Il a tout de même fallu huit ans pour claquer le beignet de Denis Robert sur Clearstream, la chambre de compensation luxembourgeoise dont il a commencé à révéler les secrets en 2001. Le journaliste a fini par comprendre : il ne parlera plus jamais de Clearstream dans les médias.
La mécanique de l’abandon du père Denis est logique. Douze procès pour diffamation, une vie pourrie par les visites d’huissiers et les perquisitions, mais aussi la position hostile de certains confrères tels Le Monde et la presse financière, qui ont dénigré ses enquêtes au lieu de les prolonger.
Si ces dernières années Denis Robert a tant parlé de Clearstream, « trop », ou « jusqu’à l’obsession » comme on a pu l’entendre dans le si solidaire milieu journalistique, c’est parce que sa vie entière était rythmée par les procédures judiciaires intentées contre lui et qu’il devait, forcément, l’ouvrir pour sa défense. Ces derniers jours, la décision du tribunal de Bordeaux de le condamner à 12 500 euros d’amende lui a ôté l’envie d’ajouter un seul mot qui pourrait exciter les avocats de Clearstream. Il jette l’éponge. Il explique ses raisons sur cette vidéo, avale une gorgée de bière et nous dit au revoir.