André Santini n’est pas seulement ministre de la Fonction publique : il dirige aussi le Syndicat des eaux d’Ile de France, soupçonné de surfacturer le prix de l’eau aux Franciliens. « Bakchich » a voulu le questionner là-dessus. Il s’est mis en colère…
Il y a un sujet sur lequel il ne faut pas chatouiller André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux et secrétaire d’Etat chargé de la fonction publique : c’est le prix de l’eau en région parisienne ! Il perd aussitôt son légendaire sens de l’humour…
L’eau, c’est le jardin secret de « Dédé », président du Syndicat des eaux d’Ile de France (Sedif) depuis 1983. Un lieu de pouvoir considérable, doté d’une force de frappe financière colossale : le Sedif, le plus grand service public d’eau de France, distribue chaque jour l’eau potable à 4 millions d’habitants de la région parisienne et gère un budget de 580 millions d’euros. Depuis sa création en 1923, une seule et même entreprise gère ce pactole : Veolia, ex-Compagnie générale des eaux.
« Dédé » régnait tranquille sur ce royaume jusqu’à ce que l’association de consommateurs UFC-Que Choisir dénonce, en 2006, puis à nouveau en 2007, le prix facturé aux buveurs d’eau d’Ile-de-France par le Sedif, qui atteint « des records de surfacturation », avec une marge de 59,7%. « La surfacturation se chiffre à 230 millions d’euros par an » s’indigne Jean-Luc Touly, co-auteur de L’eau des multinationales, les vérités inavouables (Fayard, 2005).
Avant Que Choisir, deux rapports de la chambre régionale des comptes avaient déjà critiqué le prix excessif de l’eau et l’opacité de la gestion du Sedif. Et, en 2005, André Santini avait été condamné par le Conseil de la concurrence à 100 000 euros d’amende pour être « intervenu afin de peser sur la finalisation d’un contrat de fourniture d’eau ».
Aujourd’hui, une autre menace plane sur « Dédé » : une requête déposée au tribunal administratif en février 2005 par Jean-Luc Touly devrait aboutir en 2008. Le militant associatif s’étonne que « des charges étrangères au service » ont grevé le budget du Sedif pendant des années : le syndicat des eaux consacre près d’un million d’euros par an à des programmes d’aide à l’équipement en eau des pays en voie de développement.
Sollicité par Bakchich, le Sedif a précisé que les sommes consacrées à la « solidarité eau » ont presque doublé ces dernières années : le budget est passé de 793 000 euros en 2004 à 1 574 000 euros en 2008. Selon le Sedif, en 22 ans, il a cofinancé à hauteur de 13,5 millions d’euros des « opérations d’hydraulique rurale et urbaine ayant bénéficié à plus de 2 200 000 personnes dans 18 pays francophones d’Afrique et de la péninsule Indochinoise (Vietnam, Cambodge, Laos), à Madagascar, Haïti, aux Comores et au Maroc ».
L’édition de bakchich.info du 25 février dernier, a fait état d’une interview réalisée à Méry-sur-Oise le 12 février précédent, concernant le programme de solidarité mené par le Syndicat des Eaux d’Ile de France en direction de populations privées d’accès à l’eau.
En application de l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881, et pour une complète information des lecteurs de votre site, je vous serais reconnaissant de leur apporter les précisions suivantes :
« Dans l’édition de bakchich.info du 25 février dernier, une personne s’étant fait passer pour une journaliste indépendante, a mis en cause le programme Solidarité-eau du SEDIF, déployé depuis 1986 pour améliorer l’accès à l’eau potable des populations les plus défavorisées des pays en voie de développement, par le financement d’infrastructures et un soutien technique.
Cette action reconnue par tous comme exemplaire, et dont le dispositif a été consacré par une loi votée à l’unanimité du Parlement en février 2005, a permis le financement de 160 opérations menées par 34 O.N.G. dans 16 pays en voie de développement, pour près de 13,5 Millions d’Euros.
On rappellera utilement que les fonds attribués ne transitent jamais par les autorités locales, et qu’aucune des O.N.G. concernées n’a de liens directs ou indirects avec le groupe Veolia qui, par ailleurs, n’a jamais été associé d’aucune manière que ce soit au choix ou à la réalisation de ces opérations.
