Immobilier
Contracter un prêt, c’est faire une promesse à votre banque.
C’est lui promettre que vous pourrez rembourser le prix de l’appartement de vos rêves, en travaillant pendant 30 ans et en lui payant des mensualités pour rembourser le mal-nommé prêt, et les intérêts.
Autrement dit, c’est vous qui prêtez de l’argent que vous n’avez pas encore.
Et pour que les choses soient bien claires, et qu’on ne puisse à aucun moment se cacher derrière un fallacieux argument du type « oh, ben pour 3 euros, y’a pas de quoi en faire un fromage », nous allons monter ensemble et immédiatement ce prêt à la somme tout à fait flippante de 200 000 €.
Alors, voilà, vous allez à la banque, et dans un élan de super confiance en l’avenir, vous signez un contrat qui consiste à promettre de bonne foi que sur les 30 prochaines années vous allez prêter plus de 200 000 € avec les intérêts à votre banque, en échange de quoi cette dernière « s’arrangera » pour que vous puissiez disposer de la somme rapidement. Vous avez le droit de trembler en signant.
Si le porteur de cravate accepte, il y a deux façons de considérer les choses : ou bien, vous pensez qu’il vous « prête » 200 000 € par exemple, et dans ce cas vous pouvez l’inviter pour Noël parce que quelqu’un qui a 200 000 € sur son compte et qui accepte de vous les prêter, on appelle ça un futur gendre. Je vous le dis tout de suite, si vous pensez cela encore cela, c’est que vous avez une mentalité de victime du système bancaire, autrement dit, de futur pauvre : réveillez-vous !
Ou bien, vous savez ce qu’il en est vraiment : votre banquier va créer une somme scripturale sur votre compte, somme qui n’existe donc pas concrètement. Autrement dit, il n’est absolument pas question que quelqu’un descende dans les coffres pour aller chercher cet argent et vous le donner… pas plus que de pièces ou de billets seront créés… la banque ne va rien vous prêter du tout.
Votre banque va simplement inscrire sur votre compte une somme qu’elle vient de créer quasiment sous vos yeux, pour la verser ensuite sur le compte de l’ancien propriétaire (versement externe le plus souvent payant)…
Ce dernier ne va d’ailleurs pas voir la couleur de cet argent puisque techniquement, il ne lui appartient pas vraiment non plus : il s’agit d’une promesse de versement que lui matérialise sa banque par une augmentation de son solde créditeur – promesse qui n’aboutira que lorsque le client viendra retirer cette somme en espèces, considérée jusque-là comme prêtée.
Toutes ces précisions pour dire que le vrai « prêteur » dans l’histoire, c’est toujours le client. C’est bien pour cela que la banque vous verse des taux d’intérêts sur vos dépôts… ce n’est pas pour vous être agréable. Vous percevez des intérêts parce que les banques ont obligation de détenir un pourcentage minimum de dépôts pour pouvoir créer de l’argent à partir de rien. C’est ce qu’on appelle les réserves fractionnelles. En échange, elles vous reversent des miettes, c’est donnant-donnant.
Mais enfin passons, puisque la CONFIANCE règne et que votre banquier porte une cravate, tout le monde est persuadé que cet argent est bel est bien là, sous une forme ou sous une autre, et qu’il est mis à votre disposition par la banque, pour votre entière satisfaction.
La suite au prochain numéro…