Frédéric Lefebvre, proche conseiller de notre bien aimé ministre de l’Intérieur, a la particularité d’être actionnaire de sociétés de lobbying, œuvrant pour notamment les casinos et le tabac…Etonnamment, le garçon est assez discret sur ce mélange des genres
Certains proches de Nicolas Sarkozy n’aiment pas trop qu’on fouille dans leurs affaires. Frédéric Lefebvre, conseiller du ministre de l’Intérieur, n’avait guère apprécié lorsque nous avions révélé, fin septembre, dans l’Express et dans le livre Députés sous influences (Fayard), qu’il est resté l’actionnaire majoritaire d’une société de lobbying prospère, baptisée d’un nom d’oiseau, Perroquet Institutionnel Communication (Pic Conseil), tout en étant membre du cabinet du ministre de l’Intérieur.
Il nous avait précisé n’avoir plus aucun rôle actif dans cette société et n’en toucher aucun revenu ni bénéfice. Mais le cumul des fonctions était tout de même assez curieux.
Plusieurs membres de l’état-major sarkozyste ne semblent pas davantage apprécier que Canal Plus revienne sur le fameux « Perroquet », lundi 11 décembre, dans l’émission Lundi investigation, présentée par Emilie Raffoul et Stéphane Haumant. Que montre ce documentaire, titré « Les lobbies au cœur de la République » ? Frédéric Lefebvre refuse de répondre aux questions du journaliste Nicolas Bourgouin, et réaffirme, par écrit, n’avoir aucun rôle dans Pic Conseil. Mais on découvre que l’un des autres lobbyistes de Pic Conseil, Stephan Denoyes (ancien assistant parlementaire de Christian Estrosi et actuellement assistant à temps partiel de son suppléant à l’Assemblée, Charles-Ange Ginesy) semble disposer d’un bureau Place Beauvau, au ministère de l’Aménagement du territoire tenu par Christian Estrosi, tout en n’y exerçant « aucune fonction » officielle. C’est déjà très surprenant. On y voit surtout les ministres Christian Estrosi et Nicolas Sarkozy déclarer au journaliste qu’ils ne sont pas au courant des diverses casquettes de leurs ex-assistant et conseiller. C’est encore plus stupéfiant !
Le journaliste pose finalement avec insistance une question simple : est-il normal que des lobbyistes qui interviennent pour des clients privés dans le domaine du tabac, de l’alcool et des casinos aient des accès privilégiés dans certains ministères qui traitent de certains de ces dossiers ? Visiblement, cette question semble irriter pas mal de monde…
Pour enrichir ces interrogations, le portrait du joli « Perroquet » mérite d’être complété. Les statuts de la société Pic Conseil (voir doc en Pdf) prouvent que Frédéric Lefebvre possède bien toujours 51% du capital (510 parts sur 1000) « en nue-propriété », autrement dit sans en toucher actuellement les juteux dividendes. Le prudent conseiller de Sarkozy a confié l’usufruit de ses parts à son associé, dénommé Steven Zunz (expert en affaires immobilières et autre ancien assistant parlementaire de Christian Estrosi), jusqu’au 30 juin 2007. La date ne doit rien au hasard. Selon le résultat des élections futures, Frédéric Lefebvre sera peut-être appelé à de hautes fonctions aux côtés de son mentor politique. Ou il pourra retrouver son nid de « Perroquet ». Et toucher alors dividendes ou plus-values sur sa société. Coïncidence cocasse : Pic Conseil a son siège social légal dans des bureaux parisiens qui hébergent une société de domiciliation d’entreprises au nom prédestiné : Cap Elysées International. Pour le conseiller du présidentiable Sarkozy, cela ne s’invente pas !
