Après un long passage en Chiraquie, Francis Szpiner a repris un peu de son indépendance… Mais l’avocat aime toujours les sunlights du barreau.
Jusqu’au bout, il plaidera contre le huis-clos. « Au nom du vivre- ensemble », jure-t-il la main sur le cœur. Qu’importe si Emma, la rabatteuse présumée du gang des Barbares, mineure au moment des faits et donc seule juge de l’opportunité d’ouvrir le procès au public et à la presse, peut exiger le contraire : Me Szpiner, l’avocat de la famille d’Ilan Halimi, mort odieusement torturé par Youssouf Fofana et ses complices début 2006, préfère la lumière des projecteurs à la pénombre de la Cour d’assises des mineurs.
A 54 ans, du haut de son 1,60 m, Me Francis Szpiner, le « little big man » du barreau de Paris a bien l’intention de tenir la vedette du procès Fofana qui s’ouvre ce mercredi.
Et si à Paris le huis-clos est finalement maintenu, faisant fuir les caméras de télé, Me Szpiner pourra toujours se consoler devant d’autres micros. Il lui suffira de faire un saut le lendemain à Toulouse où sera rendu le verdict du procès Viguier du nom de ce prof de droit accusé d’avoir fait assassiner sa femme. Me Szpiner y assiste la famille de la disparue. Encore une très bonne estrade médiatique !
Le fait-div bien sanglant dans un rôle de défense de la pauvre victime est le nouveau créneau de cette boule de nerfs montée sur ressort. Une posture bien plus gratifiante que les eaux troubles des affaires financières, où ce franc-maçon du Grand Orient, loge République (la plus prestigieuse) s’est longtemps complu.
Sous Chirac, Me Szpiner était une des têtes pensantes du « cabinet noir » de l’Elysée dirigé par l’ineffable Dominique François Marie René Galouzeau de Villepin. Une cellule experte en coups tordus judiciaires montée dans le seul but d’éviter la paille humide du cachot au « Chi ». Quitte à organiser la fuite (en République Dominicaine par exemple) des soldats perdus du chiraquisme comme le porteur de valises des Hauts-de-Seine, Didier Schuller. Voire à tenter de défendre, sans succès, le fidèle Alain Juppé, finalement condamné dans l’affaire des emplois fictifs du RPR.
Le très retors Me Szpiner avait intégré la cellule après un premier stage très réussi, à Tahiti, une des terres d’élection des magouilles chiraquiennes. De 1990 à 1991, l’avocat avait en effet délaissé la robe pour gérer les affaires très particulières d’Alexandre Léontieff, un proche de Papa Gaston (Flosse) bombardé à la présidence de la Polynésie Française. Avant d’être condamné à un an de placard pour corruption…
De l’histoire ancienne maintenant pour l’honorable Me Szpiner, qui, à la fin de mandat de Chirac, a préféré rendre son tablier et laisser la défense pénale de l’ancien chef de l’Etat à son confrère Jean Veil. A se perdre dans la défense impossible de l’ancien Maire de Paris, Me Szpiner avait décidément pris trop de coups. En 2002, par exemple où envoyé au front des législatives pour faire morde la poussière à Arnaud Montebourg, le député socialiste de Saône-et-Loire qui voulait faire traduire le chef de l’Etat en justice, l’avocat récolte une humiliante défaite électorale. Nouvelle défaite en 2006 à l’élection du Bâtonnier de Paris où sa réputation de monteur de coups bordeline l’handicape lourdement face au vainqueur, Me Christian Charrière-Bournazel.
Depuis, ce fils et petits fils d’immigré polonais, avide de reconnaissance, préfère le cours moins controversée des affaires criminelles. Même si on y gagne pas à tous les coups. Et que l’homme est particulièrement mauvais joueur. « Il ne faut être ni avocat, ni arabe, on s’en sort mieux », tonnait-il en décembre dernier après que son client et confrère Karim Achoui, accusé de complicité dans l’évasion d’Antonio Ferrara, ait pris sept ans de réclusion criminelle. Un procès en sorcellerie raciste qu’il récusait pourtant la veille du verdict devant les journalistes. Szpiner, « le baveux » a parfois la langue un peu trop pendue devant les représentants et représentantes de la presse et notamment les plus blondes d’entre elles. C’est surement son moindre défaut.
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