C’est un défi : écrire un article sur Patrick et Isabelle Balkany sans utiliser une seule fois l’adjectif « sulfureux », systématiquement accolé au nom des rois de Levallois. Essayons…
Voici donc monsieur et madame Balkany candidats aux municipales du 9 mars dans leur charmante commune bétonnée de la banlieue ouest de Paris. Lui, tête de liste, sourire de crooner, elle, numéro deux, bijoux en or bien clinquants sur une peau toujours bronzée, suivis d’une floppée de futurs conseillers municipaux plus ou moins « people », comme le joueur de tennis Henri Leconte ou le journaliste sportif Olivier Rey.
Sûrs d’eux, plein de bagout, la démarche conquérante, Patrick et Isabelle savourent d’avance leur victoire et se disent assurés de l’emporter dès le premier tour, avec « entre 55 et 60% des voix », rapporte Le Parisien. « Prime à la casserole ! », s’étrangle l’opposition.
L’explication est un peu courte. Certes, quiconque a accompagné Patrick Balkany sur les marchés ne peut nier l’affection des levalloisiens pour ce bel homme aux épaules larges, condamné en 1996 à quinze mois de prison avec sursis et à rembourser aux caisses de sa propre ville près de 800 000 euros, pour avoir employé des employés communaux à son domicile, comme gens de maison en tablier blanc.
Un maire qui, mis en cause dans l’affaire des HLM des Hauts-de-Seine, au milieu des années 1990 [1], avait été contraint de prendre le large jusqu’en 2000, sous les cocotiers de Saint-Martin, dans les Antilles. C’est vrai, certains Français préfèrent confier les clés de leurs hôtels de ville à des élus corrompus, en se disant que dans un monde de brutes, mieux vaut être gouverné par des renards malins que par de gentils moutons. En 2002, les Levalloisiens ont ainsi réélu dès le premier tour leur ancien maire, dont l’élection de 2001 avait été invalidée… Un hallucinant come back ! Mais la prime à la casserole n’explique pas tout.
Si les époux Balkany ont déjà mis le champagne au frais pour dimanche, c’est aussi parce qu’ils se sentent protégés par un ami fidèle, un ami de 30 ans : Nicolas Sarkozy. En fond d’écran de son ordinateur, dans son bureau de maire, Patrick Balkany a choisi une photo : on y voit Nicolas en bras de chemise, le soir de son élection à la présidence de la République, serrer chaleureusement dans ses bras son pote Patrick, qui le dépasse d’une bonne tête, avec Johnny en arrière plan. Ça, c’est le souvenir 2007.
Si on le lui demande gentiment, le maire peut aussi montrer le souvenir 1983 : pour ses 35 ans, Nicolas lui a offert, l’année où tous les deux ont conquis leur fauteuil de maire (l’un à Neuilly, l’autre à Levallois), un vide-poche en métal argenté, gravé d’une phrase : « du maire au maire, du Hongrois au Hongrois, de l’ami à l’ami ». Hongrois ? Sarkozy et Balkany sont tous les deux des fils d’immigrés juifs hongrois ayant fui le régime communiste de leur pays d’origine. Leurs pères, Pal et Giulya, sont très liés.
L’amitié entre Sarko et Balka, qui a grandi à Neuilly avant d’être parachuté à Levallois par Charles Pasqua, ne date donc pas d’hier ! Pendant leur traversée du désert, tout au long de ces années marquées par la chronique judiciaire, les Balkany ont bénéficié du soutien inconditionnel de Nicolas Sarkozy. « On comptait les coups de fil sur les doigts d’une main, raconte Isabelle Balkany. Et il n’y avait qu’un seul doigt : c’était Nicolas. »
Eternellement reconnaissante, madame Balkany, élevée au grade de chevalier de la Légion d’honneur en janvier 2008, ne rechigne jamais à réparer les pots cassés par Sarko.
Souvenez-vous, en septembre 2007, lorsque Bakchich a publié une photo, censurée par le magazine Choc : sur ce cliché de Nicolas Sarkozy sortant du conseil des ministres, le président serrait sous le bras une lettre manuscrite. Que lisait-on dans cette fameuse lettre ? « J’ai l’impression de ne pas t’avoir vu depuis une éternité et tu me manques. Jeudi on part faire notre virée à Essaouira pour mon (illisible). Mais j’aimerais bien réussir à te voir la semaine ou le week-end suivant. Millions de Besitos ». Un mot doux sous le bras du président ? Scandale ! Qui a-t-on vu alors surgir, pour éteindre le feu ? La fidèle Isabelle, qui justement fêtait ses 60 ans, huit jours après ce conseil des ministres, au soleil marocain, et s’est répandue en interviews dans tout Paris : « c’est moi l’auteur de cette lettre, adressée à mon amie Cécilia ». Fermez le ban !
Ces derniers jours, on l’a vue monter à nouveau au créneau pour défendre Nicolas, dans l’affaire du « sale con » lancé par le président à un visiteur du salon de l’agriculture. Il faut dire que, question langage, les époux Balkany ne sont pas à offrir en modèle aux enfants des écoles… Quelques citations ? Isabelle Balkany, à propos de l’opposition à Levallois (qui se présente, il est vrai, en ordre dispersé, du pain bénit pour les Balkany ) : « on est tranquilles : entre eux, ils ne peuvent pas se blairer ! ». À propos de sa communication en direction des habitants de Levallois : « C’est simple, dès qu’une mouche pète, ils sont au courant ! ».
Vraiment, c’est un plaisir de suivre la campagne municipale à Levallois.
A lire ou relire sur Bakchich.info :
Qu’il fait bon diriger l’office HLM du 9-2 !
Et retrouvez le blog d’Hélène Constanty, coauteur du livre « 9-2, Le Clan du Président » (Fayard), avec des bonnes feuilles exclusives sur les coulisses du département bling-bling.
[1] Mis en examen pour complicité de trafic d’influence, Patrick Balkany a été relaxé au procès des HLM des Hauts-de-Seine en octobre 2005.
ainsi donc, ça existe : des électeurs cocus, et contents ?!!
Je n’ai strictement rien à voir avec Levallois-Perret. Je n’y ai même jamais mis les pieds. Et heureusement !
Parce que vivre dans une ville où les gens sont assez cons pour élire et réélire un ripoux et sa rombière, non merci…
Pour paraphraser un mot (tristement) célèbre : "Levallois, je l’aime ou je le quitte"… Ma décision serait vite prise : partir, oui, très loin d’un endroit pareil !
Comment pouvez-vous donner un avis sans connaître les tenants et aboutissants de la question ? c’est justement parce que vous ne connaissez pas cette ville que vous avez ce jugement à l’emporte pièce sur Balkany. D’accord, il a quelques fois fait des erreurs de communication, emporté par son côté bulldozer, mais sa ville, il s’en occupe bien. dans cette ville, les familles avec enfants, et même celles aux revenus modestes, peuvent faire profiter leurs gamins de conditions d’éducation et de loisirs exceptionnelles. j’ai deux enfants en primaire, et ce qu’ils peuvent faire est super : centre de loisirs, voyages aux bout du monde a prix modiques, sport, culture… la ville est propre, bien éclairée, des espaces verts agréables et entretenus, une administration efficace.
et je ne travaille pas pour Balkany, et je ne suis même pas son pote.. Mais franchement, je ne pense pas être un électeur cocu, comme le dit si joliment cet internaute qui juge sans savoir. La démocratie s’est exprimée. Si Balkany est réélu, c’est bien que les gens sont contents de son boulot, sinon, ils en changent. Quand on post, c’est bien d’avoir quelques arguments à la place des insultes.