Kouchner encore out of Africa

Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. Las, Bernard Kouchner, le sémillant ministre des Factures Etrangères, n’était pas du saut de puce élyséen en Afrique : 36 heures chrono pour traverser les deux Congo puis transiter par Niamey au Niger, du mercredi 25 mars au vendredi 27.

L’agenda du Quai a des raisons que la présidence ignore. Ou inversement. Aux inquiétudes de Bakchich sur l’absence du French Doctor dans un voyage vers le continent « qui a vu naître le French doctor », la communication du Quai d’Orsay a opposé une réponse fort avisée. Et respectable. « La réunion des ministres européens des Affaires étrangères des 28 et 29 mars à Prague ne nous permettait pas d’être du voyage », détaille Jacques Beaudouin. Pas le genre de réunion, informelle indique l’agenda du ministre, où l’on envoie un sous-fifre, au hasard le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Bruno Lemaire. « D’autant que le gouvernement tchèque vient de tomber », précise le conseiller communication (et ancien collègue) du ministre.

L’Afrique attendait son trio de comique

Que les jeunes et vieilles concierges des palais africains se rassurent, ce n’est donc pas la « fraîche actualité » de BK (et notamment la polémique sur ses tarifs de consultant santé) qui l’a empêché de voyager. Ni de s’exprimer depuis qu’il a pris son maroquin, en mai 2007, sur le Gabon ou le Congo-Brazzaville, pays dans lesquels il a travaillé. Petite déception du côté des observateurs du marigot françafricain. D’autant que Papa Guaino, l’auteur du discours de Dakar en 2007 était du voyage. « L’ambiance entre lui, Kouchner et Robert Bourgi (ndr, « ouvreur de porte en Paris et les Palais africains depuis des lustres »), dans l’avion présidentiel, ça aurait dépoté », regrette un taquin diplomate congolais.

Kouchner va-t-il toucher terre ?

© Khalid

Ce trio-là, à n’en pas douter, aurait fait jaser. Entre un Guaino, plume du président, fier de son discours de Dakar, un Bourgi, homme lige des présidents français pour faire la navette avec les palais africains, qui l’a conspué et un Kouchner qui vient tout juste de tacler Bob dans Jeune Afrique (du 23 mars)… Ambiance garantie. Tant pis.

Pour les amateurs de scènes cocasses, il aura fallu se contenter d’instants. À l’image de ce côte à côte, à Brazzaville des ennemis intimes, Robert Bourgi et Bruno Joubert, le patron de la cellule Afrique de l’Elysée, qu’une rivalité aussi feutrée que féroce oppose, décrit L’Express. Et ancienne, aurait pu ajouter le camarade Hugeux.

Bourgi, Balkany, et de l’uranium

Ou de la rebuffade du président de RDC, Joseph Kabila, toujours rugueux avec son homologue français et qui n’a pas daigné se déplacer pour l’accueillir à l’Aéroport vendredi.

Heureusement, pour animer le voyage, outre un petit shoot d’adrénaline au décollage de Villacoublay, Sarko Ier avait choisi d’inviter le troubadour Barbelivien et le truculent Patrick Balkany.

L’occasion pour le preux maire de Levallois-Perret de recroiser ses potes de virée africaine (cf. Patrick Balkanyse l’Afrique). Au premier chef, Georges Forrest, belge d’origine néo-zélandaise, consul honoraire de France et de Belgique au Katanga et surnommé le proconsul, dans cette région minière. Et aussi Fabien Singaye, l’ancienne barbouze rwandaise qui rôdait par là. Conseiller spécial du président centrafricain Bozizé, Singaye navigue dans les eaux centrafricaines… et congolaises. En fait, dans «  tout ce qui sent l’uranium », peste une « Grande oreille africaine ».

Au moins, avec de tels parrains, « Areva ne va pas manquer de publicité ». La patronne du groupe nucléaire, Anne Lauvergeon, n’aura pas fait le voyage en Afrique pour rien, dans l’avion présidentiel. Prospection sur toute l’étendue du territoire de RDC, entérinement du deal signé début janvier pour exploiter le 2e gisement d’uranium au monde. Et elle aura vu Georges Forrest ailleurs qu’au Ritz, où elle a l’habitude de discutailler avec le sieur.

En fait Kouchner n’a rien raté. Son rayon à lui, c’est la Santé.

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