En voulant la jouer au panache, le candidat socialiste aux municipales de Marseille, Jean-Noël Guérini, risque de se trouver dans la nasse. Avec plein « d’amis » au sein du PS local, de Patrick Menucci aux proches de Michel Vauzelle, qui veulent son bien…
L’idée était belle pour le timide et angoissé président du conseil général des Bouches-du-Rhône. Aller gagner la mairie de Marseille, en quittant son douillet quartier du Panier où il était assuré d’être élu, pour aller ferrailler sur les terres de la droite dans le 3e secteur. Sauf qu’au soir du premier tour, le secteur-clé de la bataille du Vieux-Port penchait toujours à droite : 41 % pour l’ancien secrétaire d’Etat, « Lou Ravi » Renaud Muselier, 36% pour Jean-Nono. Un bel écart, difficile à combler. Même avec le ralliement à la cause socialiste du Modem, dès le lendemain du scrutin. Une fusion qui a à peine fait ciller la droite. « Leur accord était prêt dès le samedi et au moins on aura pas à se coltiner Benhamias » murmure un proche de Gaudin. Quant à ses 6 % récoltés au premier tour, pas sûr qu’ils basculent en masse à gauche… Les derniers sondages « off » donnent à Muselier encore quatre point d’avance au deuxième tour et Bruno Gilles, son second, ne cache pas « le très bon accueil recueilli sur le terrain ».
Bref, le coup semble raté. Mais plus gênant, pour l’ami Guérini, l’étiquette de looser lui pend au nez, et pourrait donner des idées à ses ennemis au sein de la fédération des Bouches-du-Rhône, qu’il cornaque depuis dix ans. Et il n’en manque pas.
La faute à ses « amis » socialistes, en passe de réussir le boulot qui leur avait été assigné. Elu dès le premier tour dans les quartiers nord de la ville, un bastion historique de la gauche, la ravissante Samia Ghali a bien fait ses devoirs. Idem pour Sylvie Andrieux, presque assurée de rafler son secteur, forte de 15 points d’avance après le premier tour. De braves filles, qui ont le tout petit défaut d’être proche de Michel Vauzelle, le président socialiste de la région, en termes assez frais avec le clan Guérini depuis de nombreuses années. Mais, après tout, ces secteurs étaient déjà quasi-acquis à la Rose.
Non, le principal souci de Guérini se prénomme Patrick. Il a le verbe haut, la taille épaisse, un nom qui ronfle plus au niveau national que local : Menucci. « Ségolin », ainsi labellisé pour sa participation active à la campagne présidentielle de la Royal en 2007, ressemble à un gros négatif de Jean-Noël. Gouailleur en diable devant la caméra, primesautier avec les journalistes, diplôme de l’IEP d’Aix quand son leader est un autodidacte, moins qu’à l’aise en public, Menucci a le don d’agacer Jean-Nono. Encore un peu plus depuis que le garçon est en passe de rafler l’un des deux secteurs (avec celui où Guérini bataille) nécessaire à la gauche pour gagner la mairie. Au coude à coude avec Jean Roatta, l’UMP sortant, (39% au garrot tous les deux), Menucci risque de passer.
D’où un tableau apocalyptique pour le président du conseil général : les proches de Vauzelle élu, Menucci vainqueur… et lui peut-être à la ramasse, porteur du fardeau de la défaite. De là à ce qu’un putsch local voit le jour, il y a un pas. Les arcanes de la fédération d’abord. Et les élections de dimanche. Mais les ingrédients sont là. « Jean-Noël est un grand inquiet », concède un proche.
D’autant que des bords boueux de l’étang de Berre voisin, s’extrait un revenant : François Bernardini, l’ancien patron de la Fédération socialiste et ex-président du conseil lourdé par Guérini. Tombé en disgrâce socialiste et judiciaire (condamné par les tribunaux pour détournement de fonds publics) en 2002, le rebondissant François a purgé ses cinq ans d’inéligibilité sans perdre sa popularité. Sans étiquette, mais avec 42 % des voix au premier tour des municipales d’Istres. Un tour de force qui assure son élection. guère rassurant pour Jean-Nono. « Prononcer son seul nom suffit à faire blêmir Guérini de rage ». Et Bernardini a encore bien des amis dans la région.
Voilà comment, à moins d’un miracle électoral, plutôt que « taper » Gaudin, Guérini risque de se prendre un gadin…
Cher Xavier…
Une rectification orthographique, un probleme que nous avons eu à l’EJCM lorsque nous avons rédigé notre 32 pages sur les municipales.
Il s’agit de Patrick MENNUCCI et de Jean-Luc BENNAHMIAS.
Sinon, bonne analyse, surtout qu’il semble probable que Jean-Noël tombe ce dimanche.