Tout à leurs combats contre les abus des garde-à-vue, le bâtonnier de Paris et son prédecesseur n’ont pas oublié de gonfler leurs émoluments versés par le Conseil de l’ordre.
Vent debout contre les affligeantes conditions de garde-à-vue dans les geôles françaises, les avocats de France et de Navarre pavoisent. Avec en hérauts de cette croisade, le puissant barreau de Paris et son ancien bâtonnier, Me Christian Charrière-Bournazel. Pas franchement mécontent d’avoir trouvé ce cheval de bataille que toute la profession en robe ne peut qu’enfourcher tant les exemples de privations de liberté sordides sont légions. Depuis longtemps.
L’arrêt de la convention européenne des droits de l’homme sur lequel se fonde la fronde, en demandant la présence d’un avocat dès la première heure de garde-à-vue, a été rendu en septembre dernier. Et surtout émane d’une affaire turque de 2001… Pas un seul des 44 000 "baveux" français n’avait pensé à porter l’affaire devant la CEDH.
Mais Charrière s’est réveillé. Et pas trop à la bourre pour les élections à la présidence du Conseil National des Barreaux, qui interviendra en 2011. Jamais trop tôt pour mener campagne et rassembler un profession aussi hétéroclite, du commis d’office à 45 euros de l’heure aux avocats d’affaires à 1000 euros la demi-heure d’honoraire. Et le bâtonnier devait rentrer dans ses frais. En toute fin d’année, avant qu’il ne cède la place à Me Jean Castelain, le barreau de Paris lui a mis un petit pécule de côté. Une indemnité versée à son cabinet de 90 000 euros Hors taxe, en tant que batônnier sortant. Soit la moitié du revenu perçu par le nouveau titulaire du poste. Le salaire moyen d’un avocat parisien, plaide le conseil…
De quoi mener bien des croisades désintéressés.
"Dans un article mis en ligne sur Bakchich le 3 mars 2010, figure un texte de M. Xavier Monnier affirmant que, avant de quitter mes fonctions de bâtonnier, j’aurais obtenu le versement d’une indemnité de 90.000 € HT.
Cette prétendue information a été reprise dans un article mis en ligne sur Bakchich le 31 mars, sous la même signature.
Cette information est fausse.
Le Conseil de l’Ordre a, en effet, voté le principe d’une indemnité pour le bâtonnier sortant de ce montant. Mais le Conseil de l’Ordre a également pris acte de ce que j’avais expressément refusé que cette somme me bénéficie.
La résolution du Conseil de l’Ordre est, en effet, ainsi rédigée : "2ème résolution : indemnité au cabinet du bâtonnier sortant : "Le Conseil de l’Ordre décide de verser au bâtonnier sortant une indemnité égale à la moitié de celle du bâtonnier en exercice sachant que cette mesure ne prendra effet qu’en 2012, à la demande expresse de M. le bâtonnier Christian Charrière-Bournazel qui a refusé qu’elle s’applique à lui-même."
Vous comprendre que je ne puisse accepter que vous diffusiez, de façon répétée, une information qui met en cause mon intégrité alors qu’elle est totalement contraire à la réalité".
A lire ou relire sur Bakchich.info
Sur le coup je trouve bakchich de mauvaise foi !
Combien d’avocats percevant environ 350 euros par affaires en AJ défendront le justiciable peu fortuné à presque égalité avec un riche ?
Les émollients des avocats doivent augmenter, beaucoup d’entre eux, n’arrivent pas gagner le smic
J’ai dû manquer un épisode car en lisant la 2ème résolution, j’avais compris que justement Charrière-Bournazel refusait que cette mesure lui soit appliquée.
Les petits arrangements du conseil de l’Ordre me donnent régulièrement la nausée mais là, pour une fois, il semble qu’un bâtonnier refuse de se gaver …
Pour finir, la somme versée au cabinet du Bâtonnier est sensée compenser la perte de revenus due au fait que l’avocat en question travaille moins pour le cabinet. La somme prête à discussion (combien d’avocats pauvres, si si ça existe, pourraient vivre avec 180.000 euros ?) mais je me pose une question : l’augmentation du chiffre réalisé les années suivantes grace à la notoriété acquise fait-elle l’objet d’un reversement vers les caisses de l’Ordre. J’en doute.