Non content d’avoir pondu un livre sur les États-Unis que les critiques américains ont massacré, Bhl s’est laissé filmer lors de ses parodiques pérégrinations.
Oyez braves gens ! Si vous avez raté American Vertigo, le livre, il y a peu de chances que vous échappiez à American Vertigo, le film. Les murs du métro sont tapissés depuis quelques semaines d’affiches à la gloire de ce documentaire de Michko Netchak qui est sorti sur les écrans le 20 juin. Résumons : Bernard-Henri Lévy, le Paris Hilton de la philosophie (on le voit tout le temps sur la scène médiatique mais on ne sait pas ce qui justifie sa présence), sort un livre en 2006 relatant sa traversée des États-Unis pour découvrir ce pays « à la manière de Tocqueville ». On ne rit pas. Notre « philosophe » national (au fait quelle est son œuvre fondatrice ?) entreprend de nous faire découvrir les States et de contribuer à faire reculer cet « anti-américanisme haineux » qui traverse la société française depuis l’extrême-droite de la fin du XIXe sicèle. Résultat ? Il enfile les perles, nous raconte ses rencontres avec les people comme Sharon Stone. Un livre sans intérêt, jugent la quasi-totalité des journaux américains qui concluent généralement par un conseil aux lecteurs potentiels : « Au lieu de perdre votre temps avec ce livre de BHL, relisez plutôt Tocqueville ». La France, qui dispose de la presse la plus sérieuse du monde, ne partage évidemment pas cette opinion. Les grands médias sont dithyrambiques sur le livre, qui confine, selon eux, au chef d’œuvre. Quand on fait la moue, les moins dupes se contentent de lâcher : « il écrit bien tout de même ». On est heureux d’apprendre que Normale Sup permet au moins de maîtriser la langue française.
Les critiques ne vont pas arrêter BHL. Cet homme « dont l’ego détruit l’intelligence », selon la formule de Marianne Pearl (veuve du journaliste Daniel Pearl, décapité au Pakistan), n’est pas atteint par les critiques. Il propose donc un film sur son périple, produit par sa société, les fils du lendemain. Quel intérêt ? Non content d’avoir les médias français à ses pieds, non content de pontifier chaque semaine dans Le Point, non content de donner son avis sur tout, notre penseur national rêve depuis longtemps de cinéma. En 1991, il a été nommé président de la commission des avances sur recettes par Jack Lang. Sous le gouvernement de Balladur entre 1993 et 1995, Alain Carignon l’a propulsé à la tête du Conseil de surveillance d’Arte. Ceux qui s’étonnent du soutien de BHL à l’ancien maire de Grenoble, condamné pour corruption et abus de biens sociaux en 1996, sont ainsi déniaisés. Comme on le voit, l’ambition cinématographique de BHL vient de loin et pas seulement parce qu’il vit avec une actrice, Arielle Dombasle. En 1997, il sort un film avec Alain Deloin, Le jour et la nuit. Le journaliste du Point Pierre Billard, connu pour sa dextérité à manier sa brosse à reluire, n’y va pas de main morte : il voit en BHL « John Huston et Visconti réunis ». Mais le public, forcément ignare, boude ce chef d’œuvre : 70 000 spectateurs. Un tel échec dissuade notre philosophe favori de rependre la caméra mais cela ne l’empêche pas de refaire son cinéma
Allez, allez : on se moque.
BHL : Barisse Hilton Lowcost
BHL : Boursouflure Hors Limites
BHL : Bazar Horriblement Liquéfié
BHL : Botul Hachement Light
BHL : Belle H-UMP-osture Lèchebotte
Concepts philosophiques crées depuis sa le début de sa carrière : néant.
Lu sur le site du Figaro à propos du livre de Sébastien Fumaroli "Tempête sous un crâne. L’Amérique en guerre 2003-2006" : "Fumaroli n’hésite pas à griffer au passage certaines analyses de ses aînés français, comme l’American Vertigo de BHL. Un tel crime de lèse-majesté augure mal du succès médiatique du livre. Mais il témoigne de la liberté de ton de son auteur et de son travail." Ah ah !! Du travail, c’est bien, une certaine liberté de ton, pourquoi pas… mais contre BHL, ça va pas la tête !! De Charlie hebdo au Point, les médias (entendre "les médias influents") se donneront joyeusement la main, au mieux, pour nier votre existence, au pire, pour vous écharper sans pitié. En étant persuadés de faire œuvre de salut public. Le pouvoir et l’aura de BHL donnent le vertigo.
Vous pourriez peut-être vous intéresser au cas Misko Necak, cinéaste serbe travaillant depuis longtemps en France. Quand deux egos démesurés se rencontrent… Necak était déjà tombé dans le panneau en jouant les directeurs photo sur le tournage de Serbie, année Zéro, en 2001. Ce docu lamentable de Goran Markovic (ex-grand réalisateur yougo qui nous avait tant fait rire avec "Tito et moi" dans les années 1980) servait lui aussi la soupe à BHL, que l’on voyait, chemise béante jusqu’au nombril et cheveux au vent, disserter sur le perron d’une sublime villa provençale sur ces Serbes opposés à Milosevic, qui lui rappelaient "ces Allemands qui ont résisté au nazisme". Sans défendre cet idiot de Milosevic, rappelons pour ceux qui auraient loupé quelques cours d’histoire que les Serbes, qu’ils fussent "tcheniks" ou Partisans pendant et après la guerre, se sont toujours opposés au nazisme. Mais BHL, fondateur de l’oubliable "romanquête", aime aussi romancer l’histoire. Le pire, c’est qu’il y laissera probablement son nom.
Si ça vous amuse, je vous suggère de remettre la main sur un vieil échange épistolaire (1979) pas piqué des hannetons entre BHL et Pierre Vidal-Naquet, qui lui flanque une incroyable correction. Qui oserait aujourd’hui ?
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Il faut entendre Rony Brauman parler du "voyage-enquête" de Béachelle au Darfour : "C’est comme si des Chinois avaient passé un après-midi dans un petit village perdu des Pyrénées et puis venaient expliquer la France".
Partout où il y a des drames, Béachelle est sur une photo à côté d’hommes burinés qui portent une arme. Je commence a croire que les drames du monde sont créés pour que Béachelle puisse être photographié avec une barbe de trois jours…
Y a vraiment des tartes qui se perdent.