Le très socialiste patron du FMI se voit contraint à un plan de rigueur en sa maison. Au moins garde-t-il un lien avec la situation française, comme il l’a toujours souhaité.
Le 12 avril s’est réuni à Washington le Comité exécutif du FMI sous la présidence du ministre des finances italien. Certes la crise financière internationale était à l’ordre du jour mais elle a été examinée très rapidement. Le FMI n’y joue en effet qu’un rôle secondaire dès lors qu’il s’agit d’une crise du système bancaire et non d’un problème de balance des paiements. Ce sont les banques centrales qui sont en première ligne. De fait, Jean-Claude Trichet, qui avait fait le déplacement a, par quelques mots mystérieux dans les couloirs, indiqué que tout était sous contrôle…
La grande affaire de la réunion portait sur l’avenir du Fonds lui-même. Depuis que la crise de l’endettement des pays en développement est terminée, le FMI a perdu l’essentiel de ses ressources. Avant, il prêtait aux pays surendettés et vivait des intérêts générés par ces prêts. Aujourd’hui, tous ces prêts ont été soit remboursés, soit annulés et les flux vers Washington sont infimes.
Résultat, un déficit de l’institution de 110 millions de dollars en 2007, déficit qui risque d’atteindre 400 millions en 2010. D’où la nécessité d’un plan d’économie. Les plus exigeants sont les Japonais qui ont décidé de mener la vie dure à DSK, déçus qu’ils sont que le poste de directeur du Fonds soit encore revenu à un Européen.
Ils ont réclamé un plan drastique tendant à réduire de près de 20% les effectifs, soit 500 suppressions de postes. DSK, qui avait proposé d’en supprimer 260 a dû revoir sa copie et consentir finalement à 380 suppressions et une baisse en trois ans de 13,5% du budget de fonctionnement.
Quant au président italien du Comité exécutif, il a insisté lors de l’adoption du plan d’économie sur la nécessité, pour ce qui est des recrutements à venir, de faire appel à des spécialistes de la finance et non plus à des économistes pur jus, puisque les dérèglements macro-économiques type « crise asiatique » ou « crise de la dette » sont derrière nous. Plus désagréable pour DSK, dans la foulée de ses réflexions sur le nouveau rôle du FMI, le Comité lui a demandé davantage de transparence dans sa gestion et a insisté sur l’obligation de produire une comptabilité analytique permettant de mieux la cerner.
Dans ce contexte, la lassitude gagne DSK. Alors qu’il est obligé de batailler sur des histoires de « gommes et de crayons », Pascal Lamy, également présent à titre de directeur de l’OMC, a fait forte impression dans ses interventions, au point d’avoir obtenu que le Comité fasse de la poursuite des négociations commerciales dites « du cycle de Doha » une des priorités de la politique économique internationale. Face au forcing de Lamy, DSK s’est montré distant et n’a pas caché son agacement.
L’ami socialiste est désormais convaincu qu’il lui faut rester à tout prix en contact avec la réalité politique française.
Il a l’intention de faire des apparitions répétées à Paris et d’essayer de développer en tant que directeur du FMI un discours plus « social » qui montre tout l’apport qu’aura représenté sa désignation à la tête de l’institution. Ses proches le poussent à rédiger un livre sur l’économie mondiale, pour maintenir les projecteurs sur lui, mais il a compris que les Japonais l’attendent au tournant, prêts à réclamer son départ au moindre écart par rapport à la ligne définie par les pays membres. Le PS et ses courants étaient un long fleuve tranquille par rapport au FMI, ses restrictions budgétaires et son ambassadeur du Japon…