Pas sûr que la mise à l’ombre du croquemitaine de la politique marseillaise, soudainement mis à la une des journaux, purifie l’atmosphère viciée par les rumeurs de la cité phocéenne.
"On y est". Les mots sont prononcés dans un souffle. Pas le dernier. "L’ambiance était devenue irrespirable. Même au sein de la fédération ou du conseil général. Dès que trois personnes se réunissaient, cela prenait des airs de complots ou de reconstitution de ligues dissoutes". Une ambiance malsaine. Ni la vague de froid, ni le vent qui s’est levé ces dernières semaines, ne gênent cet élu marseillais. Plutôt un relent de poubelles, que les gendarmes agitent depuis 18 mois autour des marchés publics des institutions de la plus belle ville du monde.
Soupçons sur les appels d’offres des communauté d’agglomération de Marseille Provence Métropole et du Pays d’Aubagne, collusion à l’office des HLM du département, (OPAC 13), atermoiements autour des constructions publiques. Et derrière le "X" de l’information judiciaire ouverte en avril 2009 et révélé six mois plus tard par Bakchich, un nom porté par la rumeur : Alexandre Guérini. Alias "M. Frère", cadet du patron des socialistes locaux, Jean-Noël, dit Nono, président du conseil général, de la fédération locale (titre hors statuts), et aspirant à la mairie de Marseille.
Un an après les perquisitions de son domicile et de ses sociétés, six mois après la mise en examen et l’incarcération d’un proche, Éric Pascal - aujourd’hui libre-, Alex est passé au tourniquet judiciaire en début de semaine. Accusé de "trafic d’influence, détournement de fonds publics, corruption active, abus de bien sociaux, recel et blanchiment", le patron d’entreprises dort depuis mercredi soir à la prison de Luynes. "Au cabanon", sourient souvent les locaux.
Pas sûr que la mise à l’ombre du croquemitaine de la politique marseillaise, soudainement mis à la une des journaux, purifie l’atmosphère viciée par les rumeurs de la cité. René Nostriano, président de la fédération des BTP des Bouches-du-Rhône et proche des Guérini, en a été victime. Annoncé en fuite par le microcosme marseillais, et plusieurs médias dont Bakchich, le bonhomme est en villégiature en Suisse. Retour annoncé pour le 14 décembre sur les bords de la Méditerranée. Ancien patron de 13 développement, l’ex Société d’économie mixte en charge des constructions pour le conseil général, Jean-Marc Nabitz n’a pas lui refait surface depuis le début de l’année…
"On y est". Une étape, simplement, de passée. Et des cartes abattues. Guérini a vu le juge, a été confronté à ses présumés complices, après des mois d’attente. Le socialiste sait désormais ce qui lui est reproché. Un vaste pan du code pénal. D’avoir influencé des recrutements dans des institutions publiques comme la Communauté urbaine de Marseille, truandé des appels d’offres, surfacturé des prestations et versé des déchets privés dans une décharge publique. Voire s’être acoquiné avec le Milieu, le clan Barresi notamment. Et le fier garçon a dorénavant accès au dossier judiciaire…
Un abcès de vidé. Pas encore le sac. Que les proches d’Alexandre promettent garnis de surprises. "On l’accuse d’être incontournable, omnipotent, alors pourquoi ses sociétés n’ont que 8% du marché total des déchets de 500 millions d’euros dans le département ? Pourquoi ne récupère-t-il que 30% des ordures ménagères du département ? Pourquoi les autorités et notamment les préfets n’ont-ils jamais trouvé rien à redire à son travail ? Quant au grand banditisme…pfff… Il ne vérifie pas les casiers de ses associés, c’est tout ! Les voleurs ne sont pas dans le camp d’Alexandre". Ni les gendarmes apparemment.
Éric Pascal a longuement été interrogé par la section de recherche de la gendarmerie, en charge du dossier ces derniers jours. Mis en examen dans un dossier connexe, le patron de la société de déchets Queyras bénéficie du statut de témoin assisté dans ce volet de la procédure. Philippe Rapezzi, l’associé de toujours, passe ses nuits au frais, également depuis mercredi. La femme d’Alex, après 48 heures de garde-à-vue a été relâchée, une mise en examen sous le bras.
"Les charges qui pèsent sur lui sont ridicules, assurent ses amis, il avait un sac de documents à montrer au juge, il n’en a même pas eu besoin". Petite exagération marseillaise. Sans doute. N’empêche que Guérini professe surtout de sa volonté… de nettoyer Marseille. "Évidemment que j’appelais Karabadjakian, Roncin ou Rouzaud pour les engueuler quand les rues n’étaient pas propres, avait-il un jour de février décrit à Bakchich, si c’est ça du trafic d’influence alors évidemment".
Déjà auditionné en fin 2009, Michel Karabadjakian, directeur général adjoint chargé de la propreté à Marseille Provence Métropole, a avoué avoir été embauché par Alexandre. Qui ne joue pourtant aucun rôle dans l’institution. Et ce pilier de FO, syndicat choyé par la droite comme par la gauche d’être mis en examen pour corruption passive… Assorti d’un contrôle judiciaire qui l’empêche de continuer à exercer ses fonctions. Directeur général des services de MPM, Jean-Pierre Roncin n’a pas été entendu. Ni Antoine Rouzaud, vice-président de l’institution en charge de la propreté.
Mais selon nos informations, les pandores n’ont pas fini d’offrir des tournées auprès des proches- ou supposés tels- de Guérini. Et frère. Déjà le directeur de cabinet de Jean-Noël et son directeur de communication ont été entendus comme témoins. Idem pour les piliers de l’Opac 13, le tremplin de l’ascension politique de Jean-Noël. Le ballet autour d’Alexandre ne va pas s’arrêter.
"Il est grande gueule, charmeur, convaincant, mais il ne va pas joueur les victimes éplorées. C’est un combatif, et un gros bosseur quoiqu’on en dise", témoigne cette conscience de droite, qui aurait "aimé avoir quelqu’un de sa trempe" dans son camp.
Qui joue serré. Et les troupes, dans le sillage du maire Jean-Claude Gaudin, d’insister sur "la présomption d’innocence" dont jouit le cadet des Guérini. "La droite a peur", avance le premier cercle des Guérini. Jusqu’en 2008, elle avait la majorité à la Communauté urbaine de la ville. "La pieuvre" qu’aurait construite Alexandre aurait-elle prospéré sous son règne ?
"Si le grand nettoyage promis arrive, s’amuse un huile de la ville, il va falloir nous envoyer un gouverneur pour gérer la ville"…
La saga Guérini sur Bakchich.info :
Je ne sais si vous l’avez rappelé, à Marseille,il y a 50 ou 60 ans, le nom de Guérini plus que quiconque signifiait "maffia , racket, voyous, prostitution, corruption…".
Mémé Guérini et sa bande dévalisait et maintenait Marseille dans la pauvreté.
Voyous et politiques se sont mis d’accord depuis Defferre et sans doute avant et à présent marchent la main dans la main pour une ultlime comédie qui ravage le ville et ses habitants.