Une enquête est en cours sur l’attribution des marchés publics des ordures à Marseille. Empêtrés dans les sacs bleus : le patron du PS local Jean-Noël Guérini et son frère Alexandre, qui gère deux décharges dans le département.
Depuis octobre, un magistrat enquête sur les marchés des ordures à Marseille. Une affaire qui risque de compliquer la route de Jean-Noël Guérini, président PS du Conseil général, à la succession du maire Jean-Claude Gaudin. Et tourne les regards vers le frère Alexandre Guérini, fantôme des poubelles locales.
Dossier complet "La chute de la maison Guérini" à lire dans Bakchich Hebdo n°9, en vente mercredi 18 novembre chez tous les marchands de journaux.
Si vous avez raté le début, relisez ci-dessous "Un parfum de Gomorra" :
Dans sa course qui vise à en faire définitivement la plus belle ville du monde, Marseille se distingue par une politique étonnante, l’étalage de ses ordures. Une grève des éboueurs, genre Naples, s’est achevée le mercredi 5 novembre.
Mécontents du résultat d’un appel d’offres -soit de la délibération souveraine des élus de la Communauté Urbaine de Marseille (CUM), qui gère la collecte des déchets- les salariés de la société Bronzo, filiale de Veolia, ont bloqué le ramassage et transformé la ville en dépotoir.
Victoire des boueux ! Le patron de la CUM, le socialiste Eugène Caselli, a annulé l’appel d’offres. Et tant pis si la société choisie, ISS Environnement, proposait un service moins cher de 4 millions. Quand on aime Bronzo, on ne compte pas.…
Une annulation qui a reçu le blanc seing de Jean-Noël Guérini, dit « Nono », le boss des socialistes locaux, sans lequel Eugène Caselli ne va même pas faire pipi…
Et qui a également comblé le vice-président de la CUM, aussi dite Marseille Provence Métropole (MPM), le délégué à l’assainissement Antoine Rouzaud, qui s’était permis de blâmer le choix de la commission d’appel d’offres. "Pour la première fois depuis 93 on était arrivé à négocier une réorganisation sans conflit. Mes services avaient fait des analyses sur ces sociétés, la commission des marchés en a décidé autrement. Il faudra savoir pourquoi."
Une bien étrange déclaration. Si un pacte a été scellé avant la délibération, pourquoi s’emboucaner dans un appel d’offres ? Peut-être parce qu’un tel pacte aurait des atours illégaux ?
Las, le même 5 novembre, un nouvel appel d’offres, sur un marché de tri et de transfert de déchets, a encore échappé à Bronzo, cette fois associée à la société Queyras. Et c’est Sita, filiale de Suez, moins-disante de 5 millions d’euros, qui a été choisie.
Ce marché est une longue histoire. Le 6 mai 2009, il avait déjà été attribué à Sita, après un bon moment de réflexion puisque le vote a été reporté trois fois. "Les élus ont résisté face à la pression mais l’ambiance était délétère après le vote. Impossible de faire avancer un dossier, témoigne une administratif de MPM. Entre Le Pharo et le vaisseau bleu (le conseil général ndlr), la tension était palpable".
Puis le marché a été annulé le 8 juin par le vétilleux Caselli au motif "d’irrégularité dans les procédure". Irrégularité ? Un nouveau gros mot à Marseille.
Sitôt, ici, qu’il est question de poubelles les regards se braquent vers l’est. Pas Moscou, mais là où siège Nono Guérini, et un peu plus loin de son frère Alexandre, basé à la Farre-les-Oliviers où il règne sur les dépôts d’ordures.
Alex Guérini, lui aussi membre influent du PS (il siège au conseil fédéral après avoir été vice président de la commission des adhésions) et spécialiste -"depuis 30 ans" précise-t-il à Bakchich Hebdo- des ordures ménagères, via sa société de traitement et d’enlèvement. "Evidemment, dès qu’il y a un problème on colporte des méchancetés sur moi". Du genre Eugène Caselli, qui a annulé l’appel d’offres défavorable à Bronzo, a-t-il eu à souffrir de pressions ? "Jamais de la vie", nous dit Alex.
Et les liens qui existent entre Alexandre le bienheureux et Antoine Rouzaud, l’élu qui clame qu’un pacte a été conclu avant l’’appel d’offres ? "Oui Rouzaud est un ami. De même, le patron de Queyras est un jeune, qui s’est fait tout seul comme moi, et à qui je donne un coup de main".
A Marseille, le feuilleton des ordures n’en est qu’à ses débuts.
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