Début octobre, un juge a été saisi pour enquêter sur les marchés publics des ordures à Marseille. Depuis les révélations de Bakchich, l’enquête s’accélère, les perquisitions se succèdent, la première audition tombe.
L’enquête sur les attributions de certains marchés publics des déchets à Marseille s’accélère.
Le 18 novembre, jour de la sortie de Bakchich Hebdo 9 qui révélait qu’une enquête sur les marchés publics d’ordure était ouverte, des perquisitions avaient eu lieu dans l’entreprise et au domicile d’Alexandre Guérini, propriétaire de deux des plus importantes décharges de la région et frère du président du Conseil Général Jean-Noël Guérini. Lundi 30 novembre, la section de recherche de la gendarmerie a pu fêter la première audition du dossier. Michel Karabadjakian, directeur général adjoint à la propreté de la communauté urbaine de Marseille (Cum) a passé deux longues heures soumis au feu roulant des pandores. Au moins le garçon aura-t-il une belle histoire à raconter à son pote Alexandre Guérini (cf. Alex et ses bons copains), qui demande lui à être entendu par le juge.
Le traitement de faveur infligé à M. K fait suite aux perquisitions réalisées le même jour dans les locaux du conseil général des Bouches-du-Rhône et de la CUM, révélées par lePoint.fr.
La procédure judiciaire ouverte en avril et qui cible les frères Guérini retient notamment les qualifications pénales de « corruption », de « blanchiment d’argent » et de « prise illégale d’intérêt », en plus d’éventuelles « atteintes à l’égalité des candidats dans les marchés », « trafics d’influence » et « détournements de fonds publics ».
Article publié le 18 novembre 2009 dans Bakchich Hebdo
Trafic d’influence, voire corruption. Ordures. Par tombereaux. Depuis que les sardines tentent avec entêtement de boucher le Vieux Port, les conversations se troublent à peine plus qu’une mauresque quand ces vilains mots s’enchaînent. De l’acquis. Jean-Noël Guérini, président du conseil général des Bouches du Rhône, et son frère Alexandre, patron de la SMA La Vautubière, proprio de deux des plus importantes décharges de la région, répartiraient les marchés des ordures. Sans jamais les prendre en charge directement. L’histoire des patrons socialistes des Bouches-du-Rhône, se susurre. Et la justice, jusque là se tenait à l’écart des bennes à ordures.
Mais un vent inhabituel s’est maintenant levé sur la ville. Une information judiciaire pour trafic d’influence, détournement de fonds publics, marchés truqués voire corruption sur plusieurs dossiers liés au marché des ordures. En ligne de mire les deux G. Début octobre, avant même la crise des ordures, Charles Duchaîne, un magistrat de la Juridiction interrégionale spécialisé (Jirs) enquête. Ça tombe bien, un brin retors, volontiers provocateur, "Duduch" aime résister aux pressions. Wait and sea, comme on dit ici.
L’affaire de l’appel d’offres, sur le marché des poubelles, annulé par la Communauté Urbaine a charrié ce vent mauvais vers le Palais de justice quelques dossiers. « Nous avons bien quelque chose sur le gestion des ordures à Marseille, liées aux frère Guérini, souriait un magistrat du parquet. Nous avons reçu des courriers, bien sûr anonymes. Peu, mais assez précis et circonstanciés. Il a fallu lancer une enquête préliminaire, mettre en place des écoutes ». Des courriers, datés et précis que Bakchich a pu consulter. Toujours la même fable, celle des frères Guérini régnant sans partage, sur l’ordure. Sauf que désormais un juge est saisi.
S’il laisse souvent sa très belle Mercedes à la cave, et se la joue discrète, des amis d’Alex sont cité en ville, éclaboussés, ils ont subitement des noms d’embruns (voir encadré).
Alex n’a pas caché à Bakchich qu’Antoine Rouzaud, le monsieur poubelles de la CUM « est un ami ». Mais qui n’est pas ami dans cette communauté universelle ? Jean-Pierre Roncin, un expert venu de la mairie (alors FN) de Marignane, pour s’occuper des « transports et de l’aménagement des espaces » est aussi un camarade. En devenant directeur cet artiste a révélé à Karim Zéribi, un élu de Marseille : « Moi, le transport, j’y connais pas grand-chose… ». Pas grave, il apprendra. Toujours à la CUM, Michel Karabadjakian, qui dirige « la propreté l’écologie et le maritime » est sur la liste des potes. Et au Conseil général, Gérard Lafond, le directeur général de « la construction, l’environnement, l’éducation, et du patrimoine » pourrait figurer dans le Facebook d’Alex. Ce technicien de grande qualité possède, parait-il le grand art de convaincre. « Bien sûr que je les connais. Comme tout le monde. Comme toutes les sociétés les connaissent. Mais moi quand je les appelle ce n’est pas pour le business, c’est pour que ma ville soit propre et qu’ils se bougent le cul. » Entre militants c’est interdit ?
