Gabriel Hernandez publie Souliers rouges, petits pois, etc. aux Requins Marteaux. Toute une mélancolie de l’enfance.
Quelle découverte quand, enfant, la conscience de la mort se dépose comme la rosée sur l’âme. Encore fraîche et embuée ! Un petit bouquin dessiné, simple et épuré, est allé cueillir par le bout des poils du pinceau les premières gouttes de nos doutes matinaux. Cet artiste qui se lève tôt – promis donc à un bel avenir –, c’est Gabriel Hernandez. Sa BD , Souliers rouges, petits pois, etc., est éditée aux Requins Marteaux.
Haute comme une main de bébé, l’oeuvre, avec un simple dessin par page, explore les premières peurs, les frêles horreurs à l’aurore de l’âge. La solitude, la séparation, la crainte de l’abandon… Autant de thèmes chers à l’auteur et qui parsèment son travail. L’histoire reprend donc les codes et la symbolique des contes pour enfants. Un minot, Jojo, est perdu dans la forêt après que sa princesse s’est fait enlever par un cerf. Il ne lui reste plus que son soulier rouge pour la pleurer. Jojo part à la recherche de sa princesse et tente de se faire aider par des esprits cachés sous terre ou dans les feuilles des arbres. Jusqu’au renoncement.
Avec une quasi-absence de dialogues et un dessin minimaliste, Hernandez nous prouve qu’avant le verbe est l’émotion. Il a participé parallèlement à plusieurs compilations de musiques d’un univers qui vous chuchote d’étranges histoires au creux de l’oreille. Et le goût amer du bonheur d’être triste. Toute une mélancolie de l’enfance. D’un temps qu’on croyait perdu.