Près de 2,2 Millions de personnes ont ainsi bénéficié d’un accès à l’eau potable, réduisant de façon significative les maladies hydriques et modifiant de façon extraordinaire leurs conditions de vie, surtout pour les femmes et les enfants.
Et cela pour une contribution de l’usager du SEDIF de 0,6 €, par foyer et par an.
En 22 ans, ce mécanisme de financement n’a jamais fait l’objet de la moindre critique, sauf d’un élu local d’extrême droite du Val de Marne, et aujourd’hui de Bakchich.info.
Sous prétexte de défendre les consommateurs d’eau, le pseudo reportage réalisé par une prétendue journaliste, avec le témoignage d’un altermondialiste déjà condamné pour diffamation par un tribunal correctionnel, procède en réalité d’une volonté affichée de nuire, et de salir des élus, qui gèrent avec sérieux un grand service public plébiscité par près de 90 % de ses usagers ».
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.
André SANTINI Maire d’Issy-les-Moulineaux Secrétaire d’Etat chargé de la Fonction publique
Sans doute déçu de sa prestation à Bakchich TV, qui soi-dit en passant s’est bien présenté comme tel, André Santini s’essaie à l’écrit. Avec la verve qui a fait sa célébrité. Sauf que :
André Santini reconnait lui-même avoir fait voter une loi pour mettre ses pratiques en conformité… Elles ne l’étaient donc pas auparavant.
Dans son rapport à l’Assemblée nationale, le 26 janvier 2005, à l’occasion de la discussion de cette loi, André Santini écrit que sa loi serait « un moyen de compléter utilement la conquête de marchés par les grands groupes français ».
http://www.assemblee-nationale.fr/12/rapports/r2041.asp
Bakchich ne met jamais en cause l’éthique de cette action mais sa légalité…
Une cause, certes louable, mais qui, selon Jean-Luc Touly, profite surtout à Veolia, qui peut ensuite valoriser son action dans les pays en question. Sans compter le fait que, jusqu’en 2005, un syndicat des eaux n’avait tout simplement pas le droit d’utiliser son budget pour des actions de ce genre.
Pourquoi 2005 ? Parce qu’André Santini, voyant la faille, s’est empressé de soutenir au Parlement le vote d’une loi aux petits oignons, concoctée notamment pour perpétuer ces pratiques, en toute légalité cette fois : la loi Oudin-Santini, promulguée le 27 janvier 2005, permet aux communes, aux syndicats mixtes et aux agences de l’eau d’affecter 1% de leur budget à des actions de coopération et de solidarité internationales. Le Sedif reconnaît que la loi Oudin-Santini est venue « conforter cette pratique sur le plan légal ». Belle opération de lobbying pour les multinationales de l’eau !
Reste les budgets votés avant cette date… sur lesquels le tribunal administratif devrait trancher très prochainement.
Pour entendre la colère de Santini face aux questions de Bakchich, cliquez sur la vidéo.
Il serait bienvenu que nos élus soit responsables ainsi qu’aimables, c’est troublant de voir ainsi un Elu, Mr Santini se défausser pour répondre une simple question. (meme si épineuse) c’est le minimum de rendre des comptes au peuple qui vous a élu.
Merci Mr. Santini de nous éclairer sur ce dossier. Notre argent est-il bien, et justement dépensé ? Pour quelles raisons l’eau est si chere en idf ?
http://tunisie-harakati.mylivepage.com
Il est étonnnant que Santini se mette en colère face aux questions sur l’eau. Il lui suffit juste de s’expliquer calmement. Et si notre Santini national venait mettre son énergie à la défense pour la libération de madame Sameh Harakati, une innocente des prisons tunisiennes ? Nous vous invitons à tous, quelques soit vos idées, vos opinions, votre politique, votre position sociale….à venir nous rejoindre ou à agir pour soutenir une belle cause. Svp venait sur les sites de Sameh et agissez de votre mieux pour participer à sa libération.
http://sameh.onlc.fr