Plutôt que de passer des vacances bling-bling, Silvio Berlusconi a décidé de superviser la reconstruction de L’Aquila, prenant bien soin d’attribuer le chantier à des "amis", chatouillés par la justice.
Finies les nymphettes tarifées, finies les joyeuses fêtes animées par des escort-girls qui débarquaient par dizaines dans sa villa en Sardaigne.
Après avoir réussi « son G8 », le Cavaliere veut montrer au monde entier qu’il n’est pas seulement un bon client pour des prostituées de luxe, mais qu’il sait aussi être un homme sobre. Sobre et attentif à son prochain.
C’est ainsi que Silvio Berlusconi a décidé de passer ses vacances estivales à L’Aquila. Ici, dans la capitale provinciale des Abruzzes, le Cavaliere va consacrer son mois d’août à superviser, personnellement, la reconstruction de la région sinistrée après le violent tremblement de terre du 6 avril dernier. Quel louable engagement…
Pourtant, si l’on se penche un peu sur les entreprises qui ont été choisies pour le vaste chantier de la reconstruction des Abruzzes, on remarque la présence de la société Di Marco. Elle a été même une des premières entreprises à avoir remporté le premier appel d’offre pour la reconstruction. Il faut bien admettre que son gérant, Monsieur Dante Di Marco est très connu dans la région, il est en affaires avec Ermanno Piccone (dont le fils Filippo est sénateur et coordinateur régional du Peuple de la Liberté, le parti du Cavaliere), tout comme avec Sabatino Arcau, député du même parti et mis en examen sous le soupçon d’avoir empoché quelques commissions liées au secteur de la santé. Mais ce n’est pas tout.
Dante Di Marco est aussi l’heureux fondateur de la société Marsica Plastica, une entreprise « qui est très bien connue par les enquêteurs de L’Aquila, mais aussi par ceux de Palerme », souligne notre confrère Attilio Bolzoni, journaliste au quotidien La Repubblica. « Parmi les associés de Dante Di Marco on retrouve aussi Achille Ricci, arrêté trois semaines avant le tremblement de terre car accusé d’avoir blanchi, dans une vaste opération immobilière à Tagliocozzo (toujours dans les Abruzzes), l’argent de Vito Ciancimino, l’ancien maire mafieux de Palerme, ou encore Giuseppe Italiano, lui aussi de Palerme, lui aussi très proche de la famille Ciancimino et dont le frère Luigi était en étroite relation avec le parrain mafieux Antonino Giuffré. Ermelinda Di Stefano, la femme de l’expert-comptable Gianni Lapis, retenu le cerveau des investissements du ‘trésor’ des Ciancimino est aussi présente dans la société fondée par Dante di Marco », précise encore Attilio Bolzoni. Une société, Marsica Plastica, qui était sur les starting-blocks pour s’accaparer des gros marchés dans le traitement des déchets, comme dans la production d’énergie.
Les Abruzzes attirent décidément l’intérêt de bien d’hommes d’affaires qui n’hésitent pas à se déplacer de Sicile pour offrir leurs services à la région aujourd’hui sinistrée.
Il faut bien admettre que, au milieu de tout ce beau monde lié au clan de Vito Ciancimino l’ancien maire de Palerme, défini par le « repenti » Tommaso Buscetta comme un membre « organique » de la mafia, le Cavaliere Berlusconi ne devrait pas se sentir complètement dépaysé pendant le mois d’août à l’Aquila.
Eh, oui, car entre les affaires du clan Ciancimino et ceux du Cavaliere Berlusconi il existe un point de contact, et non des moindres. Il s’agit d’une banque, la Arner Bank, une banque privée bien rayonnante : Siège à Lugano (Suisse), filiales à Nassau (Bahamas), à Dubaï (Émirats arabes unis), sans oublier la Banca Arner Italia… la banque qui a gagné la confiance du Cavaliere en personne ! Le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi a en effet recours aux services de la Arner Bank, et ceci depuis une bonne quinzaine d’années. C’est ainsi que la banque Arner s’est retrouvée au beau milieu de toutes les procédures judiciaires pour faux en bilan concernant Fininvest et Mediaset, les deux sociétés leaders du groupe de Berlusconi. Rien d’étonnant, car comme l’affiche fièrement l’institut financier : « La Banca Arner Italia offre à sa clientèle de haut niveau des services de conseil pour la gestion de son patrimoine global financier et d’autre nature, en tenant compte de la spécificité du marché et d’éventuelles contraintes opérationnelles ». Rien à redire, Nicola Bravetti, fondateur, directeur et actionnaire de la Arner Bank est un spécialiste. Seulement, voilà, il arrive parfois, que les « contraintes opérationnelles » tant vantées par cette discrète banque privée n’ont pas été, toujours, scrupuleusement respectées.
