Petit séisme dans le socialisme marseillais, Jean-Noël Guérini est en passe de devenir le patron de la Socoma, le bras du PS sur le port… au détriment de Sylvie Andrieux, empêtrée dans l’affaire des subventions détournées.
Un brin engoncé dans le dossier des subventions détournées des Conseils général et régional, qu’il tient tous les deux, le PS marseillais s’est fait assez discret cet été. A un petit évènement près, la nomination de Jean-Noël Guérini, boss de la rose locale et patron du CG 13, comme 2e président de la société coopérative de manutention (Socoma).
Une institution tant à Marseille que pour les socialistes locaux. Créé à l’initiative de Gaston Defferre dans les années 50, cette coopérative ouvrière a longtemps été un acteur influent de la vie portuaire autant qu’une manne financière, un point de chute ou une sorte de centre de formation des cadres du parti.
Bref, Jean-Nono, s’il a raté la mairie et devra patienter au moins jusqu’au prochain scrutin pour s’installer sur le Vieux-Port, prend ses aises dans un bastion historique du deferrisme. « Attention, le rôle de 2e président n’est que symbolique », précise un indiscret de la Socoma, « son rôle ne sera pas opérationnel ». Plutôt une mise sur les rails dans le cadre de la succession de Charles-Emile Loo, baron socialo-defferiste local aux 87 beaux printemps. Et assumée comme telle dans La Provence du 21 juillet. « L’âge que j’ai doit m’interdire toute légèreté pour la suite », explique Charles-Émile Loo qui a « longtemps cherché qui pouvait assurer la relève ». Avant de porter son dévolu sur Guérini, le jour anniversaire de la mort de Gastounet. A cette occasion, la grande famille socialo-marseillaise a l’habitude d’aller fleurir la tombe de l’ancien maire de la cité. Et Loo en a profité pour proposer le poste au président du conseil général. « J’ai accepté après réfléxion et j’ai acheté cent parts contre 22 300 euros », précise-t-il gentil à Bakchich après avoir consulté son chèquier.
« Encore un sale coup pour Sylvie Andrieux », analyse surtout un vieux routier de la politique marseillaise. La députée marseillaise et vice-présidente démissionnaire du Conseil régional a en effet été nourrie au lait de la coopérative. Son père en a été l’un des fondateurs, sa marraine siège toujours en son conseil d’administration et elle-même y a travaillé et y possède toujours des parts.
« Logiquement c’est à elle que la Socoma aurait du revenir », ponctue notre expert ès politique-bouillabaisse.
Mais depuis mai et les révélations de Bakchich sur le dossier des subventions détournées des Conseils général et régional, dame Sylvie n’a pas très bonne presse. Principale visée en tant que vice-présidente de la région en charge de la politique de la ville (qui avait en charge les subventions détournées), perquisitionnée en son bureau et sa permanence, les projecteurs de l’enquête se sont pour l’instant braqués sur elle. Les médias et le pouvoir politique suivant le trajet, ses délégations lui ont été retirées. Sans qu’un vent de soutien, au sein du PS, ne se lève… Plutôt un cordon sanitaire, histoire de circonscrire le scandale du clientélisme politique local à un seul nom.
« Avec ce coup de la Socoma, constate une huile du PS marseillais, elle se fait tondre de tous les côtés ». Au risque d’énerver une femme politique au tempérament très méditerranéen. Et pièce centrale d’une enquête qui pourrait éclabousser tout l’édifice du PS marseillais…
« Ce n’est ni mon problème, tranche Guérini, ni celui de la Socoma, ni celui de Charles-Emile Loo ». Certes.
Mais comme l’avait révélé Bakchich, Sylvie Andrieux a demandé à être entendu par Franck Landou, le juge en charge de l’instruction, au début de l’été. Pour l’instant sans succès. Mais l’annonce d’une rencontre entre le juge et elle a suffi à gâcher l’été de bien des socialistes marseillais…
A lire ou relire sur Bakchich.info
Twitter
Facebook
Imprimer
Commenter
Recommander à un ennemi