Une vingtaine de personnes, dont le frère du président du conseil général, ont été entendues par les gendarmes dans le cadre de l’enquête sur les marchés publics. Les paris sont ouverts sur les prochaines convocations.
Un an d’attente. Depuis la révélation par Bakchich en novembre 2009, de l’existence de l’instruction judiciaire sur de présumés marchés truqués dont il serait le bénéficiaire, Alexandre Guérini a dû patienter. Et le frère du tout puissant patron des socialistes marseillais, amiral du vaisseau bleu du conseil général, de voir ses entreprises perquisitionnés, ses domiciles fouillés, ses téléphones épluchés. Et certains proches partir au tourniquet judiciaire. A l’instar d’Eric Pascal, patron de Queyras environnement qui fait dans les déchets, comme lui. Mis en examen, écroué et libéré. Sans qu’Alex puisse moufter. Ni convoqué, ni entendu malgré ses demandes, lui qui trépignait de rencontrer le juge Duchaine en qui il dit avoir confiance, et dont les rumeurs de mutation semblent l’inquiéter. "Si c’est un juge honnête, il faut pas qu’il parte",s’est-il un jour écrié auprès de Bakchich. Mais pourquoi ne me convoque-t-il pas ?" Impuissant.
Inimaginable surtout pour le croque-mitaine de la politique marseillaise, supposé empereur des déchets et vrai maître de l’échiquier politique marseillais. Lundi 29 novembre au matin, l’heure est venue. Les gendarmes sont venus à son domicile sans le trouver. Lève-tôt, le petit frère de Nono n’a pas fui le réveil des gendarmes. Il l’a devancé, reprenant la maîtrise des événements et se rendant de son propre chef à la gendarmerie Beauvau, où planque la cellule déchets 13 en charge de l’enquête depuis 18 mois. Pour être mis en garde-à-vue. "A-t-il été prévenu ? Y a t il eu un deal pour éviter des photos de presse ? s’interroge dans un sourire une éminence de la droite marseillaise. Qu’importe après tout. Alex est un bosseur, pas du genre à fuir. Préserver l’image est important".
A Marseille on porte beau. Et on se toise. "Les gendarmes étaient tirés à quatre épingles, les locaux sont superbes. On a l’impression qu’ils veulent faire reluire les affaires de déchets" s’amuse un cabotin témoin de la scène. Fait inhabituel, Charles Duchaine, la magistrat instructeur, s’est déplacé. Avec son collège Claude Choquet. Pour superviser les auditions. Du monde se bouscule au portillon de l’avenue de Toulon. Une vingtaine de personnes accompagnent le cadet des Guérini. Dont Philippe Rappezzi. Son bras droit dans les affaires, qui, joint la semaine passée par Bakchich, ne se sentait guère concerné par les remous judiciaires. Goûtent aussi à la politesse gendarmesque des fonctionnaires en prise direct avec les marchés publics d’ordures suspects, en poste à la Communauté urbaine de Marseille ou d’Aubagne. Les sociétés d’Alexandre disposent de contrats avec les deux institutions. Garde-à-vue logique. "Dans le sens de l’enquête", avance même un ponte de la Cum. Prudemment.
Un coup semble déjà parti. Dont la détonation a été ressentie jusqu’en Pologne, où Jean-Noël Guérini promène, comme chaque année, des collégiens. L’an dernier, son escapade avait coïncidé avec la perquisition du Conseil général. Cette fois, son état-major a été prié de se déplacer. Rémy Bargès, directeur de cabinet et Gilbert Gaudin, patron de la communication, ont eu rendez-vous avec les pandores. Quatre heures de palabre. "Oui on m’a demandé ce qu’il en était de mes relations avec Alexandre, son influence dans le cabinet", précise, détaché, le dir’cab. "Le président rentre aujourd’hui (mardi ndlr), nous verrons si le conseil général communique autour de l’affaire".
Simples témoignages ? La section de recherche s’est déplacé jusqu’au Vaisseau bleu, le siège du CG, pour signifier l’urgence des convocations. Dès potron-minet. Bureaux vides. Mais le message a bien été entendu. Le premier cercle de Jean-Noël s’est retrouvé presque tout entier dans les locaux de la gendarmerie. "Peut-être même ont-ils convoqué Gaudin seulement pour empêcher Jean-Noël de communiquer, se risque une huile de la Ville. Ou interroger le communicant sur ses effectifs pléthoriques". En termes policiers ?
Pour finir de transformer la matinée en réunion familiale, les limiers en ont même appelé au berceau de Jean-Noël. La matrice de son ascension. L’Opac sud, devenu Habitat 13, l’office HLM du Conseil Général. Le nid douillet où douze ans durant, sa carrière politique a vécu sa gestation. Jean-Noël en a assuré la présidence de 1987 à 1999. Un long règne. Perpétué par un trio convoqué hier matin, également, comme témoin. Son ancienne secrétaire, Antoinette Camiglieri, devenue chef de cabinet du président de l’OPAC. "Les yeux et les oreilles de Nono à l’office" détaillent les salariés du cru. Son ancien directeur de cabinet, Jean-François Noyes, élu territorial, devenu président de l’office. Et le directeur général, Bernard Escalle.
Les gardiens d’un temple où la justice cherche des trésors.
Lié au ponte du milieu marseillais Bernard Barresi, l’entreprise Alba a longtemps assuré la sécurité des bâtiments de l’OPAC. Une enchère à 4 millions d’euros. Quant à la société ABT, tout aussi dépendante de "M. Jambon", a décroché un contrat de 3 millions d’euros (HT) avec l’office. Embastillé depuis fin octobre, son gérant, Damien Amoretti se révèle être l’un des associés d’Alexandre. Dont l’entreprise SMA Environnement à dégotter trois appels d’offres à 320000 euros chacun pour débarrasser des parties communes en 2009.
Et les enquêteurs de naviguer dans les brumes de l’OPAC. En attendant l’éclairage d’élus ? Le port de Marseille bruisse déjà de rumeurs. Et de paris autour des prochaines convocations…
Lire ou relire sur Bakchich.info :
sur le fond, ne pas oublier non plus que tout ce beau monde de la politique locale Marseillaise se tient par la barbichette. Et le premier qui parlera recevra une … certainement pire qu’une tapette.
Ne pas oublier on plus l’affaire en cours au Conseil Régional et toutes les dérive qu’elle révèle au-delà du financement des associations bidons des quartiers nord de la ville de Marseille. Ils se sont tous recrutés entre eux, sont de la même famille, etc… Un exemple ? L’ex Directeur de cabinet de Vauzelle, viré par la Président qui prétend ne rien savoir de ce que son plus proche collaborateur a fait, a été aussitôt "embauché" au même poste par le tout nouveau Président de MPM, Mr CASELLI. Lequel Caselli n’est que le pantin de Guérini. Qui est ce superbe Directeur de cabinet ? Le mari de la Vice Présidente du Conseil Général, Samia GHALI, par ailleurs Sénatrice PS.