Le rapport que Yazid Sabeg doit remettre à Nicolas Sarkozy sur l’égalité des chances - et dont Bakchich s’est procuré quelques extraits - empiète sensiblement sur le terrain d’action de Fadela Amara.
Mardi dernier, Nicolas Sarkozy a reçu Yazid Sabeg, selon l’entourage du commissaire à la Diversité et à l’Égalité des chances ; une information démentie par l’Élysée. Le rendez-vous, non inscrit à l’agenda officiel, faisait suite à l’annulation de la remise du rapport du Commissaire, pour cause d’agenda présidentiel trop chargé.
Depuis sa nomination, fin décembre, Yazid Sabeg buchait sur les mesures à mettre en place pour lutter contre les discriminations, parmi lesquelles la mise en place très controversée d’un outil d’évaluation de la diversité. Comme pour couper court aux rumeurs d’une mise à l’index par l’Élysée, après la polémique autour de cet outil d’évaluation, l’entourage de Sabeg précise : « Nicolas Sarkozy et Claude Guéant ont validé les grandes lignes du rapport ». En clair, aucun problème sous le soleil. Tout dépend pour qui…
Car le rapport préparé par le commissaire et qui, en principe, devrait être publiquement remis au Président dans les jours ou les semaines qui viennent, et dont Bakchich s’est procuré quelques extraits, empiète étrangement sur le domaine d’activités de Fadela Amara. La secrétaire d’État, en charge de la politique de la ville, a sous sa responsabilité un millefeuille institutionnel qui ne facilite pas son action : les ZUS (zones urbaines sensibles), les ZFU (Zones franches urbaines), les ZEP (Zones d’éducation prioritaire), les zones de développement Anru (Agence nationale de rénovation urbaine) et les Cucs (Contrats urbains de cohésion sociale). Rien que ça !
Dans le rapport de Yazid Sabeg, l’un des objectifs vise justement à « simplifier la gouvernance de la politique de la ville ». Tiens, tiens… Selon ce même document, il est aussi stipulé que « pour améliorer l’efficacité des actions mises en œuvre dans le cadre de la politique de la ville, il faut clarifier les rôles et les responsabilités ». Fadela Amara appréciera sûrement que Sabeg s’en occupe ! Et sera certainement d’accord avec l’analyse de son collègue : « Alors que les moyens consacrés à la politique de la ville sont considérables, le morcellement oblige à consacrer beaucoup de temps à la seule coordination, puis à la mobilisation ».
« Dans un premier lieu », peut-on lire dans ce même rapport, « il faut renforcer l’unicité de l’action de l’État, en désignant un chef de file - le préfet - qui dispose de l’ensemble des moyens humains et financiers affectés à la politique de la ville. En contre-partie, il devra rendre compte et être garant des résultats obtenus ». Il n’est pas spécifié à qui le chef de file devra présenter ses conclusions : la secrétaire d’État en charge de la politique de la ville ou le commissaire à l’Égalité des chances et à la Diversité ?
Ainsi, dans ce rapport, est-il proposé « qu’il n’y ait qu’un seul budget opérationnel » et « qu’au niveau régional, le préfet dispose d’un Budget opérationnel de programme (BOP) interministériel unique avec au niveau départemental, des unités opérationnelles (UO) regroupant l’ensemble des moyens financiers et humains ». Et « qu’il n’y ait plus qu’une seule collectivité compétente » : « les villes, les communautés urbaines ou d’agglomération sont les mieux placées. »
Et comme pour justifier d’empiéter sur le domaine de Fadela Amara, Sabeg rappelle, dans ce document, le concept de « cohésion sociale »… De quoi justifier que le commissaire à l’Égalité se saisisse de la question : « L’unification des moyens permettrait d’affirmer une détermination, de clarifier la politique de l’État, de renforcer le pilotage, de rendre visibles et lisibles les moyens affectés à cette politique publique dont les enjeux sont majeurs pour la cohésion sociale et de faciliter l’évaluation des résultats obtenus ». Et de finir sur cet argument majeur en ces temps de crise : « Cette unité budgétaire répondrait aux critiques de la Cour des comptes sur le morcellement de l’action de l’État en la matière et sur l’insuffisance de l’évaluation de ses résultats ».
L’avantage pour Sabeg, qui a le titre de commissaire plutôt que celui de ministre : ne pas être tenu à la solidarité gouvernementale… Autre avantage, en « refusant » d’être ministre, Sabeg a pu conserver ses positions à la tête de CS (Communication et Systèmes) dont il est présidait la réunion du Conseil d’Administration, le 6 mars dernier.
Un pied dehors, un pied dedans, Sabeg est bien l’homme qui monte dans la sarkosphère, une sorte de missi dominici du Président. Il accompagnera ainsi Nicolas Sarkozy lors du prochain voyage présidentiel aux Antilles mais on le trouvera également dans quelques jours dans les pattes de Bernard Kouchner - dont l’étoile a bien pâli - lors d’un déplacement en Turquie. Sabeg demeure encore un émissaire précieux entre Paris et Alger.
Mais en phase d’évaluation à l’Élysée, il lui reste encore à faire ses preuves.
À lire ou relire sur Bakchich.info :
Selon ce papier publié le 31 mars, Sabeg est "de plus en plus en présent".
Selon un article de Marianne en date du 11 avril, "Sarkozy ne souhaite plus le rencontrer."
Selon un article de 20 Minutes publié ce jour, 16 avril, "Yazid Sabeg n’a « jamais parlé de statistiques ethniques »" (la on s’étouffe).
D’après un article du JDD également publié aujourd’hui, "Sabeg calme le jeu".
Et selon un article de France24 publié aussi aujourd’hui, "Sabeg défend les statistiques ethniques bec et ongles".
Y’a pas comme un léger de problème de cohérence entre toutes ces affirmations, à tout le moins ?
(Repost avec correction d’URL)
les enfants de l’immigration n’auraient pas le droit d’être stupides et arrivistes ? je trouve ce point de vue un peu vicié.
une phrase humoristique sur un sujet qui n’a pratiquement rien à voir : "la femme sera l’égale de l’homme quand la conne sera l’égal du con" (les malpolis - un con de progrès).
quand on aura un ministre des libertés publiques et de la vidéosurveillance d’origine maghrébine, on pourra peut-être passer aux questions politiques ?