Au PS, on se tient à carreau pour ne pas froisser le patron dont le frère est en prison. Le PC s’est déjà mis aux abris. Et la droite craint que l’enquête vienne mouiller les bons amis du BTP.
Ambiance garantie au conseil municipal marseillais de lundi (visible en direct sur internet). Le maire Jean-Claude Gaudin, qui n’aime rien moins que les juges qui rôdent dans "sa" ville et qui abîment son image, est nerveux.
Bien plus que les fusillades, les armes et la drogue qui inondent les cités marseillaises (voir Bakchich Hebdo n°49), l’enquête sur les marchés publics des déchets et ses embruns inquiètent le pagnolesque Jean-Claude.
Elle met en branle le précaire équilibre local, et la trêve instaurée depuis 2008 entre lui et Jean-Noël Guérini, patron des socialistes marseillais, président du conseil général. L’ennemi préféré, dont le frère Alexandre, croquemitaine de la politique et des ordures marseillaises dort depuis le 1er décembre en prison… Au PS tant que Nono n’est pas directement inquiété on se tient à carreau pour ne pas froisser le patron. Le PC s’est déjà mis aux abris : un pan du volet de l’affaire touche Aubagne, fief communiste du département. Et la droite craint que l’enquête vienne mouiller les bons amis du BTP.
D’ailleurs, le 29 novembre, sitôt connues la garde à vue d’Alexandre Guérini et le passage chez les gendarmes de la garde rapprochée de Jean-Noël (son dir cab et son dircom), le premier magistrat de la ville s’est empressé d’aller aux nouvelles et de lancer un appel très ferme à la retenue à ses troupes. "Le message de Jean-Claude c’est ’pas de vague’. Il veut terminer son mandat tranquille" glisse un élu de la droite marseillaise. Président de la Communauté urbaine (Cum) jusqu’en 2008, l’élu a peut-être des raisons à ne pas vouloir trop s’épancher sur les marchés publics des ordures… Suffisant pour ménager le PS, les Guérini, et Eugène Caselli, actuel président socialiste de la Cum dont il a permis l’élection et le maintien malgré une écrasante majorité de droite à l’assemblée de la communauté d’agglomération en 2008.
Prudence donc… que n’a pas empruntée Renaud Muselier, lou ravi de la politique marseillaise. Le jour même de la garde-à-vue d’Alexandre Guérini, Renaud a sorti le museau. Une pleine page d’interview dans la Provence et un appel de une. Guérini incarcéré deux jours plus tard, l’éternel aspirant à la mairie plastronnait, toujours dans la Pravda locale. "Aujourd’hui, je constate que la totalité des éléments que nous avions dénoncés dans ce dossier ont été retenus par le juge d’instruction. C’est une situation dramatique et gravissime pour Marseille. La ville ne mérite pas ça. Je ne suis ni gendarme, ni juge, ni délateur. Je suis simplement un homme politique qui assume"… et qui ne souhaite pas conserver ses attributs de cocu de la politique marseillaise.
Petit retour en arrière. Promis à la présidence de la Cum, lui qui a fait basculer le scrutin pour Gaudin en 2008, Muso s’est retrouvé doublé par Caselli. Quant à la mairie, que Gaudin préfère léguer son trône à un socialiste plutôt qu’à la droite est plus qu’un murmure : une certitude dans les hautes sphères marseillaises. Seule possibilité de ne pas échouer sur une plage pour l’éternel dauphin, rompre l’armistice qui régit la vie politique à Marseille. La crise des ordures et l’instruction qui s’en est suivie a dès lors constitué le cheval de bataille. Si férocement enfourché qu’Alexandre Guérini continue de le désigner comme l’instigateur des lettres anonymes qui lui valent d’être désormais au frais, dans la prison de Luynes. Improbable voire impossible. Et démenti. "Les lettres étaient trop bien écrites", sourit un des enquêteurs. Mais l’image d’un Muselier qui attise les braises d’une enquête demeure fort gênante….