C’est ainsi que le 7 mai 2008, alors qu’il se rendait à un rendez-vous à Milan, Nicola Bravetti a été arrêté, par la Division d’enquêtes antimafia (Dia). L’enquête est coordonnée par le procureur adjoint de Palerme, Roberto Scarpinato et par les substituts Antonio Ingroia, Fernando Asaro et Domenico Gozzo. Ils essayent de reconstruire un puzzle, dont ils ont découvert les pièces presque par hasard. Au milieu de l’intrigue, trois noms émergent. Nicola Bravetti, le banquier. Puis Francesco Zummo, un important promoteur immobilier sicilien déjà condamné pour association mafieuse, lié à « l’homme d’honneur » Vito Ciancimino.
Enfin, avec le banquier et le promoteur immobilier, on retrouve aussi Paolo Sciumè, qui fut pendant treize ans l’administrateur de la tristement fameuse Parmalat, de Calisto Tanzi…
L’affaire commence en 2005. Les enquêteurs des douanes de Côme cherchent à coincer une équipe spécialisée dans l’exportation de capitaux, le trafic d’or et de bijoux. La piste les amène à la Arner Bank. Le téléphone de Nicola Bravetti est mis sous écoute. En septembre 2005, les enquêteurs sont intrigués. Une personne avec un fort accent sicilien appelle le patron de la Arner Bank : « Je suis le Moro - se présente l’interlocuteur du banquier - c’est d’accord, nous nous retrouvons jeudi chez Paolo ». La conversation est brève. Le langage codé. Les enquêteurs de la Garde des Finances sont intrigués. Ils sont curieux : qui est le « Moro » ? Et qui est Paolo ? Ils cherchent. Et, finalement, ils trouvent.
Le « Moro » s’appelle Francesco Zummo. C’est un promoteur immobilier qui tient le haut du pavé à Palerme. Il n’est pas un inconnu. Dans les fichiers des enquêteurs, il apparaît comme un des hommes de confiance de l’ancien maire de Palerme, le mafieux Vito Ciancimino. Francesco Zummo, tout comme son fils Ignazio, sont soupçonnés d’être très actifs dans le blanchiment du « trésor » de « Don » Ciancimino. Un trésor accumulé illégalement via une spéculation immobilière forcenée. Quant à Paolo, il s’agit de Paolo Sciumé, l’ ex administrateur de Parmalat est un poids lourd du barreau milanais.
L’affaire atterrit à la Division antimafia de Palerme, qui se charge de piloter l’enquête.
Pendant trois ans, les enquêteurs ont pu suivre, en temps réel et pas à pas, une opération de blanchiment d’argent qui sent très fort la mafia. Ils ont écouté toutes les conversations de Nicola Bravetti et ont pu se rendre compte comment il planifiait la création d’un fonds d’investissement aux Bahamas, le Pluto Investment Fund. Ils ont mis la main sur une montagne de documents qui expliquent l’architecture complexe mise en place pour faire disparaître toute trace de l’origine de l’argent. Beaucoup d’argent, treize millions d’euros. De l’argent d’origine criminelle. De l’argent que Francesco Zummo cherchait à blanchir. Et c’était dans les élégants bureaux de Maître Sciumé, qui attend d’être jugé pour le crack de Parmalat, que le promoteur immobilier sicilien rencontrait le banquier suisse Nicola Bravetti. Un professionnel hors pair tellement apprécié par le Cavaliere Berlusconi qu’il en a fait, en quelque sorte, le banquier de sa famille… Le compte de gestion numéro 1 de la banque est en effet celui du Cavaliere en personne.
Auprès du siège milanais de la Arner Bank on retrouve aussi Marina et Piersilvio Berlusconi, les enfants du président du Conseil italien, qui ont déposé et confié en gestion quelque trente-sept millions d’euros en provenance de leurs holdings personnels.
Le 11 juin dernier, sur ordre du parquet de Milan, les locaux de la Arner Bank de Milan ont été perquisitionnés. Les enquêteurs recherchaient des documents relatifs à plusieurs opérations de blanchiment . Les secrets de la banque préférée par Berlusconi, tout comme par le clan du mafieux Vito Ciancimino vont-ils enfin être percés ?
Depuis les Abruzzes, le Cavaliere suit l’affaire de très près… et il n’est pas le seul. Les associés de la société Marsica Plastica, dont le fondateur Dante di Marco a gagné le premier appel d’offres pour la reconstruction de la région, sont aussi très attentifs aux événements.
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Il faut savoir que la Tunisie est devenue un pôle de proximité pour le blanchiment d’ argent de la maffia italienne.
En effet, à travers des sociétés bidon et des projets sans aucune rentabilité, en particulier des hotels, il peuvent blanchir des sommes colossales arrivées par yacht en tunisie.
Ainsià Kélibia (Cap Bon) c’ est tout un village qui a été construit avec des fonds maffieux.
Bien entendu, c’ est la famille du président qui est aux premières loges de ce trafic, qui touche aussi à l’ importation de drogue d’ amérique latine via les chargements de bananes, aux faux billets età la prostitution.