L’extrême-gauche berlinoise prend un malin plaisir à jouer de la ferveur des supporters et dénonce les entreprises allemandes qui ont collaboré avec le régime de l’Apartheid.
Alors que Berlin s’est transformée en un vaste camp de supporters, les couleurs nationales noir-rouge-or ne quittent plus les joues, les fenêtres et les voitures allemandes. Tous fêtent l’ascension fulgurante des enfants du pays en Afrique du Sud.
Tous ? Non ! Car un petit groupe d’irréductibles berlinois a déclaré la guerre à la fièvre nationale.
Les règles sont simples : 1 point pour un drapeau « récolté » sur une voiture, 2 points pour un grand drapeau, 10 points pour un tricot de la Mannschaft etc. Le « groupe des autonomes de la Coupe du Monde » (Autonome WM Gruppe) a officiellement ouvert la chasse aux symboles nationaux dans les rues et magasins de Berlin. Aux participants, souvent organisés en « commandos », les organisateurs rappellent sur leur site internet que le bonus de 2 points pour chaque drapeau brûlé ne sera validé que sur présentation d’une preuve photo ou vidéo.
Les membres du « commando Kevin-Prince-Boateng de Berlin-est [Kevin-Prince Boateng est un footballeur germano-ghanéen qui joue dans l’équipe du Ghana] » mènent actuellement la course avec 1657 drapeaux au compteur. Et sur la photo publiée par le site internet de l’initiative, ils ne boudent pas leur plaisir. Cagoulés de noir, ils posent fièrement devant leurs prises de guerre.
À ceux qui leur servent le mérite d’une réunification des cœurs enfin en vue et du ralliement des émigrants turcs à la cause sportive allemande (le succès de la Mannschaft ne met-il pas à l’honneur le petit prodige Mesut Özil, né de parents immigrants ? ), les réfractaires à l’hystérie collective pointent l’hypocrisie du phénomène et doutent des bienfaits de l’événement sur l’intégration en Allemagne. Ignorants. L’exemple du succès de l’équipe française « black-blanc-beur » en 1998 aurait dû mieux les inspirer. Ne connaît-on pas depuis en France une ère d’harmonie sociale que le monde nous envie, débarrassée de toute forme de racisme et de discours identitaires ?
Mais le nationalisme n’est pas le seul problème des gauchistes allemands avec la coupe du monde de football. Dans leur viseur, le principal sponsor de l’équipe allemande : Daimler.
Une organisation regroupant plus de 50.000 victimes de l’Apartheid, « Khulumani Support Group », accuse en effet l’entreprise allemande d’avoir soutenu logistiquement le régime raciste sud-africain, que l’ONU accusait dès 1966 de crimes contre l’humanité, en lui ayant fourni les véhicules blindés utilisés par sa police.
En avril 2009, un tribunal d’un district de New York a jugé recevable la plainte déposée par Khulumani contre Daimler, IBM, Ford, General Motors et Rheinmetall.
A voir débarquer dans la ville du Cap les gueules enfarinées des joueurs allemands dans leur beaux bus Mercedes-Benz, marque du groupe Daimler, les victimes ont vu rouge et mettent depuis l’entreprise sous pression en multipliant les conférences de presse sur le sujet.
En Allemagne, ils peuvent naturellement compter sur le soutien des autonomes qui ont lancé, ni une, ni deux, la campagne « kick Daimler ! ». Le 15 juin dernier, quelques dizaines d’entre eux s’exerçaient donc aux tirs aux buts sur la vitrine du magasin Mercedes-Benz situé à quelques pas de la porte de Brandenbourg. L’action a cependant tourné court, la police rapidement arrivée sur les lieux ayant habilement bloqué même les meilleurs tirs et s’étant refusé à relancer. Anti-jeu.
Ces initiatives originales ne rencontrent pas un enthousiasme délirant dans la population et la presse allemandes et leurs soutiens sont assez clairsemés. Il est pourtant difficile de ne pas reconnaître un certain panache à ceux qui osent se mesurer aux hordes déchaînées de supporters en bobs et colliers à fleurs schwarz-rot-gold qui déferlent actuellement dans les rues et bars de Berlin en éructant des mots d’ordre, somme toute, assez basiquement nationaux.
Pourquoi appeler "gauchistes" les autonomes ? Pourquoi leur refuser l’autonomie politique qu’elles et ils mettent en pratique depuis les années 1970, les générations rebelles se renouvelant. Par ignorance de journaliste ? Par confusionnisme, volontaire ou involontaire ? L’autonomie est un courant social international et Berlin est un de ses creusets. L’autonomie s’est construite en rupture avec le gauchisme, qui serait bien incapable d’une telle radicalité pratique et ludique.
Tous les symboles nationaux sont des symboles de puissance, d’oppression et d’aliénation. Détruis ce qui te détruit !
Un article pas fou sur un micro-phénomène généré par une bande de trouble-fête cherchant uniquement à briser un peu la joie qui régnait en Allemagne jusqu’à l’élimination de la Mannschaft.
Peut-on dire que les slogans footeux revêtent une quelconque sorte de nationalisme ? J’en doute. Peut-on taxer un supporter italien criant "Viva Italia" de fasciste, un allemand saoul beuglant "Deutschland" de nazi et un francais un peu bourré chantant "bleu, blanc rouge c’est francois le francais" de pétainiste ?
Aujourd’hui la fierté nationale en Europe occidentale a trouvé un refuge dans le sport. Les gauchistes de tous poils arracheurs de drapeaux préfèrent-ils qu’elle s’exprime par les armes ? ou en politique ? A mon humble avis, leur alternative constitue plutôt une régression.
Ce qui est vraiment bien dans ces actions contre les manifestations de ferveur du peuple allemand enfin un peu reconcilié avec lui-même, c’est que c’est positif et constructif.
On sent une vraie volonté de contruire, de proposer autre chose.
Ca me rappelle le bon esprit qui régnait en équipe de France avant cette élimination inattendue et injuste !