A la Rochelle, le PS a joué l’unité. En fait, dès cette semaine, l’aile gauche dénonce une éventuelle alliance avec le MoDem.
L’université d’été à peine terminée, Martine Aubry s’attend à un « retour des emmerdes », comme le concède son entourage. La question du périmètre des alliances pour les régionales en mars 2010 n’est pas réglée. Les « emmerdes » risquent de venir de l’aile gauche du PS qui pousse en faveur du NPA. Martine Aubry exclut toute alliance avec la formation d’Olivier Besancenot.
Depuis lundi, Benoît Hamon ne voit la vie qu’en rose. Voire rouge. Lorsqu’on lui demande s’il compte inviter le leader de la gauche radicale à l’université de rentrée de son courant « Un Monde d’Avance », il nous déclare : « Le NPA, nous sommes avec eux dans la rue pour défendre les salariés en lutte » . Avant d’avouer en comité restreint à la Rochelle : « Ils invitent le MoDem ? Moi, je vais inviter le NPA ».
Le « NPA n’a encore pas reçu d’invitation », nous confie Alain Krivine, tandis que Benoît Hamon, amusé, n’infirme pas. Il faut dire que le Parti anticapitaliste a toujours daigné faire alliance avec quelque parti de gouvernement que ce soit : PC en 2002 et 2007, PC-PG (Parti de Gauche) aux européennes de juin dernier. Refusant toute compromission politique avec ceux qui entretiennent le capitalisme.
Marie-Noëlle Lienemann, ancienne ministre de Jospin et animatrice du club « Gauche Avenir », dans un entretien donné à Bakchich, enfonce le clou. « Martine Aubry n’est pas sortie de l’ambiguïté. Le temps est à la clarification ». Tout rassemblement de la gauche exclut une alliance avec le MoDem. La « maison commune » que souhaite construire Martine Aubry est la question centrale aujourd’hui, poursuit-elle. « Nous devons trouver un accord sur le fond, un axe de transformation sociale pour l’accès au pouvoir ».
Pascal Cherki, maire du quatorzième arrondissement de Paris et secrétaire général d’« Un Monde d’Avance », tacle sévèrement la gauche, version molle, en lui prévoyant la destinée d’un « astre mort ». « L’avenir de la gauche, c’est un rassemblement qui inclut toute la gauche du NPA au PRG ».
L’ex-dirigeant socialiste et leader actuel du Parti de Gauche (PG) Jean-Luc Mélenchon ne compte pas se laisser « plumer par un PS arrogant » et « dominateur ». Nous devrions « les rejoindre sur leur programme ? ». Avant de rappeler aux oublieux que « les victoires électorales de la gauche, celle de François Mitterrand en 1981, comme celle de Lionel Jospin en 1997 se sont faites avec des programmes clivants et non sur des propositions consensuelles ».
Dans une déclaration passée relativement inaperçue, le 30 juin, le NPA et le PG de Mélenchon se prononçaient « au premier tour des régionales pour un accord national pour les 21 régions hexagonales sur des listes autonomes indépendantes ».
Dans un entretien avec une quinzaine de militants de la gauche du PS à La Rochelle, Bakchich a pu humer l’ambiance qui règne dans les rangs hamonistes, au niveau de la base militante. « Si on est dans une configuration aux régionales avec des listes PS-Modem contre PG-NPA » dit l’un, « beaucoup d’entre nous vont voter pour la seconde solution ». « Si il y a alliance avec le Modem, dit l’autre, l’hémorragie au sein de notre courant va être grande, ce sera à nos dirigeants (entendre Hamon et Emmanuelli) de prendre leurs responsabilités ». Une militante fabiusienne présente à l’entretien de surenchérir : « Certains de nos jeunes (jeunes fabiusiens) sont déjà partis chez Mélenchon. A vingt ou trente ans, quand on est indépendant (qu’on ne vit pas grâce au Parti), l’aventure vaut le coup d’être vécue ».
La belle unanimité affichée à La Rochelle se fissure déjà. Au bureau national tenu le 1er septembre, décision a été prise de créer une « commission » pour préparer les questions à poser aux militants pour le référendum interne du 1er octobre. « Les questions conditionnent souvent les réponses », nous confie un membre du secrétariat national. Et « les emmerdes » sont déjà là.
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