être présidé par le petit excité omniprésent Supermenteur II, ils ont tous deux droit à ma modeste indulgence. Pas la vôtre ?
Vous êtes fiers, vous, que notre pays , outre tous ses honteux défauts et comportements amoraux, soit devenu le valet de l’atlantisme pétroliphage des grosses fortunes qui dirigent les USA et donc aussi de l’entité sioniste par la mêmme occasion ?
"J’ai passé ma vie à défendre Israël ….. " dans le Canard Enchaîné N° 4638 du 11 septembre 2009, page 2, première colonne au milieu)