Bakchich a flâné à la fête de la fraternité, la grand-messe de Ségolène Royal, tenue cette année sous l’A6. Pas sur que cela suffise à la Madone du Poitou pour emprunter l’autoroute du succès…
"C’est la fête de la fraternité et on se fait éjecter de partout"… Pas besoin d’être Rrom pour apprécier les molosses de Ségolène Royal.
Pendant la joyeuse guinguette d’Arcueil (94) - aussi appelée fête de la Fratenité - donnée en l’honneur de la Première Dame du Poitou en ce samedi 18 septembre, fans, entourage et journalistes venus entendre d’un peu trop près sa bonne parole en ont eu pour leur frais.
Chaque apparition de la Madone sous le soleil a provoqué une émeute maîtrisée par des gardes du corps n’ayant rien à envier aux gorilles des copains de droite. Les jeunes sympathisants ont eu beau implorer un autographe ou les journalistes (dont Bakchich) pleurnicher pour un mot, Ségo trace sa route en évitant soigneusement de converser avec quiconque sans discours préparé. Illustration d’une fête Champomy : 1% de bulle et 99% de communication.
Pour qui a pointé son nez à la fête de l’Humanité une semaine auparavant, la redescente est rude. Oh, nul dérapage en vue, ni dissension… et encore moins de débat. Ici, "On n’est pas Royaliste, mais on vote Royal", rappelle les T-Shirts à vendre. Comme à la petite sauterie des pauvres voisins de l’UMP contraints d’organiser leur raout en banlieue parisienne, l’accent est mis sur l’anti-"bling-bling", comme le font remarquer certains militants peu nostalgiques du show Besnehard du Zenith 2008. Les organisateurs ont même poussé le (sé)vice jusqu’à implanter la fête de la fraternité… sous l’autoroute A6.
Près de 3000 personnes selon les organisateurs -un gros milliers à vue de nez- ont pu visiter la quarantaine de stands selon les mêmes organisateurs -la vingtaine en comptant large- dans une ambiance bon enfant. Seul point commun avec la joyeuse fête de l’Huma’ : les colporteurs en tout genre. "Signez la pétition pour un vote populaire sur la réforme des retraites ! Ségolène s’engage à fond" La supplique lancée d’une groupie de Royal devant le stand du Paris Football Gay donne envie.
"Mais pourquoi madame Royal, qui a eu l’occasion de s’opposer à la réforme du gouvernement le 3 juillet 2003 en tant que députée, n’a pas daigné se pointer dans l’hémicycle (ou au moins laissé son vote à un collègue) ?", demande Bakchich plein de mauvais esprit. "Vous lancez des rumeurs, elle n’était plus députée mais entamait son premier mandat en tant que présidente du conseil régional de Poitou-Charentes". Après un quart d’heure de palabres, le rendez-vous est pris : "Restez ici, je vais me renseigner et vous apporterez la preuve tout de suite". Malgré la patience et l’amabilité de nos éphémères hôtes, nous dûmes nous résoudre à quitter les lieux la demi-heure suivante sans plus de nouvelle de notre interlocutrice (plus de détails mardi dans Bakchich) …
Mais qu’importe l’ambiance légèrement soporifique, l’essentiel était bien dans le casting. "Invités surprise", Manuel Valls, Claude Bartolone, Arnaud Montebourg, Jean-Luc Mélenchon ont tour à tour (faut pas non plus pousser) donné leur soutien "fraternel" à Ségolène. Sur toutes les bouches des ex ennemis, un mot d’ordre : rassemblement contre Sarkozy. Les ennemis de mes ennemis étant mes amis, le public n’a pas montré de rancune vis à vis des anciens soutiens. En fin d’après-midi, l’ex généreux donateur de "Désirs d’Avenirs" Pierre Bergé a embrassé la star de la journée dans le public sous les acclamations nourris de la foule.
Après quelques cheveux blancs, le service de communication peut être rudement fier du boulot de ces dernières semaines. Emportés par l’euphorie générale, certains militants ont même cru, l’espace de quelques secondes à la bonne blague d’un jeune plaisantin lançant à ses camarades agglutinés devant la scène : "Faites de la place, Vincent Peillon arrive !"
Avant que ne s’évapore la papesse de "la liberté de la presse" (dixit son tonitruant discours) -mais qui ne répond à aucune question-, les responsables s’activent en coulisses pour dénicher des jeunes socialistes. Denrée rare dans la foule… Le happy end ne laisse pas de place au hasard. "Retirez vos T-Shirt", ordonne le responsable aux bébés ségolénistes tout émoustillés à l’idée de se retrouver sur scène avec leur idole. L’objectif est susurré : "Il n’en faut qu’un sur quatre estampillé "Désirs d’Avenir" pour ne pas que les autres invités tirent la gueule". On s’active à faire le "tri" pour que la photo de famille soit parfaite. "Parité, parité, ramenez des filles !", "Malik, viens ici, il faut que tu sois devant !" C’est dans la boîte.
18h30 : la délicieuse maire-adjoint de Lyon Najat Belkacem, dans l’équipe Royal depuis 2007, rentre en RER avant de regagner le Rhône. "Mon train partait pour 19h, je ne l’aurais jamais", rigole-t-elle. A quelques mètres de là, Ségolène Royal, toujours accompagnée d’une flopée de journalistes, file dare-dare dès son discours terminée dans sa voiture avec chauffeur. Et la fraternité, bordel.
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Billet à charge et malveillant, on l’aura compris. Et puis quand on a rien à reprocher sur le fond… C’est bien connu.
Vous mentez par omission, mais vous mentez quand même, en décrivant une Ségolène Royal inaccessible, que même ses plus fidèles "fans" (que ce mot est méprisant !) ne peuvent approcher… La vérité est contraire : participation en toute simplicité de Mme Royal à l’atelier du matin dans une petite salle, participation (passive cette fois, dans l’assistance) aux débats de l’après-midi (on aurait aimé que vous nous en parliez d’ailleurs !), bain de foule après son discours, etc. Vous pouvez essayer de tordre les faits, ils vous rattraperont toujours ! ^^
Et puis, la comparaison fête de la frat’/fête de l’Huma est inappropriée, non seulement car elle injurie les militants qui ont organisé bénévolement le rassemblement du 18 septembre, mais en outre car l’échelle est totalement différente, aussi bien en termes de budget que de participants.
Enfin, pour quelqu’un qui se dit journaliste, la moindre des choses serait de ne pas se tromper sur les noms : "Manuel" Valls et non "Emmanuel", par exemple…
A bon entendeur. Cordialement.
Ce qui est curieux tout de même, c’est que personne ne mentionne le parallèle énorme entre cette fête, que tout le monde surnomme "la Frat", avec le gros pèlerinage catholique appelé "Le Frat". En lisant l’intertitre "Sainte Ségolène", j’ai bien cru que ce rapprochement (voire cette appropriation) sémantique serait relevée tellement elle est évidente.
Dommage.
D’autant plus dommage, que d’un point de vue plus général, si on rapproche cette "catholicisation" de vocable de Royal, du concept de "care" prôné par Aubry, on voit bien que l’avenir du PS semble se dessiner dans du catho social qui fout un peu la trouille.