Dans la mémoire marseillaise, le nom de Guérini n’est pas rien. Deux autres frères ont régné ici, eux sur le Milieu. Antoine et Mémé, de la Libération au crépuscule des années Deferre, fin 70. « Mais dans notre village, en Corse, il y a cinquante familles Guérini » , s’énerve Alex, qui a reçu Bakchich Hebdo, « on ne va pas s’excuser de notre nom. Tout cela ce n’est qu’une construction politique pour salir mon frère, et empêcher un petit entrepreneur d’exister face aux géants du marché ». Difficile de plaider le pot de terre contre le pot Deferre.
Une vieille huile marseillaise, croisé aux abords de l’abbaye Saint Victor, sourit. Le spectacle avec vue sur le Vieux Port, enchante : « On sent que ça bouge. Les élus et responsables, sous la coupe de Nono, commencent à se demander ce qui se passe. Et n’attende qu’un signe pour le lâcher. Le système vacille ».
Mais voilà qu’un élu rose passe. Pas de présentation. « Si je dis que je suis avec Bakchich, en deux minutes on téléphone à Guérini et je me fais avoiner… Les gens sont peu de choses. Pour une voiture de fonction ils sont prêts à avaler des boas. Et puis Nono et Alex ont leur caractère. Plutôt direct et sont capable de virer du jour au lendemain. Ça crée un climat ».
Énorme employeur (8000 postes), gorgé de subventions , le Conseil général a le budget qui va avec, 1,87 milliard d’euros. Un magot suffisant pour ne se faire que des amis.
Et l’Elysée scrute plus que Solférino cette météo. Le Palais a un tropisme marseillais. Christian Frémont, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, qui s’est naguère échiné comme préfet de région ici. Ancien préfet de police de Marseille, Bernard Squarcini, a quitté le Vieux Port pour diriger la DCRI. Et légué la surveillance de la ville à un proche, le préfet Claymans. Eux savent qu’il vaut mieux regarder quand la bouillabaisse bout.
Cette affaire de poubelles a une vertu, mettre en vitrine comment le PS, qui règne à la fois sur la communauté de communes, le département et la région, exerce son pouvoir, transforme un appel d’offres en partie de bonneteau. Le 21 octobre, la Communauté de Communes de Marseille (CUM) examine un marché de ramassage d’ordures. La communauté, qui doit prendre la décision, est présidée par Eugène Caselli, un socialiste de bonne réputation, mis en place par Nono Guérini, président du conseil général et boss des socialistes locaux, convaincu qu’avec lui les vaches seront bien gardées. Avant ce scrutin d’ordures, les experts de la communauté ont été clairs, même si les services de la société Bronzo coûtent plus cher, c’est elle qu’il faut choisir, c’est « mieux » pour Marseille. Ah bon.
Antoine Rouzaud, délégué à l’assainissement, l’a révélé plus tard : « Pour la première fois, depuis 1993, on était arrivé à négocier une réorganisation sans conflit. Mes services avaient fait des analyses sur ces sociétés… » Voila que cette stupide « commission des marchés » vote pour la société ISS, qui, par rapport à Bronzo, est moins cher de plus de 4 millions et propose 50 emplois en plus. Pauvre Rouzaud, pauvre misère…
Derechef Bronzo organise la résistance. La centaine d’employés, équipée de talkies walkies, de téléphones illimités, d’autos, de camionnettes et de frais de bouche, le blocage des dépôts d’ordures peut commencer. Après six jours de peste, subissant les affectueux conseils de Nono Guérini, Eugène Caselli capitule : on annule l’appel d’offres.
Immédiatement les regards se braquent alors vers l’Est de la ville. Où siège le Conseil Général de Nono. Et où son frère Alex a installé sa société de propreté, gestionnaire de deux décharges dans de département.
A lire sur Bakchich.info :
A sardine 13
Mais il se prend pour qui Guerini ? Comment les électeurs, les militants peuvent-ils accepter de laisser croire à ces "gens" les Frêche, les Guerini, les cadres du Ps qu’ils sont propriétaire du PS ?
Il existe une gauche plus propre à Marseille, Les verts, les communistes devraient prendre leur place, ça vaudrait toujours mieux parce que le pire des cauchemars seraient de laisser les Guerini ou Tapie prendre la ville ;
En 30 ans de Deferre, et Gaudin sa suite, la ville est infiltrée au plus haut niveau par la mafia corse et italienne.
Gaudin transforme Marseille en guetto de riches, les ghettos pauvres dans les quartiers nord sont devenues des zones du tiers monde, les riches de Gaudin pensent vivre barricadées dans leurs ghettos et leurs flics pour refouler les miséreux dont la situation s’est aggravée après des années de gouvernance Gaudin