Dans la presse, les experts prônent la suppression de l’ISF au motif qu’il entraverait les entrepreneurs et encourage l’évasion fiscale. Mon beauf n’est pas stupide, il s’est renseigné.
Cette semaine mon beauf m’a bluffé. « Ils nous prennent pour des c…s ! », mon beauf réagit toujours aussi vivement aux propos des imbéciles, c’est peut-être pour cela qu’il n’est pas journaliste.
Dans la presse, les experts soutiennent la suppression de l’ISF « qui empêche les entrepreneurs à prendre des risques » et qui « va éviter les évasions fiscales. ». Mon beauf n’est pas stupide, il s’est renseigné. « L’évasion fiscale des riches c’est en grande partie du bluff. »
Il y a moins de 10 ans ils étaient 350 par an à préférer une maison au bord du Lac Léman à un appartement à Paris. Aujourd’hui, bon an mal an, et malgré le bouclier fiscal, ils sont 800 à aller s’installer en Suisse ou en Belgique. Ramené au nombre de ménages qui paient l’ISF, ces nouveaux immigrés ne représentent que 0,12% de ces contribuables.
D’après le Sénat, la plus conservatrice des deux chambres et la plus anti-ISF, ces départs représenteraient un manque à gagner de 144 millions d’euros entre 1997 et 2006 alors que l’impôt à participé à hauteur de 18,6 milliards d’euros aux dépenses de l’Etat dans la même période.
Ces chiffres ne tiennent pas compte des étrangers qui s’installent en France et qui paient l’ISF. Or il en existe, et comme par hasard personne ne les compte. On sait que les Anglais aiment s’installer en France pour profiter des infrastructures qui fonctionnent, que certains Chinois apprécient de fréquenter les écoles d’élite gratuites.
C’est aussi dommage que les experts interrogés, avocats fiscalistes et autres porte-parole des grandes fortunes ne lisent pas les travaux du Sénat, ils sauraient que parmi les « 25 raisons avancées par les élèves d’HEC qui se sont expatriés » ; l’ISF pointait en vingt et unième position et que l’impôt sur les successions terminait bonne dernière.
« Et si, comme moi, tu pensais que Nicolas Sarkozy avait inventé le bouclier fiscal, tu te trompais. C’est Dominique de Villepin qui a mis en place ce cadeau pour les riches. Il faudra s’en souvenir le jour où… »
Mon beauf tenait tout ces chiffres d’un excellent livre : « Il faut faire payer les riches » écrit conjointement par un inspecteur des impôts Vincent Drezet et un économiste Liêm Hoang-Ngoc. Il est publié au Seuil. 14 euros.