La victoire des sociaux-démocrates en Islande à mis au goût du jour la volonté d’intégrer les instances de l’Union européenne. Tous sur le vieux continent ne l’entendent pas de cette oreille.
Les Islandais viennent de voter et le résultat est sans appel : les conservateurs qui depuis une vingtaine d’années exerçaient le pouvoir en vantant les mérites des réformes libérales mises en œuvre ont été balayés par l’alliance des sociaux-démocrates et des écologistes.
Le leader socialiste est une ancienne hôtesse de l’air dont le profil est plus que politiquement correct : homosexuelle, elle a fait campagne en mettant en avant sa femme puisqu’en Islande, le mariage homosexuel fait partie du cadre légal.
Mais ce qui a convaincu les Islandais, c’est une proposition simple et directe : l’adhésion à l’Union européenne et l’adoption de l’euro d’ici quatre ans. Le but : faire payer par l’Europe la déroute financière du pays.
Finie l’époque où entre deux considérations indignées sur les exigences exorbitantes de Bruxelles en matière de restructuration de la pêche, les dirigeants locaux exprimaient un mépris de bon aloi pour le « Club Mediterranée » et pour les déficits grec ou italien. En 2007, le budget islandais était excédentaire et la dette publique représentait 15% du PIB : l’adhésion à l’euro aurait pu se faire sans problème mais personne n’envisageait à Reykjavik de rejoindre cette devise de rastaquouère. Depuis, les trois banques islandaises ont été emportées dans la déroute financière mondiale. L’Etat islandais qui a assuré qu’il allait assumer leur perte s’est retrouvé à la tête d’une dette publique de 250% du PIB. Dans la foulée, la couronne, la monnaie locale, a perdu la moitié de sa valeur.
Pour rembourser cette dette faramineuse, les Islandais d’abord assommés par l’ampleur de la déroute ont eu une idée de génie : la solution, c’est l’Union européenne. L’Islande a besoin d’euros et c’est à Francfort qu’on les fabrique : rejoignons donc Francfort.
Dire que les Européens sont enthousiastes serait un bien grand mot. Berlin s’irrite de cette vision de l’économie où l’Allemagne finit toujours par payer les dettes des autres : ainsi de la la France, avec ses 35 heures et sa loi Tepa, l’Italie et ses 110% de dette publique, la Grèce et son déficit extérieur qui en pourcentage de la production est le plus élevé du monde. Et voilà que les Islandais se mettent sur les rangs. En France, l’apparente candeur des Islandais paraît invraisemblable. Paris, que les Scandinaves agacent depuis toujours, est radicalement opposé à l’idée de leur venir en aide. Surtout que son adhésion à l’Union va compliquer le problème de la pêche en situation déjà tendue. Mais les plus remontés sont les Italiens pour qui la zone euro doit régler ses problèmes actuels en priorité avant de se charger des conséquences de l’impéritie des autres. Les plus favorables sont évidemment les Britanniques : on les sait naturellement accueillants vis à vis de ceux qui veulent intégrer l’Union car tout ce qui la rend ingouvernable leur convient. Mais surtout, l’essentiel des dettes islandaises est dû à des institutions financières anglaises. Que la solidarité européenne conduise la BCE à renflouer l’Islande au profit de Londres est une idée qui séduit particulièrement les Britanniques. Mais ce sont bien les seuls et à Reykjavik, trois lettres maudites commencent à circuler dans les allées des ministères : F M I…
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L’UE serait bien avisée de laisser la porte ouverte à l’Islande, petite île riche de ressources naturelles (eau, électricité) et stratégiquement bien située au milieu de l’Atlantique nord.
Il est amusant de constater les levées de bouclier des Français et des Italiens dont on connaît le talent en matière de résorption de leur dette publique. L’Islande ne compte que 320.000 personnes et figure parmi les premiers rangs en terme de développement humain et d’éducation.
Laissons les Islandais négocier avec l’UE. Négociation ne veut pas dire adhésion.
PS : le mariage homosexuel n’existe pas sous cette dénomination en Islande, car il s’agit davantage d’un contrat d’union civile. Cela dit, il est possible de se marier à l’église en Islande. Par ailleurs l’acceptabilité sociale des homosexuels et de leurs enfants est complète, aux antipodes de l’hypocrisie réactionnaire française dont la Sarkozie s’est fait une spécialité.