La Grande presse française semble à peine s’en émouvoir. Pire elle marque un certain dédain contre le site Wikileaks et les médias qu’il a choisi pour faire éclater la plus grosse fuite de l’Histoire. Aucun de chez nous, cocorico !
Salauds d’Islandais. Seulement 300 000 têtes blondes, trois fois plus de moutons, et une propension inimaginable à foutre le boxon. Du genre à vouloir faire voler en éclats les certitudes et réveiller le bon peuple que les gouvernements s’échinent depuis des années à endormir, médias aidant. Une île d’où sont sortis Bjork, les Vikings et le brennivín ne peut être honnête.
Déjà leur nuage, sorti d’un volcan au nom improbable avait fait trembler le monde. Enfin le monde qui compte, le civilisé, Europe et Etats-Unis et à la rigueur Russie. Impossible de s’envoyer en l’air, pendant des semaines à l’heure que les consommateurs souhaitaient. Trafic aérien bloqué.
Un vent mauvais qui n’a pas suffi à l’Islande. La voilà transformée en terre d’accueuil des whistblower, les lanceurs d’alertes. Une loi les protège, les dorlotte. Un paradis pour les godelureaux propres à déclencher des tempêtes contre les gouvernements. A l’instar d’un site au nom de gremlin, Wikileaks, des infâmes qui osent diffuser des documents compromettants sur la sainte croisade américano-otanesque en Afghanistan. Quoi des bavures et des civils tués par erreur ? Comment ça l’allié pakistanais joue double et trouble ? Ah bon les militaires français ont tiré sur des enfants ? Et voilà que le chef de meute des planqués de Reykjavik, Julian Assange, accuse les armées des démocraties triomphantes des pires vilenies. Un Australien, natif d’une terre de bagne, qui parle de crime de guerre. Empruntons là quelques mots au poète Michel Colucci : "Merde, je m’excuse mais merde ! "
Heureusement, dans le chaos médiatique planétaire, la presse française tient bon. Et se garde de crier avec les loups. Patriotique en diable, les pisse-copies français ont su protéger l’hexagone de la déferlante. Ouf ! Pas de traître façon New York Times, Guardian ou même Spiegel, trois journaux prompts à tirer dans le dos de leur armée. Avec préméditation ! Depuis un mois, en vils complices, les gratte-papiers allemands, anglais et américains s’échinent à décortiquer les documents fournis par Wikileaks. Le site a accepté de leur filer la came, à condition qu’ils la retraitent. Façon petits chimistes de l’information. "Nous avons la doc, vous n’avez plus qu’à bossser". Et ces sagouins l’ont fait !
Ah ah ah. Du travail de vérification, de décodage, de décryptage et de retriturage….Voilà qui n’est bon que pour les teutons et les reliquats de la perfide Albion. Très peu pour la presse tricolore, nous ne mangeons pas de ce pain là. Pas la bonne adresse. En France, terre de mode, ne sied que les dossiers cousus mains, les révélations tamponnés. Enregistrement, PV, témoignage accablants. Un scandale clé en main oui. Mais du recoupement très peu pour nous merci.
Et les sicaires reclus en Islande ne s’y sont pas trompés. Pas un seul journal français associé. "Outre la légitimité de ces trois grands quotidiens internationaux, Wikileaks a ainsi ciblé deux titres aux sites Web expérimentés dans le traitement journalistique de vastes quantités de données", note lemonde.fr.
Cocorico… Dans un bel élan molasson, les gratte-papiers français signalent la parution des carnets afghans. Tout en s’en défiant ostensiblement. Et saupoudrent ses articles d’un dédain certain. Liberation.fr en a fait sa une, à partir du blog d’un correspondant. Le Monde a gentiment titré sur "La stratégie bien rôdée de Wikileaks". Mediapart renvoie à un lien vers…le Washington Post. Quand Arrêt sur Images évoque "un Wikileaks, Maître des médias".
Surprise par le grand barnum journalistique provoqué par Wikileaks, la presse franchouillarde semble dépassée. Un peu vexée, un brin humiliée aussi d’avoir été oubliée ? Bakchich, en tout cas, l’est…
Lire ou relire dans Bakchich :
La presse française, merdique, est détenue en partie par nos chers fabricants d’armes. Tout individu sain d’esprit ne révélant pas une information qui pourrait lui nuire, il serait étonnant de voir monsieur Dassault par ex., laisser publier les bourdes que notre armée réalise avec SES JOUETS…
Cdlmt
Vous êtes à côté de la plaque !
Si Wikileaks n’a pas adressé ces documents aux média français, c’est pour la simple et bonne raison que, toujours bien informé, le site connaît le niveau d’anglais des français en général et des journalistes en particulier. A moins de tout traduire préalablement en français, aucun intérêt d’envoyer tout ça à une rédaction exagonale.