Sans doute par nostalgie, des membres de l’Unef, le syndicat étudiant proche du PS, s’est incrusté dans le scrutin d’un syndicat lycéen tout aussi proche du PS, l’UNL. Histoire de leur apprendre à bien voter…
Dans les pouponnières socialistes, que Mitterrand (François) nommait affectueusement « Écoles du vice », on apprend à faire de la politique comme les grands. C’est-à-dire, souvent, manipulations et violences à l’appui. La galaxie des organisations dirigées par les jeunes socialistes (Unef, MJS, LMDE et UNL) ne se comprend pas son réacteur thermonucléaire : TAG. Pas un graffiti, mais un courant politique, « Transformer à Gauche », animé par les jeunes du courant socialiste « Un Monde d’Avance » de Benoît Hamon et Henri Emmanuelli. TAG est le moteur de ces quatre organisations.
Le dernier Conseil national de l’UNL s’est tenu le week-end dernier à Jussieu. Il a offert une illustration « effarante » de la gestion brutale version « TAG », « une bande racailles de la politique » confesse un témoin.
Venus de leurs provinces bercés d’illusion sur la démocratie lycéenne, une bandes de responsables fédéraux créent un groupe de travail au sein de l’UNL, nommé UNL-D (D comme Démocratie), qui rassemble 70% des représentants au Conseil national. Ils présentent leurs propositions mais la tribune où trônent les chefs repousse tout en bloc. La démocratie attendra, il y a plus urgent, il faut élire un nouveau président.
La présidente sortante a eu son bac et doit rendre son mandat. Lucie Bousser intronise son héritier, Antoine Evenou. Problème, UNL-D n’en veut pas. Il faut dire que c’est « un furieux de TAG, qui a son bac et une inscription bidon en BTS au CNED ».
Le vote pour la reconduction du nouveau Bureau National, organisé à la fin du Conseil, se déroule étrangement. En tribune, la Présidente sortante a indiqué qu’« exceptionnellement », elle se représentera. Le temps de régler les « problèmes ».
Plus grave, les procurations des absents portées par les membres présents du Conseil national ont été déclarées nulles et non- avenues. Or, UNL-D en porte trente quand les partisans de la direction n’en n’alignent que dix.
Restent les présents pour l’affrontement. 34 représentants de fédérations départementales et 10 membres du Bureau, soit 44. 18 fédérations voteront « contre », 16 « pour ». Les dix voix de l’ancien bureau font basculer le scrutin dans le sens des chefs. Du bon côté du manche…
Derrière l’urne du vote, un vilain petit procédurier demande des vérifications car beaucoup de têtes ne lui disent rien. On lui refuse, mais lui veut voir les pièces d’identité. Le pot aux roses est vite découvert.
Sur les cinq vérifications d’identités qu’il exige pour être sûr que ces cinq votants soient membres du syndicat, au moins un est membre… de l’Unef, le syndicat étudiant. Pour sauver sa tête, la direction, paniquée, a fait appel au syndicat « grand frère », qui s’est prêté au jeu avec gourmandise. « Classique », lâche un habitué de ces petites combines.
L’endogamie entre les organisations dirigées par TAG est telle « qu’ils ne se rendent même plus compte de la grossièreté de leurs fraudes » nous dit le même. « Damien Ramage, ancien membre de la direction de l’Unef est aujourd’hui permanent de l’UNL, quand on sait ça… », continue-t-il.
Cette affaire d’étudiant se faisant passer pour un lycéen s’est terminée dans le drame. Le vilain procédurier se fait courser par l’étudiant dans les couloirs de Jussieu, et ça se termine par un passage un tabac. Projection au sol, coups de pieds sur le pauvre gamin à terre… Il refusera de porter plainte.
Arrive la fin du vote. Les bulletins utilisés pour réélire le BN dirigé par Lucie Boussier portaient le nom de celui que TAG avait décidé d’investir, Antoine Evenou. Surpris par la grogne de la base, la direction n’avait en effet pas eu le temps d’en imprimer de nouveaux.
Lucie Boussier avait affirmé qu’en dépit du nom imprimé sur le bulletin, c’est bien elle qu’il s’agissait de reconduire. Un gros mensonge assumé crânement par l’intéressée. Le vote fini, c’est Antoine Evenou, dont les 70% des représentants du groupe UNL-D ne voulaient pas, qui est investi président. Rocambolesque. Il en va ainsi chez les jeunes promoteurs de la démocratie lycéenne.
Ils ont entre 15 et 18 ans, ils apprennent la politique , et manifestement ils iront très loin !
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