Le maquereau n’a, de mémoire humaine, jamais manqué. Mais on frôle la guerre commerciale et les choses pourraient changer.
Maquereau vin blanc. Et aromates, s’il vous plaît. Ce poisson est sur les tables françaises depuis des lustres. Il n’a, de mémoire humaine, jamais manqué, mais les choses pourraient changer.
Un événement à peine croyable s’est en effet produit dans le courant de l’été, au cœur de notre Europe pacifique et policée, qui fait désormais redouter une guerre commerciale.
La raison ? Les îles Féroé et l’Islande déconnent à plein tube. Les premières, qui dépendent du Danemark, misent beaucoup, sans doute trop, sur la pêche ; la seconde a subi un cataclysme financier qui la laisse exsangue. Ceci explique-t-il cela ? En tout cas, les deux viennent d’octroyer à leur flottille des quotas de pêche au maquereau hallucinants. Si la situation n’évolue pas, les Féroé pourraient voir leurs prises passer de 25 000 à 85 000 tonnes en 2010, et l’Islande de 2 000 à 115 000, voire 130 000 tonnes.
C’est une folie, et pour au moins trois raisons.
La première, évidente, est que les autres pêcheurs européens – ne l’oublions pas, nous sommes en Europe, même si l’Islande n’est pas encore membre de l’Union – n’entendent pas accepter cette révolution. Déjà, des actions d’éclat ont eu lieu en Norvège et en Écosse, où des chalutiers des Féroé ont été bloqués.
Deuxième raison : l’Europe politique ne peut accepter sans broncher l’éperonnage de bateaux dans « ses » mers, a fortiori s’ils battent pavillon continental. Il y va de sa crédibilité, ici et ailleurs.
La troisième raison est la plus décisive : le maquereau ne sortirait pas intact d’une brutale augmentation de sa pêche dans l’Atlantique. Les bureaucrates, avec leur art inimitable de tout comptabiliser, pensent que les pêcheurs d’Europe pourraient, à la fin de la saison 2010, avoir prélevé 772 000 tonnes de maquereaux.
Or le Conseil international pour l’exploration de la mer – un « machin » créé en 1902 qui fait autorité – juge que ce chiffre dépasserait de 35% le niveau raisonnable de pêche dans la zone concernée.
Mais les habitants des Féroé et les Islandais s’en moquent éperdument, préférant la guerre de tous contre tous au compromis.