Traitement des déchets, marchés publics, bouillabaisse politico-affairiste, les enquêtes du juge Duchaine sur les marchés publics dévoilent tout un système.
Marseille ne connaît les affres de la neige que tous les vingt ans. Plus habituée au mistral et aux vents violents, la plus belle ville du monde se sent même parfois intouchable, immunisée, préservée. Un climat d’impunité… que les dernières bourrasques judiciaires font vaciller.
La tempête, annoncé dès 2008 par Bakchich et officialisée par Bakchich Hebdo en novembre 2009, s’est mise à souffler si fort que tout le monde est désormais aux abris. Traitement des déchets, marchés publics, lien avec le grand banditisme, bouillabaisse politico-affairiste, les enquêtes du juge Duchaine sur les marchés publics dévoilent tout un système, qui régit Marseille depuis des lustres. Et se fissure sous les coups de boutoir des gendarmes de la section de recherche.
Seul fusible local à fondre pour l’instant, Alexandre Guérini, cadet du président socialiste du conseil général des Bouches-du-Rhône, est présenté comme une pieuvre, la tête du système de détournement. Dans ses sociétés sont découvertes des marchés avec l’office des HLM du département, véritable fief familial, et un actionnaire lié au clan Barresi, une entreprise domiciliée chez Bernard B. en cavale pendant 18 ans, avant de déménager chez Jean-Luc, le frère, ce qui réserve de futures bonnes surprises.
Un environnement assez peu sain pour un spécialiste des déchets, très en cours chez les géants de la propreté (voir le portrait d’Alexandre dans Bakchich Hebdo n°50)…. "Alexandre est un bosseur, un acharné du boulot [1] qui s’est fait à la force du poignet, témoigne une éminence de droite, mais il a pu être pris dans un jeu dangereux". Celui qui consiste à la fois à décrocher des marchés un peu trop facilement et à ouvrir son capital à des truands du grand banditisme en cavale.
En prison depuis le 1er décembre, "M. Frère" a fait appel de sa détention. Les débats ont eu lieu le 8 décembre. Le parquet a demandé qu’il reste au "cabanon" de Luynes, à mi-chemin entre Aix et Marseille, double théâtre des principales exactions de cette nébuleuse affaire, les juges ont choisi -fait rarissime en matière de détention provisoire- de prendre la peine de la réflexion. Décision lundi 13 décembre. D’ici là, le dossier aura sans doute eu droit à des envolées politiques.
Etouffé au conseil municipal de lundi 6 décembre (avec ordre donné par le maire Jean-Claude Gaudin à Renaud Muselier de ne pas faire d’esclandre dans l’hémicycle) le débat sur la gestion des ordures marseillaises promet d’agiter la séance plénière de la communauté urbaine (Cum), vendredi 9 décembre.
La Cum, le coffre-fort de la ville, gère le ramassage des déchets… et distribue les marchés publics visés par l’enquête. Son président socialiste Eugène Caselli a été installé à la barbe de la droite - pourtant largement majoritaire- grâce à l’entregent des Guérini en 2008…
Son directeur de cabinet, Franck Dumonteil, imposé par Jean-Noël Guérini, est déjà mis en examen dans le dossier des subventions détournés du conseil régional, où les mêmes l’avaient placé en 2008.
Son directeur adjoint à la propreté, Michel Karabadjakian a été mis en examen pour corruption passive dans le cadre de l’enquête sur les marchés truqués. Ce ponte de FO a déclaré avoir été embauché par Alex, pourtant sans mandat à la Cum et avoir cédé à ses pressions.
Son vice-président à la propreté, Antoine Rouzaud, très proche des Guérini, ne devrait pas y couper… L’an dernier, pendant la grève des ordures, sa prise de position contre la commission d’appels d’offres de l’institution et ses étranges déclarations [2] avaient intrigué.
Avant le tourniquet judiciaire et une convocation qui lui tend les bras, Antoine Rouzaud devra affronter la harangue de Renaud Muselier. Selon nos informations, l’éternel dauphin de la mairie va publiquement demander vendredi sa suspension. Et une enquête interne. Comme l’an dernier à même époque, va-t-il jeter une nouvelle fois le livre Gommora à la figure du président Caselli ? Pas sûr. A trop agiter le clapotis du Vieux Port, Muso s’est trouvé éclaboussé : Barresi Bernard, arrêté en juin n’est autre que le frère de son pote Barresi Jean-Luc, agent de joueur et affairiste multicartes.
A trop vouloir passer pour le grand dragueur des eaux politiques marseillaises, Muselier s’est mouillé. Depuis mercredi soir, le GIPN (Groupement d’intervention de la Police Nationale) couvre les arrières du Lou Ravi de la politique marseillais. Histoire que le dauphin ne termine pas échoué sur une plage.
A ne pas rater : le scoop de France 3 sur l’affaire
La saga des ordures marseillaises sur Bakchich.info :
[1] L’une de ses sociétés a même été rachetée 20 millions d’euros par Veolia, selon son PV d’audition révélé par le Canard Enchaîné, en 2001. Mais le palmipède se trompe de boîte. C’est Sud Marseille Assainissement qui a été rachetée par le géant du déchet, et non SMA Environnement, toujours propriété d’Alex
[2] "Pour la première fois depuis 1993 on était arrivé à négocier une réorganisation sans conflit. Mes services avaient fait des analyses sur ces sociétés, la commission des marchés en a décidé autrement. Il faudra savoir pourquoi."
Pourquoi sous protection le Renaud…ne porte-t-il pas depuis sa naissance une muselière ?
De toute façon,magouille ou pas magouille,élus pourris ou hônnetes,médias serviles et lâches ou médias sains d’esprit et épris de liberté d’expression…à Marseille c’est foutu depuis très longtemps,réputation fétide de conséquence,la preuve même ceux qui y jouent au foot et qui y réussissent en gagnant la coupe d’Europe des clubs champions de foot passent quelques temps à l’ombre…imaginez les pontes politiques qui " eux ",ont le pouvoir ?