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Immobilier

Fier d'être locataire (2)

18 décembre 2010 à 00h05
Vous allez à la banque, et dans un élan de confiance en l’avenir, vous promettez que sur les 30 prochaines années vous allez prêter plus de 200 000 € avec les intérêts au porteur de cravate.

Contracter un prêt, c’est faire une promesse à votre banque.

C’est lui promettre que vous pourrez rembourser le prix de l’appartement de vos rêves, en travaillant pendant 30 ans et en lui payant des mensualités pour rembourser le mal-nommé prêt, et les intérêts.

Autrement dit, c’est vous qui prêtez de l’argent que vous n’avez pas encore.

Et pour que les choses soient bien claires, et qu’on ne puisse à aucun moment se cacher derrière un fallacieux argument du type « oh, ben pour 3 euros, y’a pas de quoi en faire un fromage », nous allons monter ensemble et immédiatement ce prêt à la somme tout à fait flippante de 200 000 €.

Alors, voilà, vous allez à la banque, et dans un élan de super confiance en l’avenir, vous signez un contrat qui consiste à promettre de bonne foi que sur les 30 prochaines années vous allez prêter plus de 200 000 € avec les intérêts à votre banque, en échange de quoi cette dernière « s’arrangera » pour que vous puissiez disposer de la somme rapidement. Vous avez le droit de trembler en signant.

Si le porteur de cravate accepte, il y a deux façons de considérer les choses : ou bien, vous pensez qu’il vous « prête » 200 000 € par exemple, et dans ce cas vous pouvez l’inviter pour Noël parce que quelqu’un qui a 200 000 € sur son compte et qui accepte de vous les prêter, on appelle ça un futur gendre. Je vous le dis tout de suite, si vous pensez cela encore cela, c’est que vous avez une mentalité de victime du système bancaire, autrement dit, de futur pauvre : réveillez-vous !

Ou bien, vous savez ce qu’il en est vraiment : votre banquier va créer une somme scripturale sur votre compte, somme qui n’existe donc pas concrètement. Autrement dit, il n’est absolument pas question que quelqu’un descende dans les coffres pour aller chercher cet argent et vous le donner… pas plus que de pièces ou de billets seront créés… la banque ne va rien vous prêter du tout.

Votre banque va simplement inscrire sur votre compte une somme qu’elle vient de créer quasiment sous vos yeux, pour la verser ensuite sur le compte de l’ancien propriétaire (versement externe le plus souvent payant)…

Ce dernier ne va d’ailleurs pas voir la couleur de cet argent puisque techniquement, il ne lui appartient pas vraiment non plus : il s’agit d’une promesse de versement que lui matérialise sa banque par une augmentation de son solde créditeur – promesse qui n’aboutira que lorsque le client viendra retirer cette somme en espèces, considérée jusque-là comme prêtée.

Toutes ces précisions pour dire que le vrai « prêteur » dans l’histoire, c’est toujours le client. C’est bien pour cela que la banque vous verse des taux d’intérêts sur vos dépôts… ce n’est pas pour vous être agréable. Vous percevez des intérêts parce que les banques ont obligation de détenir un pourcentage minimum de dépôts pour pouvoir créer de l’argent à partir de rien. C’est ce qu’on appelle les réserves fractionnelles. En échange, elles vous reversent des miettes, c’est donnant-donnant.

Mais enfin passons, puisque la CONFIANCE règne et que votre banquier porte une cravate, tout le monde est persuadé que cet argent est bel est bien là, sous une forme ou sous une autre, et qu’il est mis à votre disposition par la banque, pour votre entière satisfaction.

La suite au prochain numéro…

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"Mais pourquoi tu n’achètes pas plutôt ?". Une simple question qui tranche la société en deux catégories : les propriétaires responsables et les locataires flambeurs. Voire.
Fier d’être locataire (3) Fier d’être locataire (1)

3 Messages de forum

  • Fier d’être locataire (2)

    18 décembre 2010 18:27, par Antoine

    "Vous percevez des intérêts PARCE QUE les banques ont obligation de détenir un pourcentage minimum de dépôts pour pouvoir créer de l’argent à partir de rien. C’est ce qu’on appelle les réserves fractionnelles. En échange, elles vous reversent des miettes, c’est donnant-donnant."

    L’obligation de réserve fractionnaire et la rémunération d’un dépot n’ont absolument rien à voir. Ce n’est pas parceque les banques ont obligation d’avoir des actifs "solides" en contre partie de ce qu’elle vous doit (l’argent sur votre compte par exemple) qu’elle vous verse des interets sur votre compte ! Cette pratique n’est qu’une forme de fidélisation des clients ou un arguments pour attirer l’argent. De plus le versement des interets peut se faire "Ex-Nihillo" et augmente la part d’actif "solide" à posséder pour la banque. Le versement d’interet est simplement un crédit "à l’envers" : c’est vous qui apportez immédiatement de l’argent à la banque qui vous "rembourse" avec des interets. A la différence que votre argent apportée à la banque vous est tout de même disponible, ce qui est plus proche d’un placement dans des fonds monétaires, compréhensible du moment que vous confiez votre argent dans le système bancaire.

    Quand au pret pour acheter votre maison, le banquier ne débourse pas un seul euro, nous sommes d’accord. En échange de votre promesse de remboursement (du capital et des interet) avec un échéancier déterminé, il s’engage à vous créditer immédiatement la capital. Le montant correspondant au capital est alors créé (ce sont les banques qui créent l’argent) à partir de rien (enfin à partir de votre promesse de remboursement). Les réserves fractionnaires servent alors de frein à ce système de création monétaire puisque la banque ne peut créer plus qu’un multiple défini de son propre capital. Mais je ne parlerai pas dans ce cas d’inversion du role crédit comme vous.

    • Fier d’être locataire (2) 20 décembre 2010 10:55, par Rule08
      Et à force de créer à partir de rien, paf ! Crise des Subprimes. On connait la suite, c’est nous qu’on rembourse.
    • Fier d’être locataire (2) 20 décembre 2010 21:00, par roland
      Tout cela se tient. Mais il y a une subtilité,un detail, si l’emprunteur ne rembourse pas , c’est le preteur qui a un probleme ……… et là ça change tout dans cette brillante demonstration.