Noir sur blanc, les juges milanais ont écrit que Silvio Berlusconi a corrompu un avocat pour faire un faux-témoignage. Un scandale de plus dans la musette du Cavaliere.
Corruption : l’avocat anglais David Mills a été condamné par le tribunal de Milan à 4 ans et 6 mois de prison. Dans les motivations de la sentence, rendue publique mardi 19 mai, les juges écrivent, noir sur blanc, que Maître Mills a été corrompu par Silvio Berlusconi. 600 000 dollars, voilà le prix de son silence, ou plus précisément de son faux témoignage dans deux procès dont le principal accusé n’était autre que l’actuel président du Conseil italien.
David Mills a « omis de déclarer que la société offshore du Fininvest B Group était dirigée directement et personnellement par Silvio Berlusconi[…] il a omis de déclarer les circonstances de la conversation téléphonique qu’il a eu avec Silvio Berlusconi dans la nuit du jeudi 23 novembre 1995, et dont l’argument était la société All Iberian et le financement illégal de 10 milliards de lires… », écrivent les juges milanais. « Cette sentence est toute simplement scandaleuse » - a réagi avec véhémence le Cavaliere - « elle sort à la veille des élections européennes d’une façon précise et programmée. J’ai l’intention d’intervenir au parlement dès que j’en aurais le temps et je dirai ce que je pense de la magistrature ».
Il faut bien admettre que le Cavaliere a pourtant échappé au procès, grâce à une loi qu’il a fait voter lui-même, en octobre 2008, et qui lui a accordé l’immunité pénale durant le temps de son mandat.
Le 20 juin 2008, le Cavaliere avait déclaré avec aplomb : « Je ne connaissais pas Mills, je le jure sur mes 5 enfants. Si c’était vrai, je me retirerais de la vie politique, je quitterais l’Italie » (Ilsole24ore.com ; Ansa, 20 juin 2008).
Comment ne pas être sensible face à de tels arguments ? En juin 2001, le Cavaliere, fraîchement élu a la présidence du Conseil, avait crû opportun, pour bien illustrer sa philosophie, de raconter une petite histoire : « Un jour, une vieille dame du Nord entend frapper à sa porte. - "Qui est-ce ?" - Demande-t-elle. - "Les voleurs !" - La vieille dame est soulagée - "Heureusement ! Je croyais que c’était la Brigade financière !" » L’humour du chef du gouvernement italien est tout un programme…
Le 23 Janvier 2001 la société internationale d’expertise comptable KPMG (Klynvel, Peat, Marwick, Goerdeler - 155 bureaux dans le monde entier et 100.000 employés) a déposé un rapport au tribunal de Milan sur les activités financières entre 1989 et 1996 de la société Fininvest SPA , le fleuron de l’empire Berlusconi.
En lisant le rapport comptable concernant Fininvest SPA, on est bien surpris par la complexité et l’opacité qui entoure l’ingénieuse imbrication de sociétés appartenant au Cavaliere Berlusconi. On apprend en effet l’existence à côté de certaines sociétés officielles, désignées dans le « compartiment A » du groupe Fininvest, d’autres sociétés, bien plus confidentielles, qui apparaissent sous la définition « compartiment B ». Elles sont si « discrètes » que leur siège social avait été judicieusement établi dans les paradis fiscaux des Iles Vierges britanniques, des Bahamas, de Jersey… KPMG est catégorique « les sociétés réservées n’ont pas d’organisation propre ni d’employés » et d’ailleurs « la gestion administrative appartient à d’autres qu’à ceux qui figurent dans les registres officiels ». Enfin « la gestion est au soin d’administrateurs et de personnels du groupe Fininvest ».
Mais pourquoi ces deux niveaux ? Nous demandons-nous ignorants de ces sophistications financières. C’est encore dans le rapport de KPMG que nous trouvons la réponse : « Pour modifier la représentation de la situation économique, financière et patrimoniale dans le bilan consolidé Fininvest ». Dans quel but ? KPMG nous renseigne en produisant une lettre écrite par Gianni Cattaneo, consultant suisse avec procuration pour agir sur les comptes bancaires d’une des sociétés « réservées » (All Iberian), à Giorgio Vanoni, responsable des sociétés étrangères du groupe Fininvest, qui a eu la possession des actions au porteur de la majorité des sociétés du mystérieux compartiment réservé. Le texte indique que l’argent qui affluait dans le « compartiment B » était destiné « à des transactions d’importance stratégique et économique ». Quelles transactions ? Quel est le sens de cette constellation de sociétés « offshore » disséminées de par le monde et de leurs flux croisés d’argent ? Pourquoi cette obsession pour le secret, la discrétion, de la part du groupe Fininvest qui investit « officiellement » dans les médias, la distribution, l’édition ?
En élaguant la terminologie technico-financière aussi bien que la prudence de langage du certificateur KPMG, l’enchevêtrement juridico-opérationnel du groupe Fininvest/Berlusconi peut nous donner la clef de lecture suivante :
La possibilité de recevoir et effectuer des financements par une tierce société interposée ;
La possibilité, avec l’aide des sociétés « réservées », de contourner les dispositions boursières en vigueur pour une prise de participation dans les sociétés qui intéressent le groupe « officiel » ;
La possibilité d’exercer le contrôle, par des sociétés interposées, sur des chaînes TV, passant outre les lois restrictives prévues dans certains pays comme l’Espagne.
La KPMG remarque un changement de stratégie à partir de 1994, l’année où Berlusconi accède, pour la première fois, à la charge de président du Conseil. Les flux financiers vers les sociétés du « compartiment B » se tarissent, et de nouveaux comptes sont ouverts à la Finter Bank & Trust de Nassau, aux Bahamas. Les Bahamas sont considérées comme le dernier vrai paradis fiscal, où le secret bancaire est absolu. Ici, selon la KPMG, ont été abrités les capitaux destinés aux opérations sur les droits de télévision.
A lire ou relire sur Bakchich.info
Je me demande si le Italiens sont encore plus cons que les français .
Est-ce la télé qui leurs "bourre me mou " ( français et italiens) ? Est-ce que leurs éducation nationale et la nôtre , font de ces deux peuples des abrutis ?
Ou plus simplement , ils sont tellement blasé que plus rien ne les choquent ni les étonnent….
Je croyais que sarko voulait ressembler à Poutine , mais non en fait , c’est le fils " spirituel " du voleur italien !!!
Malheureusement cela ne changera rien. Pas de démission encore moins d’arrestation. Dorénavant que ça soit en Italie ou en France pour entrevoir une éventuelle "punition", il faudrait que la personnalité tue de leurs propres mains et devant les télévisions internationales un opposant politique.
Les rares qui se font avoir par la justice, sont des petites frappes, peu malines dont les soutiens et protections ont sauté depuis belles lurettes. N’est ce pas Monsieur Pierre Bédier (UMP) condamné pour corruption passive ?