Nono Guérini a tout pour lui. Une chance quand on guigne la place de maire de Marseille. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Non, la route vers l’hôtel de ville est jonchée d’ordures.
Jean-Noël Guérini, « Nono » pour les dames, n’avait rien à souffrir.
Président du généreux conseil général des Bouches du Rhône, via son obligé Eugène Caselli, il règne aussi sur la Communauté Urbaine de Marseille (CUM). Nono, boss des socialistes d’ici, a même mis un pied dans le monde de l’entreprise. Puisque, dans sa résistible ascension, Guérini vient d’être nommé « deuxième président » de la Société coopérative de manutention (SOCOMA), un machin à la marseillaise qui fait la loi sur le port. Bref, le scénario est lubrifié, avec toutes ses cartes et la Socoma en plus, Nono a les pieds sur la carpette rouge qui conduit à la tête de la mairie de Marseille.
Dans ce magnifique port, tout le monde sait que le présent dessine l’avenir : « Gaudin, pour lui succéder, ne veut ni de Renaud Muselier ni de Guy Teissier. Il préfère tenir sa partition actuelle, sans moi la ville passe à gauche ». Alors, c’est un boulevard. Plus belle la vie de Guérini ! Las, les poubelles de Marseille recèlent des peaux de banane, et Nono a glissé dessus.
Même Renaud Muselier, pourtant une manière de dogue sans dents, après cette guerre des ordures qui, du 26 octobre au 2 novembre, a déshonoré une la ville ravalée au rang de Naples la mafieuse c’est mis a mordre en lançant Gomorra au groupe PS. Le livre culte de Saviano ! En pleine gueule, ça a du sens et c’est douloureux. Jusqu’ici plutôt affable avec les Guérini, au point de se mélanger allègrement dans des mariages intéressants, le clan Muselier s’est donc réveillé. Aux dernières municipales, Nono n’a-t-il pas menacé les plates-bandes du grand méchant mou, celles du centre ville ?
Et, de conserve avec Jean-Claude Gaudin, c’est ce même Jean-Noël qui a empêché « La Muse » de prendre la présidence de la communauté urbaine, finalement fourguée à Eugène Caselli, le Sancho Pansa de Nono. Un socialiste (si, si, Eugène est terriblement socialiste) élu grâce à la droite, pour diriger la deuxième communauté d’agglomérations de France. Deux humiliations pour Muselier, « lou ravi » de la politique marseillaise, qui n’hésite plus à mettre maintenant à identifier son ennemi, « le clan des ordures ». Donc Muselier ne croit plus au Père Noël.
Dans une gauche agitée comme un shaker, Ségolin tente de surver sur sa petite vague. C’est le nom de cène de Patrick Menucci, l’ancien directeur de campagne de Ségolène. En dépit de tous ces amis des travailleurs qui partagent la grande fraternité tamponnée PS, les réunions de la fédération, celles de la CUM ou la prise de parole dans les médias ne sont que l’occasion de montrer sa « haine de l’autre » s’amusent quelques membres de la bande à Gaudin, en escale à la terrasse du New Hôtel of Marseille. Vues sur le port et le palais du Pharo, siège de Marseille Provence Métropole, autrement dit la CUM. Ceux là, au loto électoral, jouent Menucci, « il a ce que Guérini n’a pas. Une gueule, une facilité orale et médiatique, et une victoire en mairie d’arrondissement aux dernières municipales, évidemment ça agace Guérini auquel on laisse croire à son destin de maire ».
Une lutte tout azimut, intra PS et contre l’UMP, qui va mobiliser les troupes. Colleurs d’affiche et gros bras ?
Mollo. Pensez d’abord aux camarades éboueurs. Peuvent-ils refuser un coup de colle à Nono ? Quant aux voyous en politique ? Peut être, si la patrie est en danger. Un très qu’un étrange commissaire de police, installé à Marseille, et qui roule en Porsche « parce que ça consomme peu » s’occupe des relations internationales du courant Guérini. Reste à trouver des arbitres Entre Marseille et l’Elysée, des hauts fonctionnaires, veillent. Ces casques bleux s’échinent à organiser un Yalta. Aujourd’hui le pronostic tique : quand Gaudin quittera la mairie de Marseille, il pourrait bien, avec l’âge, oublier de soutenir la droite. Guérini serait alors élu à la tête de Marseille.
Avec une condition, la ferme intention de ne rien faire pour changer un système qui fait le bonheur de tout le monde… Le triomphe de l’ouverture.
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