Une adaptation en bande dessinée de l’un des romans de Dostoïevski, le Joueur, écrit dans l’urgence.
Qui a déjà tenté de se plonger dans l’œuvre de Dostoïevski s’est parfois senti Idiot. « Noctambule », une collection des éditions Soleil Productions, a eu la bonne idée de proposer une adaptation en bande dessinée de l’un de ses romans, le Joueur, écrit dans l’urgence ; l’éditeur de l’écrivain russe le pressait de rendre sa copie.
Alexeï Ivanovitch, jeune précepteur d’une famille russe sur le déclin, ne possède rien. Si ce n’est son amour inconditionnel pour Polina, l’une des filles de la fratrie. Installée à Roulettenbourg la bien nommée, en Allemagne, en attendant que l’héritage d’une vieille grand-mère vienne renflouer les caisses, la maisonnée tue le temps.
Alexeï, « un vrai Russe, un Kalmouk, un philosophe… un fou », fréquente le casino. À la demande de celle qu’il aime, il s’enivre avec la roulette. Joue, perd, gagne. Puis s’égare dans cette folie dévastatrice qui emporte avec elle son amour pour Polina. De la croupe au croupier. Frédéric d’or, louis d’or, roubles, florins… « Autant de petits tas brûlants, des braises chaudes. » Et, chaque fois, un défi au destin.
Le joueur, c’est évidemment Dostoïevski, qui ne se débarrassera des impairs de la roulette que dix ans avant sa mort. Quand martingale rime avec marginal. Dans l’enfer du jeu, point de salut, si ce n’est le plaisir de le lire, en BD ou en littérature.