Deuxième précision : Pic Conseil s’est rapprochée en 2005 d’une autre société de lobbying et de communication, Causalis, présidée par un certain Jean-Michel Arnaud. Ensemble, leurs équipes se présentent désormais sous le nom de « Domaines Publics ». Leur plaquette vante leur savoir-faire en matière de « veille stratégique, réglementaire, législative et politique » en ces termes : « suivi régulier de l’élaboration des textes au stade le plus en amont : travail gouvernemental, ordre du jour des assemblées (…) ». Elle insiste sur leurs « relations régulières avec les ministères et services chargés de l’élaboration et de la mise en œuvre des dispositions réglementaires (décrets, circulaires, etc) ». Parmi ses clients figurent notamment le cigarettier Altadis, le Syndicat national des professionnels immobiliers, l’Association nationale des industries agro-alimentaires, les casinos Lucien Barrière, les groupes Bouygues, Alcatel… L’activité cumulée de Pic Conseil-Causalis a avoisiné les 2,4 millions d’euros en 2005 et leurs bénéfices sont confortables.
Troisième détail piquant : Frédéric Lefebvre, actionnaire « dormant » de Pic Conseil, a également créé, en janvier 2005, une autre société de conseil en communication, avant de suivre Nicolas Sarkozy Place Beauvau comme ministre en juin 2005. « Frédéric Lefebvre Conseil » (voir doc joints), dont le siège social est située à Garches, ville d’élection de son fondateur, a réalisé un chiffre d’affaires de 300 359 euros en 2005. Et un bénéfice de 46 548 euros.
Frédéric Lefebvre est décidément un communicant hors-pair.
Posté sur Agoravox et que je me permets de reprendre sur votre site…
"Une société de lobbying prospère, baptisée d’un nom d’oiseau, Perroquet Institutionnel Communication"
Moi, ce qui m’étonne c’est pas les "lobbyings" puisque toute démocratie a tendance à devenir une ploutocratie (gouvernement par la puissance de l’argent) mais seulement le nom de ce lobbying-là ! Bizarre comme nom ! Un nom d’oiseau !
Pourquoi le perroquet comme emblème ? Ils ont dû avoir une idée en tête…
Je crois avoir trouvé l’explication…
Parce qu’il faut toujours répéter le même discours ! Le fameux "lobbying forcing"… Sans se lasser… un peu comme pour les publicités… Un discours de perroquet… A force le discours entre dans le crâne … Et ils obtiennent ce qu’ils veulent, nos "chers" lobbyings… du pognon pour résumer…
Arrêtons ! Si la méchante presse, de méchants journalistes et même votre serviteur continuent à épingler le "Perroquet Institutionnel Communication", nous allons les obliger à changer de nom !
Ils prendront par exemple : Gramophone Institutionnel Communication ou Echo Institutionnel Communication ou, mieux, Politicien Institutionnel Communication ce qui sera, reconnaissez-le, moins poétique…
L’avantage de Politicien Institutionnel Communication serait qu’il garderaient les mêmes initiales… PIC ! … PIC, pour "picquer" notre pognon… Génial quand même ce "Perroquet IC"… Chapeau, messieurs les lobbyingueurs ! Doublement génial !
Allez, laissons-les faire leurs petites affaires dans le silence des palais ministériels ! Là, perroquets et ministres parlent à voix basse…
Nous avons voulu la démocratie, faut en payer le prix !
Ernest Rougé a écrit : ‘Parce qu’il faut toujours répéter le même discours ! Le fameux "lobbying forcing"… Sans se lasser… un peu comme pour les publicités… Un discours de perroquet… A force le discours entre dans le crâne … Et ils obtiennent ce qu’ils veulent, nos "chers" lobbyings… du pognon pour résumer…’
D’accord avec cette opinion. Je rajoute que je comprend mieux pourquoi Sarkozy répète sans arrêt le même discours, sauf qu’il n’est pas un perroquet. Ce discours est terriblement construit. D’une efficacité redoutable.
Et là, je suis d’accoird avec le commentaire suivant d’un français qui vit maintenant dans une jolie maison (250€ par mois) sur un plage de cocotiers bien , loin , loin de la France : ‘Pour ma part j’ai quitté la France depuis un an ; et je ne suis pas trés fier d’être français quand je vois ce qui s’y passe .( VOTEZ POUR LE PETIT MINISTRE DE L’INTERIEUR ET VOUS VERREZ CE QUE LA FRANCE VA DEVENIR !!!’ ?
Mais je demande à Ernest Rougé. Que signifie votre conclusion : ‘Nous avons voulu la démocratie, faut en payer le prix !’ ? ? ?