Pressenti en Haïti le 17 février, comme révélé par Bakchich, Sarkozy devrait se méfier des antécédents de la présence française sur l’île sinistrée. Un consul honoraire assassiné et Renaud Muselier mitraillé en 2004.
Chercher au loin des devoirs qu’il dédaigne remplir ici. Grignoter quelques points dans les sondages et les urnes pour sauver les derniers meubles de l’UMP lors des élections régionales de mars prochain. Le message du voyage de Sarkozy prévu en Haïti, une première d’un président français sur l’île, le 17 février prochain, sent la naphtaline électorale. Et une vieille odeur de souffre à en croire le passé de certains dignitaires français venus fanfaronner sous les tropiques. A l’ombre des palmiers.
Consul-Honoraire. Une planque pour fonctionnaire en mal de repos, croirait-on. En Haïti, la fonction cache, entre les clapotis d’eau claire, des sables mouvants qui ne donneraient pas envie de bronzer par 35 degrés. Il n’y a pour cela qu’à se réferer au triste destin de Henri Paul Mourral, abattu en 2005, alors qu’il longeait le bidonville de Cité Soleil, vaste faubourg misérable du nord de Port-au-Prince. Il avait pris la route au volant d’une berlingue flambant neuve. Vers l’un des deux principaux hôtels de Cap-Haïtien qu’il détenait. Avant d’être pris pour cible par des gangsters qui voulait dérober la ferraille rutilante. Le présumé coupable, Amaral Duclona, ancien chef du gang, avait jusqu’ ici été gardé dans les geôles dominicaines ou il s’était réfugié puis fait capturé. Le 3 décembre dernier, La chambre pénale de la Cour suprême dominicaine avait ordonné l’extradition du larron vers la France. Sur le sol français depuis le 8 janvier, Duclona devrait être prochainement jugé.
Habitués au flingage des édiles marseillais, Renaud Muselier, député des bouches-du-Rhône et secrétaire fédéral de l’UMP local, a, en Août 2004, entendu d’autres balles siffler sur le sol Haïtien. A l’époque Sécretaire d’Etat aux affaires étrangères, Muselier avait entrepri un voyage sur l’île dans le cadre de la participation de la France à la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la stabilisation d’Haïti). Le 30 du mois, il quitte le palais présidentiel pour se rendre en visite à l’hôpital Sainte-Catherine, situé dans le bidonville de la cité Soleil.
Le rapport du lieutenant de la Police Nationale au directeur central des CRS de Paris, en charge de la sécurité du secrétaire d’Etat avec des militaires français, dresse le récit heure par heure du calvaire qu’ont vécues les autorités françaises sur place (voir les photos ci dessous). A l’aller, « le cortège de voitures a dû éviter un cadavre de pendu qui gisait sur la chaussée » signale le rapport. Avant que vers 11h, il ait « entendu plusieurs détonations » et que « des barricades avaient été érigées » vers « la seule route de sortie […] coupée ». L’homme poursuit, « il s’agissait d’armes de guerre automatiques car des rafales ont été tirées. » Ainsi que de « jeunes gens armés de pistolets et de fusils d’assaut ». S’ensuit deux heures de tirs avec le soutien d’une brigade brésilienne et d’hélicoptères Bell. Un autre rapport d’intervention indique que « La délégation ministérielle et les personnels civils de l’hôpital avaient été placés à l’abri ». Au final « un gendarme français a été légèrement blessé ainsi qu’un policier de la PNH » sans en revanche pouvoir préciser les dégâts côté assaillants. Rassurant, le rapport estime que « les chimères avaient l’intention d’incendier l’hôpital après notre départ. »
On ne devrait pas voir Sarkozy jouer le 17 février les Mère Theresa à l’hôpital Sainte-Catherine. Muselier pourra toujours brûler un cierge à la santé du Président. Et au basculement de la Région Bouches-du-Rhône du PS à l’UMP.
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