La place de la benjamine du gouvernement serait menacée. La tumultueuse Rama n’a pas été aidée par ses ministres de tutelle successifs… et ses propres gaffes.
Portrait publié dans Bakchich Hebdo n°29 (19 au 25 juin 2010)
Au chapitre des excès de zèle, la secrétaire d’État aux Sports, Mame Ramatoulaye Yade, dite Rama Yade, n’a pas été la dernière du gouvernement à sonner, sur France 2, la charge contre Edwy Plenel, le patron de Mediapart. C’est aussi que notre amie est une adepte de la solidarité gouvernementale. Une semaine plus tôt, en sus d’une interview à Paris-Match, elle assurait ainsi la couverture de VSD, estimable confrère pour qui, on ne sait trop comment, Rama a marqué récemment « un point » contre sa ministre, on allait écrire son « instit », de tutelle, Bachelot.
Ah bon ? ! Des esprits simples avaient plutôt jugé qu’en se réservant, en Afrique du Sud, une chambre d’hôtel plus onéreuse que celle des Bleus, ces amateurs de « clinquant », la sous-ministre s’était mise en situation périlleuse. À preuve, avant même de concourir, l’équipe de France l’avait aussitôt boudée. Un exploit, quand même, dans ses fonctions.
Gaffer d’abord, réfléchir ensuite. En trois ans, aux Droits de l’homme puis aux Sports, Rama s’est peu départie de cette contraignante ligne de conduite. En septembre 2007, par exemple, aiguillonnée par un conseiller en com’ survolté, elle débarque, avec caméras, à Aubervilliers (93), où des squatteurs africains se font jeter à la rue. L’occase de dénoncer l’odieuse mairie PC fait long feu : il s’agit de l’application d’une décision de justice… Sûr, ses successifs ministres de tutelle ne lui ont pas facilité la tâche. Kouchner lui a à jamais pourri le boulot en jugeant qu’un secrétariat d’État à l’Humanitaire – son premier poste ministériel à lui, en 1988 ! – « était une erreur ». Très vite lui est aussi revenue aux oreilles une vipérine remarque de Roselyne : « Heureusement qu’elle n’est pas lesbienne et handicapée, elle serait Premier ministre. »
Adorée des Français, fille d’un proche de Léopold Sédar Senghor, ex-haut fonctionnaire du Sénat, Rama, il faut le comprendre, vit en vérité dans un monde qui lui complique inutilement la vie, une vie qui pourrait être aussi simple qu’un plateau de télé (quand on en est la vedette) : des collègues qui vous bassinent avec leur expérience ; des tyranneaux qui se fâchent pour un rien ; des footeux nullards qui se montent la tête ; un Président qui se prend à donner des ordres de parachutage électoral – un homme bien injustement attaqué pourtant, ce cher Nicolas – ; des ineptes qui parlent d’actes à mettre en accord avec ses propos, etc. Pour un peu, ces incapables lui parleraient de faire ses classes, à Rama. Au moment même où un ci-devant champion olympique aujourd’hui député, Douillet David, se déclare tout prêt à les faire, ses classes. Au poste qu’on devine. Foi de Rama, la planète n’a qu’une vraie Yade, mais elle compte vraiment trop d’amateurs.