En 18 mois, l’instruction sur les marchés d’ordures supposés truqués a eu des répercussions puissantes avant même que "Monsieur Frère" ne soit interrogé. En incidente, un gros parrain du milieu marseillais, Bernard Barresi a été retrouvé après 18 ans de cavale. Un homme bien implanté, et dont l’un des proches était actionnaire, via sa société SMAD, d’une société d’Alexandre Guérini. Sur les traces de M. Frère, la justice aurait-elle déniché Bernard Barresi, alias "M. Jambon" sur les écoutes ? "Oui", glisse un enquêteur. Énorme !
Et les ambitions politiques de créer des querelles de famille… Le 12 janvier 2009, la SMAD, l’entreprise actionnaire de la SMA Vautubière présidée jusqu’au mois dernier par Alexandre Guérini, a gentiment migré vers le bord de mer. Plus précisément au 171 bis, chemin de la de la Madrague-Ville, siège des entreprises de Barresi… Jean-Luc. Le frère de Bernard, agent de joueurs un temps très influent à l’OM se révèle un ami de… Renaud Muselier.
"En 2008, pendant la campagne municipale, les gros bras étaient sortis entre Guérini et Muselier. Pour éviter que ça dégénère, Bernard et Jean-Luc sont intervenus chacun auprès de leurs amis politiques et les esprits se sont calmés", se remémore une huile du Vieux Port à l’analyse tranchée : "On disait Jean-Luc fâché à mort avec son frère. Que des sociétés proches de son frère viennent loger à la même adresse laisse penser que ce n’est pas le cas. Et si le Milieu croit que c’est Muselier qui a balancé alors…"
Un ancien préfet a conseillé ces derniers jours à Muselier de faire attention. Des flics marseillais aussi. Alors quand Hortefeux est venu parader sur le Vieux Port le 21 novembre dernier, après des fusillades dans les cités marseillaises, Renaud a glissé un mot à son pote Brice. "Alors tu as préparé mon oraison funèbre et un mot pour ma femme. - Arrête elle serait trop contente. - T’es con". Le temps est-il encore à la galéjade ?
La saga Guérini sur Bakchich.info :
voilà ce que vient de publier LA PROVENCE.com… "Le ton est monté entre Samia Ghali (PS), Jean-Marc Coppola (PCF) et Bruno Gilles (UMP). Quand Jean-Marc Coppola a demandé la mise en place d’une commission d’éthique à la ville de Marseille, Bruno Gilles s’est énervé, répétant plusieurs fois : "Moi je n ai rien à me reprocher." Yves Moraine (UMP) a ensuite pris la parole : "c’est vraiment énorme que ce soit le vice-président du Conseil régional élu au rattrapage, (Jean-Marc Coppola NDLR) qui vienne donner des leçons en matière d’attribution des subventions. Alors que des élus et des hauts fonctionnaires du Conseil régional sont mis en examen justement sur cette question". Et d’ajouter : "La seule collectivité qui n’est pas visée par la justice c’est la ville de Marseille. Ce n’est pas le cas de MPM, du Conseil général, du Conseil régional et de l’agglo d’Aubagne."
Commenatire : il normal que GAUDIN joue l’apaisement car il a conclu un pacte de non agression avec GUERINI, Président du Conseil Génaral. Il normal que Samia GHALI proteste car c’est son mari (eh, oui !) qui était le Directeur de cabinet de VAUZELLE au moment des faits (attributions des subventions aux associations bidons des quartiers nord). Et, en plus, aussitôt mis en examen puis viré, son époux est devenu…(devinez !) Directeur de cabinet de CASELLI, Président de MPM. N’oubliez pas, enfin, que GHALI est Vice-Présidente du COnseil Général. Bref, ils ont tout pris pour eux !!!
C’est sûr que le Préfet sait de quoi il parle quand il conseille à Renaud Muselier de se tenir à carreau.
Faudrait pas, pour l’image de marque de Marseille (il en reste une ?) qu’en plus de l’affaire Guérini, sorte celle de Muselier et des 33 villas de son affaire immobilière de Belle Rivière dans l’île Maurice. Affaire qui échappe à l’impôt, bien entendu.
Pour laver plus blanc, faut être propre…