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Le "bon Français" expliqué par… Pétain

Souvenir, souvenir / mardi 5 octobre 2010 par Laurent Macabies
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Pour justifier son expression "bon Français", Éric Besson a fait "quelques recherches" historiques… Mais il a omis la principale.

Pauvre Éric Besson. Depuis qu’il a indiqué la semaine dernière au Parisien qu’il serait « heureux » que son ministère devienne « une machine à fabriquer de bons Français », l’ancien socialiste s’attire la foudre de malfaisants ayant lu là des propos récurrents chez l’extrême-droite.

Besson fait référence à la guerre

C’est quoi un "bon Français" ? « C’est quelqu’un qui respecte les valeurs de la République », a défini notre bon ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale chez Jean-Jacques Bourdin (RMC) vendredi dernier. « Certains ont suggéré que les termes "bon Français" auraient une connotation péjorative », s’est-il plaint. « Il se trouve que j’ai fait quelques recherches et je me suis aperçu que celui qui a le plus utilisé ce terme au lendemain de la Seconde guerre mondiale, c’est le Général de Gaulle », certifie Besson qui « persiste et signe ». Qu’on se rassure, donc : un "bon Français", à l’époque de la guerre, était un résistant ; les recherches du ministre le prouvent. Qu’importe si un nouveau point Godwin (« plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Hitler s’approche de 1 ») est encore inscrit par un membre du gouvernement, la référence historique ne peut souffrir de la moindre contestation.

Les « quelques recherches » d’Éric Besson n’ont pas dû le porter vers les archives télévisées. Lorsqu’on écrit les termes exacts "bons français" sur le site de l’INA, pas de Général à l’horizon. Non, les deux occurrences trouvées sont un débat de 1989 avec Le Pen : "Immigration : un danger pour la France ?" et surtout un document tiré de la télévision de Vichy. L’expression reprise gaiement par Besson, qui s’étonne qu’elle puisse être perçue comme « choquante », est définie dans l’appel du… maréchal Pétain, le 17 juin 1940.

retrouver ce média sur www.ina.fr

Mémoire courte

Ici, « le bon Français », c’est le bon collabo. « L’épreuve est dure », pleurnichait le chef de l’État français de l’époque, « beaucoup de bons Français, et parmi eux les paysans et les ouvriers, l’accepte avec noblesse. Ils m’aident aujourd’hui à supporter ma lourde tâche. » Pétain cherche à convaincre les hommes qui doutent du régime de Vichy pour en faire de "bons Français" (ceux « qui respectent scrupuleusement l’équilibre des droits et des devoirs et les valeurs de la République », pour reprendre la douce définition de Besson) : « Ressaisissez vous, chassez vos alarmes, venez avec moi avec confiance. Tous unis, nous sortirons de la nuit où nous a plongés l’affreuse aventure. »

En attendant, de "mauvais Français" continuent la résistance et la machine à fabriquer de "bons Français" connaît des ratés. : « La France se relève, mais bon nombre de Français se refusent à le reconnaître. Croient-ils vraiment que leur sort est plus tragique qu’il y a un an ? » « Français, vous avez vraiment la mémoire courte… », conclut le sbire d’Hitler. La mémoire joue parfois d’affreux tours. Et Besson aurait sans doute évité sa dernière ânerie s’il avait effectué auparavant ses « quelques recherches ».

Clic, clic : "La bonne France" des Pétainistes

L’expression "bon Français" chère à Éric Besson a aussi fait l’objet en juin dernier d’un documentaire diffusé sur France-3 Rhône-Alpes (à visionner gratuitement ici). Intitulé "Xavier Vallat, un bon Français ?", le film revient sur ce zélé Pétainiste qui a dirigé le sordide Commissariat général aux questions juives (CGQJ) entre 1941 et 1942 et était chargé de recenser les Juifs avant la guerre. « Vallat (…) se contentait de deux grands-parents non juifs ou moins pour qualifier un citoyen de "bon Français" », expliquait Le Monde Diplomatique en 1997. À travers cette période noire de l’histoire de France, la réalisatrice Sylvie Colozzino revient sur les significations de cette expression très connotée qui évoluent un peu au fil de la guerre : « Aux côtés du nom de Xavier Vallat, j’ai accolé la notion de "bon français". Sous Pétain et pendant ces années de guerre, "le bon français" est une notion à géométrie variable. 1940-1941 : le "bon français" est tout à la fois, patriote, catholique, père de famille et français de souche. Travail, famille, patrie remplacent liberté, égalité, fraternité. L’antisémitisme est présent dans cette France anesthésiée par la propagande Vichyste et qui va laisser faire les lois raciales », explique-t-elle en préambule de son documentaire.

Si notre bon ministre de l’Immigration avait approfondi ses recherches sur le web, il aurait aussi pu lire sur le site du "Mémorial de la Shoah" « Darquier de Pellepoix, "champion des antisémites Français" (1936-1939) » de l’historien Laurent Joly. Darquier de Pellepoix a remplacé Vallat en 1942 au poste de commissaire général aux Questions juives. « Qu’est ce qu’être un bon Français à la fin des années trente ? », se demande Joly. Ceux qui ne sont ni Juifs, ni étrangers, pour Pellepoix qui se plaît à faire la distinction. Antisémite notoire et négationniste, l’ex-commissaire général s’est fait applaudir lors de ses voeux pour l’année 1939 : « Messieurs, avant d’expliquer mon vote, puisque l’année nouvelle va commencer, il me plaît de souhaiter à tous les bons Français qui sont sur ces bancs une très bonne année ».

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