Une note de synthèse résumant la pertinence d’une piste japonaise pour les avoirs secrets de Jacques Chirac a été retrouvée par le juge de Tahiti, qui enquête sur la disparition d’un journaliste…
L’année 2009 s’annonce comme un bien mauvais millésime pour Jacques Chirac. Notre président retraité est de plus en plus menacé par les investigations déclenchées depuis Tahiti sur l’existence de ses éventuels avoirs occultes au Japon. Après un an de travail, le juge Redonnet du tribunal de Papeete s’approche en effet dangereusement du fameux compte japonais que l’ancien chef de l’Etat a toujours nié avoir détenu.
Le magistrat est chargé de résoudre la mystérieuse affaire JPK, du nom d’un journaliste d’investigation local ayant mystérieusement disparu en décembre 1997 alors qu’il enquêtait sur les affaires financières de Gaston Flosse, le roitelet de la Polynésie Française et de son protecteur de toujours Jacques Chirac. De fil en aiguille, le juge a été amené à s’intéresser au compte japonais et à son approvisionnement via les îles du Pacifique.
Mais jusqu’ici, « la piste tahitienne » reposait essentiellement sur l’existence d’une note de synthèse résumant les investigations de JPK avant sa disparition et évoquant la pertinence d’une piste japonaise pour les avoirs secrets de Jacques Chirac. Or, les enquêteurs n’arrivaient pas à mettre la main dessus.
Me Des Arcis, l’avocat de JPK avait certes affirmé, sur procès-verbal, avoir rédigé lui-même en 1998-1999, ce document faisant état de transfert de fonds suspects à destination de Jacques Chirac. Mais n’en avait pas conservé de copie, permettant ainsi au camp Chirac-Flosse de gloser sur cette « pièce fantôme » et « le vide sidéral du dossier ». Une ligne de défense qu’il vont maintenant devoir remiser au placard.
En effet, au cours d’une récente perquisition menée mi-décembre par les flics de la division nationale des infractions financières (DNIF) au domicile de l’ex-compagne de Me Des Arcis, le précieux document vient d’être retrouvé ! Cette note de sept pages, dont Bakchich a pu prendre connaissance, est en tous points conforme à ce que l’avocat avait évoqué.
Le document retrace d’abord longuement les éléments de l’important patrimoine de Gaston Flosse tels qu’ils avaient été recensés au cours d’une enquête fiscale déclenchée par le gouvernement Jospin au début des années 2000. L’enquête avait été classée sans suite, après la réélection de son protecteur Chirac à l’Elysée. Mais le journaliste JPK en avait conservé les principaux éléments.
La fin du document, sans en-tête, ni signature, est, elle, consacrée à l’ancien chef de l’Etat. « Chirac a indiscutablement des intérêts très importants en Polynésie », annonce la note qui liste les cadeaux présumés dont l’ancien chef de l’Etat aurait bénéficiés de la part de Gaston Flosse et d’un de ces proches, un important homme d’affaires tahitien. « Cela explique peut-être pourquoi Chirac et Gaston ont été ensemble au Japon en juillet ou août dernier », conclut mystérieusement la fameuse note blanche.
Les enquêteurs, qui ne semblent avoir aucun doute sur l’authenticité de cette pièce majeure de l’enquête, s’apprêtent maintenant à pousser leurs investigations sur ces transferts financiers occultes. La piste les mènera-t-elle jusqu’au pays du Soleil Levant ?
Seule certitude, le dossier du compte japonais n’en finit pas de s’alourdir. La DGSE, les services secrets français viennent d’ailleurs de déclassifier plusieurs nouveaux documents ayant trait aux recherches effectuées par leurs agents sur les traces des avoirs chiraquiens à Tokyo. Ces documents, jusqu’ici confidentiel-défense, permettront peut-être au juge Redonnet de répondre à la question qui l’occupe : le journaliste JPK a-t-il été supprimé par les sbires de Gaston Flosse parce qu’il s’approchait trop près des économies nippones de son ami Jacques Chirac ?
Troublant : un nouveau témoignage en ce sens écrit par un ex-agent du GIP, l’ancienne garde prétorienne de Papa Flosse, vient d’être retrouvé au domicile du cher Gaston lors d’une perquisition. Certes, l’ancien président du Territoire hurle à la machination : on lui aurait envoyé ce document pour le discréditer. Mais il peine à expliquer pourquoi, après avoir reçu ce témoignage détaillant comment et par qui JPK a été noyé en pleine mer, il l’a gardé par devers lui et non transmis à la justice…
C’est sans doute la première question qui lui sera posé lors de sa prochaine audition d’ores et déjà programmée en ce début d’année.
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